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De l'or pur, des pierres précieuses et un visage reconnaissable entre mille. Le masque funéraire de Toutankhamon est aussi emblématique de l'Egypte antique que les grandes pyramides. Il n'est pourtant qu'un petit roi oublié, écrasé par d'autres figures pharaoniques, lorsque l’archéologue Howard Carter ouvre son tombeau en 1922. Cléopâtre est déjà une star de cinéma, mais seule une poignée d'érudits connaît l'existence de Toutankhamon.
Rangez Les Cigares du pharaon dans la bibliothèque et oubliez un moment Indiana Jones. Avant l'ouverture, à la Grande Halle de la Villette, à Paris, d'une vaste exposition d'objets du trésor de Toutankhamon, samedi 23 mars, franceinfo vous transporte dans les années 1920, aux confins du désert égyptien, à la découverte du tombeau de l'enfant roi.
(VINCENT WINTER / FRANCEINFO)
LA SAISON DE LA DERNIÈRE CHANCE
Dans un désert de calcaire encaissé, sur la rive ouest du Nil, se cache la Vallée des Rois. C'est là, à 600 kilomètres au sud des ostentatoires pyramides de Gizeh, que les derniers pharaons ont tenté de cacher leurs sépultures, pour s'assurer un peu de quiétude dans leur vie après la mort. Cela n'a pas suffi : presque toutes leurs tombes ont été visitées et vidées par des pilleurs, dès l'Antiquité.
Presque toutes. Un roi, oublié de l'histoire, pourrait bien y avoir échappé. Il s'appelle Toutankhamon et on sait peu de choses de sa vie et de son règne. "King Tut" (comme l'appellent les Anglo-Saxons) est le fils d'Akhenaton. Celui-ci a marqué son temps avec une réforme religieuse controversée. Sa tentative d'imposer le culte d'Aton, en interdisant les autres dieux et en fermant leurs temples, a plongé l'empire égyptien dans la crise.
Quand Toutankhamon accède au trône, vers l'âge de 9 ans, ses puissants conseillers s'efforcent de rétablir le polythéisme mis à mal par son père et d'apaiser la colère du clergé. Mais dans les registres officiels, les successeurs d'Akhenaton seront quand même effacés comme de mauvais souvenirs, punis pour leur lien avec le "pharaon hérétique". Toutankhamon sera oublié, son tombeau et son trésor, cachés dans la Vallée des Rois, aussi.
Des siècles après les pillards, les archéologues occidentaux ratissent à leur tour le secteur, en quête d'indices qui permettraient de comprendre cette civilisation encore mystérieuse, qui fascine l'Occident. Au début du XXe siècle, la Vallée est accessible aux touristes fortunés, qui se pressent pour visiter des tombeaux souterrains – les hypogées – éclairés à l'électricité. Celui de Ramsès VI, richement décoré, est une attraction.
Depuis plusieurs décennies, Français et Britanniques jouent des coudes pour l'occupation de l'Egypte, et l'archéologie n'est pas exempte de ces luttes de pouvoir. "Il y a d'un côté un protectorat britannique qui ne dit pas son nom, et de l'autre des Français, qui ont déchiffré les hiéroglyphes, fondé le service des antiquités égyptiennes et considèrent officieusement l'Egypte comme une possession", explique à franceinfo Eric Gady, historien et auteur d'une thèse sur l'archéologie de l'Egypte antique pendant la période coloniale.
Les Britanniques mènent des fouilles privées avec le soutien de musées en échange du partage des découvertes ; les Français affirment leur présence avec une démarche plus scientifique.Eric Gady, historien
Le traité d'entente cordiale signé en 1904 officialise cette répartition. L'égyptologie est si importante qu'elle est mentionnée dès le premier article : "La direction générale des antiquités en Egypte continuera d'être, comme par le passé, confiée à un savant français." Dix ans plus tard, les Britanniques instaurent "un vrai protectorat", mais "les Egyptiens ne supportent plus cette situation", explique encore Eric Gady. "La révolution égyptienne de 1919 mettra en place un gouvernement nationaliste, qui chassera progressivement les Britanniques", poursuit-il.
Peu intéressé par la géopolitique, un égyptologue entêté a la conviction que le désert n'a pas tout dit. Howard Carter est arrivé en Egypte à 17 ans, comme illustrateur. Et ce jeune Britannique a gagné progressivement ses galons et le respect de ce petit milieu, y compris chez les Français. Ce fouilleur méticuleux est prêt à retourner chaque pierre de la Vallée pour traquer les pharaons oubliés par ses collègues, en particulier l'obscur Toutankhamon.
Son potentiel n'échappe pas à l'influent Gaston Maspero, chef du service des antiquités égyptiennes. En 1899, à l'âge de 24 ans, Howard Carter devient inspecteur général des monuments de Haute-Egypte puis, en 1904, inspecteur des antiquités de Basse-Egypte, avec sous sa responsabilité les grandes pyramides.
Un an plus tard, en 1905, un groupe de touristes français éméchés tente de forcer l'entrée de la nécropole de Saqqarah et d'un camp d'archéologues. Prévenu, Howard Carter autorise les gardes égyptiens à se défendre. Si les touristes donnent une autre version des faits, le résultat est là : des chaises sont cassées, des gardes blessés. Les Français réclament des excuses, Carter refuse. La bagarre vire à l'incident diplomatique entre Paris et Londres. Quelques mois plus tard, l’archéologue est contraint de démissionner. Il reste en Egypte, où il survit en vendant des aquarelles aux touristes.
C'est à nouveau Gaston Maspero qui le tire d'affaire, en lui présentant, en 1908, George Herbert, dit Lord Carnarvon. Sur les conseils de son médecin, cet aristocrate anglais se remet lentement d'un grave accident de la route sous le soleil d'Egypte. Il trompe l'ennui en s'intéressant aux fouilles archéologiques. L'improbable duo a peu d'atomes crochus, mais se découvre une envie commune : trouver Toutankhamon. Lord Carnarvon a de l'argent, Howard Carter, du savoir et de la persévérance.
Mais la concession qui les intéresse, dans la Vallée des Rois, appartient à Theodore Davis. Cet avocat d'affaires new-yorkais et égyptologue chevronné, pour qui Carter a déjà travaillé, pense avoir tout exploré. Après plus de vingt ans dans la nécropole, il a découvert les tombeaux d'Hatchepsout, de Thoutmosis IV, d'Akhenaton…
Je crains que la Vallée ne soit maintenant épuisée.Theodore Davis (1912)
Ce n'est qu'en 1915 que Lord Carnarvon récupère la concession de Davis. Mais la Première Guerre mondiale met aussitôt un coup d'arrêt aux travaux archéologiques. Howard Carter ne débute réellement les fouilles qu'en 1917 et, pendant les cinq années qui suivent, ses trouvailles sont bien maigres. De quoi décourager son mécène, dont la santé se dégrade.
L'arrivée d'un nouveau directeur au service des antiquités égyptiennes, le Français Pierre Lacau, n'arrange rien. "Il a l'intention de mettre fin à un système de partage qui consistait à diviser en deux lots égaux le résultat des fouilles, puis à les partager entre le fouilleur et l'Etat égyptien", explique l'historien Eric Gady. Plus question pour les riches Anglo-Saxons d'emporter chez eux des souvenirs de fouilles, Pierre Lacau souhaite que les trésors dénichés restent en Egypte. Pour Lord Carnarvon, la recherche de Toutankhamon ne serait alors plus qu'un gouffre financier.
Frustré et découragé, l’aristocrate convoque Howard Carter dans son château anglais de Highclere, à l'été 1922. Il veut tout arrêter. Mais l'archéologue tente un coup de poker. Il prétend pouvoir poursuivre les fouilles sur ses propres fonds. En a-t-il vraiment les moyens ? Bluffe-t-il ? Ou bien a-t-il déjà pris contact avec un autre mécène ? L'histoire ne le dit pas, mais, à l'issue du rendez-vous, Lord Carnarvon accorde une dernière chance à l'égyptologue : une ultime saison de fouilles. Il ne le regrettera pas. Peu après la reprise des chantiers, le 5 novembre 1922, l'aristocrate reçoit un télégramme d'Howard Carter. "Avons enfin fait une merveilleuse découverte dans la Vallée : une magnifique tombe avec sceaux intacts. Tout recouvert en attendant votre arrivée. Félicitations."
"PARTOUT, LE SCINTILLEMENT DE L'OR"
La veille de ce télégramme, au matin du 4 novembre 1922, Howard Carter arrive sur un chantier d'un calme inhabituel. Les ouvriers égyptiens s'échinent depuis plusieurs jours à déblayer des gravats, en contrebas de l'entrée de la tombe de Ramsès VI. L'archéologue et son équipe y ont retrouvé des alignements de pierres, vestiges d'antiques abris de chantier provisoires. Plus d'un mètre de décombres a déjà été dégagé. Surprise, sous les remblais d'une des cabanes, un ouvrier a repéré un angle droit. Une marche creusée dans la roche.
Il faut deux journées complètes pour libérer l'escalier, en bas duquel Howard Carter identifie une porte scellée. "Devant nous apparut la preuve qu'il s'agissait de l'entrée d'une tombe et, d'après les sceaux, qu'elle était intacte", écrit-il le lendemain. Mais qui repose ici ? Pour l'égyptologue, tout indique qu'il s'agit "d'une personne haut placée".
S'il avait dégagé deux marches de plus, Howard Carter aurait tout de suite compris à quelle "personne haut placée" il avait affaire : le pharaon tant espéré, Toutankhamon. Mais il attend l'arrivée de Lord Carnarvon et sa fille Lady Evelyn, fin novembre, pour reprendre le travail. Quand l’égyptologue dégage enfin le seuil de la porte, il comprend que la tombe n'est en fait pas intacte. Elle a subi au moins deux tentatives de pillage, dans l'Antiquité, avant d'être refermée du sceau officiel de la nécropole.
De quoi doucher l'enthousiasme de Carter. Et à l'inquiétude s'ajoute la confusion. Certes, il a bien lu le nom de Toutankhamon sur le bas de la porte. Mais il a aussi retrouvé, sur des débris, ceux d'Akhenaton, d'Amenhotep III, de Thoutmosis… L'explorateur redoute d'avoir mis au jour une simple cache, comme cela s'est déjà produit dans le passé.
Un corridor de près de 10 mètres met sa patience à l'épreuve. Le long de cet étroit couloir, d'autres décombres trahissent le passage de pilleurs. C’est avec anxiété qu'Howard Carter se trouve à nouveau face à une porte scellée, visiblement refermée à plusieurs reprises dans l'Antiquité. Avec une barre à mine, l'égyptologue perce un coin de la porte et y glisse une bougie.
L'air chaud, en s'échappant, fit vaciller la flamme, mais dès que mes yeux s'accommodèrent à l'obscurité, l'intérieur de la chambre se dessina, avec son étrange mélange d'objets merveilleux et magnifiques empilés les uns sur les autres.Howard Carter
"Voyez-vous quelque chose ?" s'impatiente Lord Carnarvon. "Oui, c'est merveilleux", bafouille Carter, avant d'élargir l'ouverture pour faire une place à son mécène. Dans son journal, l'archéologue liste une "collection de trésors" et "partout le scintillement de l'or" : deux statues noir ébène d'un roi aux sandales dorées, des lits à têtes de lion, des coffres délicatement peints, des fleurs, des vases d'albâtre…
Si l'on en croit les notes d'Howard Carter, l'exploration s'arrête là, le 26 novembre 1922. La brèche est colmatée, des ouvriers sont chargés de monter la garde pour la nuit et les Britanniques retrouvent leur hôtel pour échanger leurs impressions confuses. Officiellement, le premier objet ne sort du tombeau que le 27 décembre et la chambre funéraire n'est ouverte, en grande pompe, que le 16 février de l'année suivante.
Carter fait mine de respecter les règles d'usage, qui lui interdisent d'aller plus loin sans la présence d'un inspecteur du service des antiquités égyptiennes. Il ne faudrait pas s'attirer les foudres de Pierre Lacau. Mais "on sait aujourd'hui qu'il a beaucoup menti", affirme l'égyptologue Dominique Farout, enseignant à l'école du Louvre et à l'institut Khéops.
Carter est entré en douce, deux fois même, dans l'antichambre, avant d'y revenir avec les autorités compétentes.Dominique Farout, égyptologue
En réalité donc, Carter n'a pas pu résister à l'envie d'aller plus loin. Entre les deux statues noires aux yeux soulignés d'or, une surface lissée grossièrement à la main a irrémédiablement attiré son regard. Cette troisième porte ne pouvait que dissimuler la chambre funéraire, avec son sarcophage et ses vases canopes contenant les viscères embaumés, absents de l'antichambre. "Toutes les études récentes s'accordent pour affirmer que la chambre funéraire et le trésor furent visités par Carter et ses compagnons avant l'ouverture officielle du 16 février 1923", assure l’égyptologue Marc Gabolde, dans son ouvrage Toutankhamon. Cette exploration s'est déroulée dès la fin novembre, selon les récits et lettres échangées entre les protagonistes. "Merci de m'avoir permis de pénétrer dans l'enceinte sacrée", écrit très tôt Lady Evelyn à Howard Carter, trahissant leur secret.
Marc Gabolde reconstitue ainsi les événements de la fin novembre : l'archéologue perce cette troisième porte et les visiteurs rampent par une étroite ouverture. Devant eux s'élève "une paroi verticale dorée incrustée d'éléments de faïence bleue". C'est un immense coffre doré, une chapelle, qu'il faut contourner pour découvrir les parois peintes de la chambre funéraire. Carter se permet de rompre le sceau de cette chapelle. Il affirmera plus tard qu'elle n'était pas scellée. Mais l'équipe doit à présent ressortir et effacer ses traces. L’explorateur avait-il prémédité son coup ? Opportunément, il dispose en effet de plâtre frais pour reboucher les ouvertures et de copies des sceaux antiques de la nécropole pour imprimer dans l'enduit la fausse preuve que l'endroit est intact.
Howard Carter et Lord Carnarvon cèdent également à la tentation d'emporter avec eux quelques objets. Parmi ceux-ci, une tête de Toutankhamon enfant sortant d'un lotus. Pierre Lacau la retrouvera lors d'une inspection de routine un an et demi plus tard, ni enregistrée ni numérotée, dans une caisse en bois.
Lord Carnarvon ne profite pas longtemps de son bout de trésor. Sept semaines après l'ouverture officielle du tombeau, le 5 avril 1923, il meurt. Le mécène est emporté en trois semaines par une pneumonie et une septicémie, provoquées par une piqûre d'insecte qui s’est infectée après un rasage maladroit. Ainsi va naître la "malédiction de Toutankhamon", rumeur largement alimentée par la presse à sensation, en mal d'informations sur le déroulement des fouilles.
LA MOMIE EN MORCEAUX
Sous la chaleur des grosses lampes électriques installées dans la tombe de Séthi II, transformée en laboratoire, Douglas Derry pose un regard solennel sur son patient. Nom : Toutankhamon. Age : indéterminé. Cause de la mort : à découvrir. Ce 11 novembre 1925, l'anatomiste s'apprête à pratiquer une autopsie dont peu de légistes peuvent se vanter. Sur une sommaire table d'opération, Toutankhamon, emmailloté dans ses bandelettes de lin, la tête enfermée dans son masque et le corps lesté de bijoux, attend l'ultime supplice du scalpel.
Dans son journal, Howard Carter décrit longuement et précisément toutes les précautions prises pour extirper le pharaon de son triple sarcophage. Car le corps du roi est englué par les huiles et les onguents dans ces cercueils, collés les uns aux autres par cette mélasse solidifiée. Les siècles ont achevé de sceller ces poupées russes à taille humaine. Lampes chauffant à 200 degrés, marteau, ciseaux, tournevis… Des heures de ténacité et de système D sont nécessaires pour révéler le masque d'or et le corps qui baignent encore dans cette matière poisseuse.
Howard Carter découvre alors une momie carbonisée, qui risque d'être réduite en poussière au moindre faux mouvement. Toutankhamon ne se laissera pas déshabiller comme une vulgaire momie de dessin animé. On sait désormais que le corps a pu être victime d'un phénomène de combustion spontanée. Mort brutalement, le roi a été embaumé à la hâte et enterré dans un caveau qui n'était pas prévu pour lui. Le jeune pharaon n'a pas eu le temps de préparer sa sépulture. Il voyage dans l'au-delà dans un petit tombeau, pas digne d'un roi. Et les peintures, qui n'étaient pas sèches quand les portes ont été scellées, portent des taches brunes, traces d'organismes morts depuis longtemps. La momie a aussi souffert de ces conditions difficiles.
Le docteur Derry plonge son scalpel de quelques millimètres dans les bandelettes qu'il a solidifiées à la paraffine, entre les pieds du souverain, pour remonter jusqu'au masque qui cache le haut de sa poitrine. Reste à éplucher pas moins de 16 couches de tissu. Chaque orteil, chaque doigt est individuellement enrobé de lin et enfermé dans un fourreau d'or. Chaque épaisseur retirée révèle à l'égyptologue des dizaines de joyaux, ainsi que deux dagues, l'une en fer, l'autre en or, dévoilant les rituels pratiqués pour accompagner le roi dans sa tombe. Amulettes et symboles sacrés le protègent et le guident dans l'au-delà.
L'opération est lente et précautionneuse, comme pour ne pas troubler le repos du pharaon, paisiblement allongé sur la table. Mais il est décidé de "rompre les connexions anatomiques" de la momie, écrit Marc Gabolde. Manière pudique d'expliquer que le roi est entièrement désarticulé et démembré. L'opération est racontée en détail dans le rapport d'autopsie du docteur Derry, épluché et retranscrit par la journaliste scientifique Jo Marchant, dans The Shadow King. Sans cela, il serait impossible de libérer les bijoux et manchons qui enserrent ses poignets. Le démontage du fragile squelette révèle un premier indice qui permet de confirmer que Toutankhamon est mort jeune, à 18 ou 19 ans. En témoigne, au niveau de sa rotule gauche, la croissance inachevée d'un fémur adolescent.
Après quatre jours d'examen minutieux du corps, dont même le pénis momifié a été mesuré (environ 5 centimètres), il est temps de retirer le casque de plus de 10 kilos d'or pur "vissé" sur le crâne du souverain. Douglas Derry découpe la momie sous la dernière vertèbre cervicale, avant de glisser des lames chauffées sous le masque, pour faire fondre la résine qui emprisonne la tête royale. Sous une couronne ornée d'un cobra et d'un vautour, symboles de la Basse et de la Haute-Egypte, le pharaon dévoile son vrai visage, calciné et craquelé lui aussi.
Howard Carter décrit "la contenance sereine du jeune homme" et trouve dans "ses traits bien formés et ses lèvres dessinées" la marque "d'un type excessivement raffiné". "La tête porte une forte ressemblance structurelle avec Akhenaton", note aussi l'égyptologue. Il ignore encore que le pharaon hérétique est justement le père de Toutankhamon. Carter est aussi émerveillé qu'il est déçu. La momie ne lui révèle pas comment le jeune roi est mort.
Un dernier détail retient l'attention de Douglas Derry. Sur la joue gauche du souverain, une croûte ronde laisse deviner un bouton jamais cicatrisé. Une piqûre d'insecte ? Cette trace semble être la jumelle de la piqûre qui a entraîné la mort de Lord Carnarvon. Une coïncidence qui réjouit encore ceux qui veulent croire à la "malédiction de Toutankhamon".
Après avoir été tant malmenée, la momie a aujourd'hui trouvé le repos, sous vide. De nos jours, elle est ainsi exposée dans un caisson de verre, dans sa tombe, où des conservateurs sont récemment intervenus pour mieux protéger les lieux du temps et du tourisme de masse. Cette année, certaines des plus belles pièces de son trésor vont faire le tour du monde, en passant par Paris. Elles rejoindront ensuite le masque d'or de Toutankhamon dans la collection du grand musée égyptien du Caire, dont le chantier pharaonique n'est pas encore achevé.
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Texte : Camille Caldini
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