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| Bonjour , c'est Laurène Gris de Brut.
Pour ma dernière enquête, je me suis fait passer pour une femme qui souhaitait avorter et j’ai appelé IVG.net, un site censé délivrer des informations neutres sur l’IVG. |
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| | « Ce qui est important, c’est l’après. Les cauchemars, la nuit »
« Sur le coup, vous allez être soulagée. Vous allez être dans les bras de votre chéri, il va vous faire des câlins. Mais ça, on s’en fiche. Ce qui est important, c’est l’après. Comment vous allez vivre ça, le soir, à la nuit tombée, les cauchemars, la nuit. Le matin, lorsque vous verrez un bébé dans une poussette. » Ça, c’est qu’on m’a dit quand j’ai appelé un numéro vert d’information sur l’IVG. J’ai trouvé ce numéro en quelques clics sur Internet. C’était même l’un des premiers résultats. Voilà la suite de notre échange.
« Même si votre première réaction a été très claire, “je veux avorter”, ça n’a pas de rapport. C’est en voyant l’échographie que vous allez savoir la différence entre votre raison, votre cœur et vos émotions. - L’échographie, enfin… On ne peut pas la faire et ne pas forcément la voir ? - Ben je pense que c’est une bêtise. Bon, moi je m’occupe beaucoup des femmes en post-IVG. Vous faites ce que vous voulez, hein, vous êtes complètement libre, moi je vous donne mon avis. »
« Un bébé, ça ne coûte pas cher »
Quand j’ai essayé de contacter le numéro vert avec mon portable, ça n’a pas répondu. Mais deux minutes plus tard, un numéro qui commençait par un 06 m’a rappelée : c’était le numéro personnel de la répondante. Elle m’a affirmé qu’elle était joignable à n’importe quel moment.
L’entretien a duré 16 minutes. La répondante a beaucoup parlé. Après m’avoir posé plusieurs questions sur mon âge, mon profil, elle m’a incité à en parler à « mon chéri ». Elle m’a dit que s’il était contre, je devais lui demander s’il m’aimait vraiment.
Quand je lui ai dit que je ne pensais pas être en mesure d’assumer financièrement la charge d’un enfant, elle m’a assuré « qu’un bébé, ça ne coûte pas cher ». |
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| | | Dissuader une femme de recourir à une IVG est un délit | |
| | Ce numéro vert existe depuis 2008. Aujourd’hui, on le retrouve sur le site IVG.net, mais aussi sur une page Facebook qui compte plus de 100 000 abonnés. Sur cette page, on peut lire de très nombreux témoignages de femmes qui affirment regretter d’avoir avorté ou qui partagent leur joie de ne pas l’avoir fait. En 2017, IVG.net et d’autres sites similaires étaient déjà dans le viseur du gouvernement. Bien sûr, en France, on peut exprimer ses opinions sur Internet. Mais les sites comme IVG.net promettent la neutralité. Et ce n’est pas toujours le cas.
Pour lutter contre l’influence de ces sites, une loi sur le délit d’entrave à l’IVG a été adoptée en 2017. Depuis, diffuser en ligne des informations biaisées sur l’avortement ou dissuader une femme de recourir à une IVG est un délit.
« Ils sont à la frontière de ce qui est légal »
Après cet échange téléphonique, j’ai rencontré Laurence Rossignol, ancienne ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes. À l’époque, c’est elle qui avait porté la loi sur le délit d’entrave à l’IVG. Je lui ai fait écouter mon enregistrement. Elle m’a demandé si on m’avait dit vers qui me tourner pour avorter. Je lui ai répondu qu’on m’avait conseillé d’aller voir un médecin traitant, de faire une prise de sang et une échographie. Et surtout de bien réfléchir. Des propos « "border" d’un point de vue légal », selon Laurence Rossignol.
Car les répondants exercent des pressions psychologiques sur les femmes qui les appellent. « C’est-à-dire qu’ils insistent beaucoup sur : "L’IVG donne des troubles psychologiques, vous allez souffrir beaucoup, après vous y penserez tout le temps, vous ferez des cauchemars." Donc ils sont à la frontière de ce qui est légal. » « Si vous faites une IVG, vous serez stérile à jamais »
Pour cette ancienne ministre des Droits des femmes, cette frontière « consiste à dire qu’il est interdit de faire des allégations mensongères dans le but de dissuader une femme de recourir à l’IVG ». Toujours selon Laurence Rossignol, la loi de 2017 a eu un important effet dissuasif. « Les répondants font beaucoup plus attention qu’auparavant. Ils ont cessé, par exemple, de raconter des bêtises médicales comme on en entendait auparavant, sur les conséquences de l’IVG. Leur principal argument était de dire : "Mais si vous faites une IVG, vous serez stérile à jamais, vous ne serez jamais mère." »
« Notre motivation n’est pas religieuse »
IVG.net n’a pas souhaité me donner d’interview mais a accepté de répondre à mes questions par e-mail. Voici ce que Marie Philippe, la fondatrice du site, nous a répondu. « Nous sensibilisons les femmes de façon complète sur l’IVG et les sensibilisons sur les conséquences possibles de l’IVG. Notre motivation n’est pas religieuse ; elle consiste à agir pour le respect de la femme dans son être intégral car trop souvent l’IVG est un droit des femmes… utilisé pour les hommes ! Nous sommes pour un ‘nouveau féminisme’ qui prend en compte la personne toute [sic] entière de la femme et ses désirs profonds. »
En 2015, le gouvernement a créé son propre numéro vert. Et c’est au Planning familial qu’il a été confié. Le Planning est une association historique qui se bat depuis plus de 60 ans pour les droits des femmes, notamment pour le droit à l’avortement. |
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| | Tanay est l'un des premiers à avoir pu tester l'Hyperloop, le train supersonique du futur. Il raconte. | |
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