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vendredi 1 juillet 2022
La santé avec Santé non censurée - Chlordécone : l’Etat jugé coupable 30 ans plus tard !
La santé
Chère lectrice, cher lecteur,
Connaissez-vous le chlordécone, cet insecticide utilisé pour toutes sortes de cultures, depuis les années cinquante1 ?
Cette semaine, ce produit ultra-toxique a fait la une des médias français2 :
Et pour cause !
Interdit en France dès 1990, le chlordécone a pu continuer à s’écouler et être utilisé dans les champs de bananes des Antilles pendant trois années supplémentaires grâce à des dérogations ministérielles et avec l’aval de l’Etat français3.
« Les services de l’Etat ont commis des négligences fautives, en permettant la vente d’une même spécialité antiparasitaire contenant 5 % de chlordécone », sous divers noms, « en autorisant la poursuite des ventes au-delà des délais légalement prévus en cas de retrait de l’homologation4 » a conclu le tribunal administratif de Paris, chargé du dossier.
Un scandale, c’est le cas de le dire, d’autant plus que ce produit avait déjà été reconnu toxique pour les souris et les poules seulement cinq ans après sa mise sur le marché5.
Mais à cette époque, les entreprises américaines qui le produisaient avaient fermé les yeux…
… c’était il y a 60 ans !
Tandis qu’en France, il aura fallu 30 ans à la justice pour reconnaître les fautes de l’Etat.
A croire que les choses vont toujours très vite lorsqu’il s’agit de se faire de l’argent, mais tirent en longueur lorsqu’il s’agit de trouver et punir les coupables.
90 % de la population de Martinique et de Guadeloupe contaminée
Aujourd’hui, le chlordécone, c’est 90% de la population des Antilles contaminée et des années de pollution à venir pour les deux îles.
Avec un impact très important sur la santé des populations locales puisque la Guadeloupe et la Martinique présentent désormais l’un des taux d’incidence du cancer de la prostate parmi les plus élevés au monde6 !
Le plus souvent ingéré par voie orale, via l’alimentation, le chlordécone n’est pas éliminé par l’organisme, bien au contraire.
Il est réabsorbé dans sa majorité au niveau des intestins et s’accumule ensuite dans les tissus, en particulier le foie.
De là, le chlordécone affecte alors certaines capacités neurologiques, générant des tremblements, des problèmes de coordination, de l’élocution, des troubles de la mémoire, de l’humeur7.
Mais il peut aussi générer une hypertrophie du foie et affecter la sphère reproductive, en diminuant la quantité et la qualité des spermatozoïdes chez les hommes, ou, chez les femmes enceintes, en traversant la barrière placentaire et affecter le développement pré- et postnatal des enfants8.
De plus, non biodégradable, le chlordécone est un perturbateur endocrinien avéré et un cancérigène en puissance9, qui a une demi-vie pouvant allant jusqu’à 650 ans10.
Je vous laisse imaginer les dégâts pour les plantations bananières, traitées depuis les années soixante-dix avec ce produit, et combien de temps il faudra à la terre antillaise pour s'en purger !
« Une sorte de Tchernobyl chimique de par la persistance de la molécule dans l’environnement11 ! » selon Luc Multigner, épidémiologiste à l’Inserm, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale.
Des cas d’intoxication connus depuis près de 50 ans !
Pourtant, en 1975 déjà, une contamination avait été rapportée dans une usine américaine fabriquant ce produit12.
Cela avait eu une telle ampleur que le syndrome des employés a été baptisé selon le nom de la marque commercialisant le chlordécone : le syndrome Kepone.
Alors interdite en Amérique, son utilisation est également stoppée dans les Antilles pendant quelques années… avant de repartir de plus belle dans les années 80 !
Et ce, malgré des enquêtes sur la pollution des sols menés par l’INRA, l'Institut national de la recherche agronomique, en 1977 et 198013.
Je ne sais pas si vous vous rendez compte.
En Guadeloupe, dans les années 90, 88% des hommes étaient contaminés et une dizaine d’années plus tard, on mesurait ce même pourcentage chez des femmes venant d’accoucher14.
Les taux de chlordécone dans leur sang étaient 100 à 1000 fois supérieurs à ceux observés en Amérique, en 197515 !
Comment le gouvernement a-t-il pu fermer les yeux sur ça ?
Aujourd’hui, la justice a peut-être fait éclater la vérité et reconnaître les erreurs de l’Etat, mais le chemin sera encore long pour les 1240 plaignants, qui ont porté plainte pour préjudice, et n’ont pas encore eu gain de cause16.
Lorsque l’on sait qu’il y a 16 ans, une plainte pour empoisonnement avait déjà été déposée et que cette année, deux juges du tribunal judiciaire de Paris ont annoncé vouloir classer le dossier sans suite17…
Et que la Cour de justice de la République a récemment jugé irrecevables les plaintes déposées contre d’anciens ministres pour l’utilisation de la chlordécone dans les îles18…
… je me demande à quel point notre système est impartial.
Prenez soin de vous,
Thibaut Masco de Santé Non Censurée
P.S. : Reconnaître la culpabilité de l’Etat avec des décennies de retard tout en prenant soin de protéger les décideurs ne revient-il pas à dire aux responsables politiques “prenez n’importe quelle mesure qui vous arrange aujourd’hui vous ne serez jamais inquiétés plus tard” ? Cliquez ICI pour me donner votre avis.
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