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Tirs de LBD et lacrymogène contre des lycéens de Massy : que s'est-il passé ?
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A LA LOUPE - De nombreuses vidéos postées sur les réseaux sociaux montrent une intervention musclée aux abords du lycée Parc-de-Vilgénis, à Massy (Essonne). On y voit des forces de l'ordre procéder à des tirs de LBD. Six lycéens ont été mis en examen à la suite de ces événements. LCI revient sur le déroulé des faits.
- Claire Cambier
Des images postées sur les réseaux sociaux, principalement Snapchat et Twitter, ont ému de nombreux internautes. On y découvre des policiers, casqués, armés de lanceurs de balles de défense, face à des lycéens de l'Essonne. "Gaz lacrymogènes et LBD utilisés sur des lycéens ce matin au lycée Vilgenis à Massy bloqué depuis hier (91)", indiquait ce mardi le compte Anonyme Citoyen, dans un tweet partagé plus de 3000 fois. "Le LBD c'est censé être une arme de défense, pas une arme pour tirer sur des lycéens qui fuient une charge."
La scène a été filmée sous différents angles. Nous avons pu identifier le lieu : nous sommes au croisement de la rue du docteur Schaffner et de la rue de Versailles, à proximité du lycée du Parc-de-Vilgénis de Massy.
La situation est particulièrement tendue dans cet établissement du sud francilien depuis le début de la semaine. Des lycéens ont procédé à des blocages partiels ces lundi et mardi. Ce 26 novembre, "le blocus était partiel, des élèves rentraient mais la majorité était dehors pour manifester", nous explique Léa (le prénom a été changé, ndlr), l'une des administratrices du compte Twitter "Lycées d'Essonne contre Macron", dont l'objectif est "de rendre visibles les luttes lycéennes dans le 91".
Les manifestants sont issus du lycée Parc-du-Vilgénis mais également du lycée voisin Fustel de Coulanges. "Il y a eu un confinement : le lycée a envoyé un mail, les gens à l'intérieur ne pouvaient pas sortir", poursuit la jeune fille.
Une information que le rectorat n'a pu nous confirmer. "Lundi, une dizaine de jeunes ont essayé d'organiser un blocage mais la majorité des élèves a finalement pu assister à leurs cours", nous indique-t-on. Le rectorat n'évoque pas de blocage mardi et nous assure que la situation est revenue au calme ce mercredi 27 novembre.
Romain, un élève de seconde, confirme ce "confinement" imposé et indique avoir "fait le mur" mardi avec d'autres lycéens. Le feu avait été mis à certaines poubelles, nous indique-t-il, précisant qu'environ 300 personnes étaient alors devant l'établissement. Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes qui ont conduit selon Léa, à des "mouvements de panique, des va-et-vient". Romain a filmé la scène et a posté la vidéo sur son compte @ROMXINN (cf. tweet ci-dessus).
Le gaz était irrespirable, il y a eu des vomis, des crises de panique...
Le jeune homme nous explique être tombé au sol et s'être blessé au genou. Il a alors regagné son domicile. Le collectif "Lycées d'Essonne contre Macron" évoque une dispersion vers midi. Il n'y a "pas eu de blessés mais le gaz était irrespirable, il y a eu des vomis, des crises de panique, du mal à respirer, etc."
Contactée par LCI, la préfecture de l'Essonne justifie l'intervention par les "actes violents" constatés. Le service d’information et de communication de la police nationale a, de son côté, expliqué à Checknews être intervenu lundi "sur réquisition de l’établissement pour des feux de poubelles".
Parmi "la centaine de manifestants", "certains individus en profitaient pour dégrader du mobilier urbain et pour lancer des projectiles à l'encontre des forces de l'ordre", insiste-t-elle, évoquant "pavés, bouteilles en verre, pierres". "Afin de se protéger et de disperser les groupes hostiles, les policiers durent faire usage d'un tir de LBD et de 3 tirs de grenade lacrymogène." Romain reconnait pour sa part qu'un élève avait "cassé un abri-bus".
"Un lycéen de 17 ans a été interpellé alors qu'il s'apprêtait à réaliser un tir de projectile sur les policiers", ajoute la préfecture, précisant que "9 mineurs et 2 majeurs" avaient été interpellés la veille dans les différents lycées de la région mobilisés. 6 d'entre eux ont été mis en examen pour violences et dégradations.
Des justifications qui peinent à convaincre les jeunes. Romain nous fait ainsi part de son "incompréhension". Pour lui, cet usage de la force était disproportionné. Le collectif nous indique lui aussi que les lycéens sont "choqués", malgré une certaine habitude. "A peu près à la même période l'année dernière, il y avait eu beaucoup de blocus dans le 91, notamment à Vilgénis et Fustel", rappelle l'un des porte-parole. "C'était répressions policières et administratives constamment, des dizaines d'interpellés à chaque blocus et des blessés, de la simple plaie à une cheville cassée."
A l'époque, les lycéens étaient mobilisés contre le dispositif Parcoursup. Aujourd'hui, leurs revendications portent sur le manque de communication autour du nouveau baccalauréat. "Ça va bientôt être la période des bacs blancs mais on ne connaît pas, pour les premières, les consignes exactes des épreuves, ni le contenu."
Des lycéens indiquent qu'ils n'auront pas de corrections à ces fameux bacs blancs, mais uniquement une note. "On ne saura pas où on a bon et où on a faux", s'emporte une lycéenne dont le témoignage a été posté sur les réseaux sociaux. La suppression des filières crée également beaucoup d'appréhension pour la suite des études.
Retour au calme ou embrasement ?
Le rectorat compte sur l'organisation dans les prochains jours d'un Conseil de la vie lycéenne. "Cette instance est importante pour instaurer un dialogue" entre les lycéens, les parents d'élèves et le corps professoral, souligne-t-il. Certains élèves, eux, n'y croient plus : "On en veut beaucoup au lycée qui ne nous soutient pas, mais au contraire appelle les forces de l'ordre et nous laisse nous faire matraquer, gazer et placer en garde à vue."
La justice, elle, a en tout cas décidé de frapper fort. Six lycéens, originaires de deux lycées de l'Essonne ont été mis en examen pour violences et dégradations, a indiqué ce mercredi le parquet d'Evry à l'AFP. Deux garçons de 16 ans et une fille de 15 ans - inconnus de la justice - font partie du lycée Parc-de-Vilgénis de Massy. Ils ont été arrêtés lundi, après avoir tenté de renverser une poubelle à laquelle ils avaient mis le feu, et sont poursuivis pour "destruction par moyen dangereux et participation à un groupement en vue de commettre des violences". Ils ont également été soumis à une mesure de réparation, sorte de travail d'intérêt général, dans l'attente de leur procès, a précisé le parquet.
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