« Vous avez un nouveau message. » Par une molle après-midi de septembre, je reçois une notification sur mon portable. Je consulte mon répondeur : « Bonjour Madame Brouze, brigade de recherches de Châteaulin. J’ai quelques questions à vous poser, si vous pouvez me rappeler… » Familière des films policiers, je connais parfaitement cette scène. Je sais qu’en général, cela sonne comme le début des ennuis. Mon homonyme (lâchement, je pense tout de suite à elle) mène-t-elle une double vie ? Vais-je devoir justifier que je n’ai rien à voir avec le trafic de batraciens ou le montage financier douteux dont on l’accuse ? La réalité est bien plus décevante. Au téléphone, l’homme, poli, me demande d’emblée si je suis bien journaliste, ce que je ne peux pas nier. Il enquête sur l’un des plus grands incendies qui a marqué la Bretagne cet été. « Vous avez fait un reportage dans les monts d’Arrée, fin juillet ? » C’est bien cela. Il m’informe qu’une note qui pourrait m’appartenir a été retrouvée pendant l’enquête. Fébrilement, je passe mentalement en revue les feuilles volantes de mon calepin. Est-il possible qu’il soit tombé sur quelque chose de confidentiel ou compromettant (au moins pour mon amour-propre) ? Je sais qu’il faut se méfier des feuilles volantes perdues dans l’exercice de ses fonctions. Je me souviens qu’une ministre de Sarkozy avait laissé tomber sur un trottoir un brouillon de discours, qui s’était retrouvé sous la semelle d’un collègue de Rue89. Il en avait fait profiter les lecteurs. Le gendarme m’envoie par texto la photo d’un morceau de papier quadrillé, sous plastique, comme le sont les couteaux ensanglantés ramassés sur les scènes de crime. C’est une liste assommante d’ennui, en six points, que j’arrive péniblement à déchiffrer : « territoire à risques », « quels enseignements », « dommages chapelle », « enquête », « sécheresse »… « Pouvez-vous me confirmer que cela vous appartient ? » J’avoue qu’il s’agit bien de mon écriture, non sans me sentir obligée de justifier ce charabia. « C’est un début de plan d’article… » Mais la question est : comment diable a-t-il bien pu remonter jusqu’à moi, à partir d’une simple liste ? Là-dessus, je n’en saurais pas plus. « J’ai réussi à remonter jusqu’à vous après avoir effectué quelques recherches avec les informations que j’avais en ma possession :) » J’espère maintenant pouvoir ressortir un jour cette réplique. |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire