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19.mars.2019
L’open space est-il l’arnaque du XXeme siècle ? Par Laure Closier
Selon une étude réalisée par deux professeurs d’Harvard, l’open space serait totalement contreproductif amenant jusqu’à une baisse des interactions de l’ordre de 70% entre des collaborateurs travaillant pourtant face à face.
L’open space pourrait être une gigantesque erreur. Cette affirmation, ce n’est pas celle de Michel qui après avoir entendu 17 fois le récit du dîner de Noël de Florence envisage de monter lui-même des parois de verres pour ne plus l’entendre.
Non, c’est celle d’une étude réalisée par des professeurs d’Harvard, reprise par le site du World economic forum. Ces derniers ont analysé l’évolution des interactions entre les salariés de grandes entreprises américaines en plein passage à l’open space.
Voici leurs méthodes :
Premièrement, ils ont équipés certains salariés de capteurs. C’est tout simplement une sorte de gros boitier posé sur leur torse qui enregistre notamment le nombre de discussions et leur intensité. Ils ont ensuite mesuré le nombre de messages et d’emails. Tout cela bien sûr avant et après le passage des entreprises à l’open space.
Le résultat est assez surprenant. On remarque une baisse des interactions entre les individus de l’ordre de 70%, alors que ces derniers sont en face à face. Les communications par voies numériques explosent. Les envois de mails augmentent de 56%, le nombre de fois où les individus sont seulement en copie bondit de plus de 40%. Quant à l’utilisation de la messagerie instantanée elle augmente de 40%.
Conclusion des auteurs de l’étude : c’est tout simplement raté. L’open space censé augmenter les interactions humaines et donc la productivité produit en réalité l’effet inverse. Plus les collaborateurs sont physiquement proches, plus ils passent leur temps à s’envoyer des mails. Si on prend on compte le fait que le bruit ambiant fait en plus baisser la productivité, l’échec est cuisant.
Pas grave répondront certains : l’open space c’est vieux, c’est fini, c’est bon pour les films d’entreprise des années 2000.
Aujourd’hui, le modèle c’est l’entreprise libérée, les salariés travaillent de partout et surtout de chez eux. Selon les chiffres avancés par le World economic Forum, le nombre de salariés faisant du home office aux Etats unis est en forte augmentation pour atteindre aujourd’hui plus de 5%.
Malgré cela, aujourd’hui petits et gros groupes continuent de passer à l’open space comme un rite d’accession à la modernité. Groupama vient par exemple de le faire à la Defense. Plus de 3000 collaborateurs d’un coup qui vont donc, si on en croit l’étude, pouvoir s’envoyer des mails alors qu’ils sont en face.
Conclusion : l’open space est-il l’arnaque du siècle ? Peut-être. En tout cas avant de casser toutes les cloisons de l’entreprise, peut-être faut-il penser à la tonne de mails inutiles sous laquelle les collaborateurs vont crouler. Ça pourrait refroidir quelques directions immobilières et services généraux de chambouler tous les bureaux.
Source : BFM Business, Laure Closier, 03-01-2019
Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]
Nono // 19.03.2019 à 06h44
L’open space est nuisible à la productivité ? D’accord, pourquoi pas. Mais n’y aurait-il pas d’autres raisons ? La sacralisation de la hiérarchie, l’obligation de s’afficher en permanence avec un esprit “corporate”, le reporting chronophage et à l’utilité souvent discutable, la perte de sens du travail quotidien….Et surtout l’anxiété de ne pas atteindre les objectifs, l’angoisse de perdre son poste. Bref, la Peur avec un grand P. Et du coup tout le monde est sur le double mode “pas de bruit, pas d’emmerdes” et mail parapluie y compris pour les commandes de PQ.
Bref, on n’additionne plus les potentiels, on les lisse, et donc, on les neutralise.
Bref, on n’additionne plus les potentiels, on les lisse, et donc, on les neutralise.