Chère lectrice, cher lecteur,
Chère lectrice, cher lecteur,
Le gouvernement français est inquiet. La peur d’un grand blocage social plane sur le pays, avant la grève du 5 décembre. Le premier ministre Edouard Philippe réunira ses ministres dimanche pour un énième séminaire sur la réforme des retraites. Mais c’est une autre colère que j’ai voulu comprendre et raconter: celle des paysans.
Dans ce grand pays agricole qu’est la France, les travailleurs de la terre sont désemparés. Je me suis rendu dans la Marne, au pied du moulin de Valmy, théâtre de la plus fameuse bataille de la révolution, en septembre 1792. Là, les producteurs de céréales et de betteraves ne supportent plus d’être accusés de polluer, et ne voient plus d’avenir pour leur corporation. A preuve: un exploitant s’est encore suicidé voici quelques jours près de Reims, à Fère-en-Tardenois.
Même angoisse à Saint-Amand-Montrond, dans le Berry, non loin des milliers d’hectares achetés en 2014 par un milliardaire chinois. Les ravages de l’agro-industrie, la remise en cause de la politique agricole commune, mais aussi les incursions violentes des antispécistes dans les exploitations et les abattoirs, déboussolent une paysannerie dont le poids économique est devenu marginal. L’incompréhension entre urbains et ruraux, l’endettement excessif d’exploitants grisés hier par l’agrochimie et le gigantisme et aujourd’hui déstabilisés par la vague «bio» amplifient le malaise. Dans cette France où le hashtag #sauvetonpaysanest devenu un cri de ralliement, j’ai entendu gronder le moteur des tracteurs de la colère.
– Richard Werly, correspondant permanent à Paris
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