Covid, crise climatique, crise économique, crises politiques, guerre en Ukraine… l’information est particulièrement riche en cette année 2022. Mais les trains arrivant à l’heure ne faisant pas le bonheur des médias, ceux-ci renchérissent dans la sinistrose. Au point de créer lassitude et dégoût. Cette année tout particulièrement, les médias ne semblent pas profiter du véritable bombardement d’informations auquel ils soumettent l’opinion publique. On aurait atteint un point de saturation, selon le Digital News Report 2022, vaste étude menée à l’Université d’Oxford par le Reuters Institute for the Study of Journalism, dans 46 pays auprès de 93 000 personnes (en lien ci-dessous). Depuis le précédent rapport, l'intérêt pour les informations d’actualité a diminué dans près de la moitié des pays. Alors que la crise sanitaire du Covid-19 avait initialement dopé le nombre de lecteurs ou d’auditeurs/téléspectateurs des bulletins d’information, le soufflé est retombé.
Certaines causes de désamour envers les médias sont plus prégnantes dans certains pays. Les Français sont parmi les plus défiants envers leurs médias nationaux (la presse régionale s’en sort mieux), qu’ils soient contrôlés par l’État s’agissant du service public, ou réputés indépendants mais possédés par des groupes financiers tout en recevant des subventions de l’État. L’impartialité des journalistes est fortement contestée. Beaucoup sortent du même moule idéologique (de gauche ou d’extrême-gauche) qui caractérise les écoles de journalisme françaises. À la question : « Quelle est la proportion de ceux [les sondés] qui font confiance à la plupart des nouvelles, la plupart du temps ? », le Digital News Report répond que les confiants ne sont que 29% en France, ce qui relègue notre pays au 41e rang des 46 pays étudiés (les moins confiants étant les Américains/USA : seulement 26% des sondés). En Europe, la France, avec ses 29% de confiants, se situe loin derrière les Pays-Bas (56%), la Belgique (51%), l’Allemagne (50%), et très loin des premiers de la classe : la Finlande (69%) et le Portugal (61%).
Mais la cause la plus générale de ce recul dans les 46 pays étudiés, c’est la saturation d’informations répétitives et anxiogènes martelées en permanence via les smartphones. Avec eux, l’info, aujourd’hui, c’est partout et tout le temps ! Les réseaux sociaux (Facebook, Twitter et, chez les plus jeunes, Instagram, Telegram et l'application chinoise TikTok) concurrencent les médias traditionnels dont les journalistes sont supposés vérifier les informations qu’ils divulguent. C’est cette saturation brouillonne que souligne notamment Jérôme Chapuis, directeur de la direction du quotidien La Croix, journal qui publie chaque début d’année depuis 37 ans un « baromètre de confiance dans les médias ». Invité le 21 juillet par France Inter (podcast à partir de 7’) à commenter l’étude de l’Institut Reuters, Jérôme Chapuis constate un phénomène croissant d’« évitement » et même d' « écœurement » devant une information démoralisante. 43% des personnes interrogées n’en peuvent plus de la politique ou du Covid dont les informations plus ou moins digérées polluent les repas de famille…
Un point positif toutefois : face à cette « infobésité » à laquelle contribuent les chaînes d’information continue, les médias traditionnels ont une carte à jouer en revenant « aux sources du journalisme », souligne le directeur de la rédaction de La Croix : celle du tri, de la hiérarchisation, de la sélection …Tiens, c’est justement ce que propose La Sélection du Jour, avec son régime strict d’une seule information par jour !
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