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vendredi 20 avril 2018

Les Crises.fr - [Affaire Skripal] Un officiel du Royaume-Uni reconnait que les scientifiques n’ont pu prouver de quel pays venait le poison

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20.avril.2018 // Les Crises


[Affaire Skripal] Un officiel du Royaume-Uni reconnait que les scientifiques n’ont pu prouver de quel pays venait le poison


Intéressante déclaration officielle – et encore plus intéressante démonstration du raisonnement utilisé pour déclarer la Russie coupable…
On restera cependant très précautionneux, tout étant possible dans cette affaire….
Réunion du Conseil exécutif de l’OIAC : mise à jour du 18 avril sur l’utilisation d’un agent neurotoxique à Salisbury.
Source : Foreign & Commonwealth Office et Peter Wilson CMG, Publié le 18 avril 2018 (source)

Déclaration de Peter Wilson, Représentant permanent du Royaume-Uni auprès de l’OIAC, à la suite de l’assistance du Secrétariat technique de l’OIAC au Royaume-Uni après l’attaque de Salisbury.

Merci, monsieur le Président. Le Royaume-Uni a demandé au Président de convoquer cette réunion aujourd’hui pour permettre au Secrétariat technique de faire le point sur sa visite d’assistance technique au Royaume-Uni. Lors du Conseil exécutif en mars, j’ai également promis de tenir le Conseil informé des progrès de notre enquête sur l’utilisation d’une arme chimique à Salisbury le 4 mars 2018.
Tout d’abord, je voudrais vraiment exprimer au Directeur général la gratitude de mon gouvernement pour le soutien que l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a apporté. L’OIAC a répondu rapidement à notre demande d’envoyer ses experts au Royaume-Uni. Ils ont mené une mission hautement professionnelle. Les laboratoires désignés de l’OIAC ont également réagi de manière professionnelle et rapide. Ce que le Directeur général a dit était vraiment important à ce sujet, et la présentation du Secrétariat technique montre à quel point ce travail était professionnel. Le rapport que le Secrétariat technique nous a présenté le 11 avril était complet et méthodique. Le Secrétariat a répondu rapidement à notre demande de partager ce rapport avec tous les États parties. Tous ont eu la possibilité de voir la qualité de ce travail.
Le Royaume-Uni est reconnaissant des nombreux actes de soutien et de solidarité de la part délégations présentes dans cette salle, ainsi que des organisations et des gouvernements du monde entier.
Comme vous le savez, le 4 mars, Yulia et Sergei Skripal ont été empoisonnés à Salisbury, en Angleterre, à l’aide d’une arme chimique, dont les experts britanniques ont établi qu’il s’agissait d’un agant Novitchok. L’OIAC a maintenant clairement vérifié ces constatations. Ce point est exposé au paragraphe 10 du résumé analytique non classifiée.
Avant de parler en détail du rapport, permettez-moi de faire le point sur les événements depuis le dernier exposé que nous avons fait au Conseil le 4 avril.
Les Skripals ont été victimes d’une attaque barbare, et notre priorité absolue est leur bien-être. Ils ont reçu les meilleurs soins possibles. Nous sommes heureux de constater une amélioration de la santé de Yulia et de Sergei Skripal. Yulia Skripal a reçu son congé de l’hôpital le 9 avril. Ses progrès médicaux témoignent des soins exceptionnels qu’elle a reçus du personnel médical de Salisbury.
Le rétablissement progressif et bienvenu des Skripals ne modifie pas les faits essentiels de l’affaire. Il s’agissait d’une tentative de meurtre à l’aide d’un agent neurotoxique de catégorie militaire dans les rues du Royaume-Uni. L’enquête en cours est l’une des plus importantes et des plus complexes entreprises par la police britannique. À la suite d’un examen médico-légal détaillé, les détectives croient que les Skripal sont entrés en contact avec l’agent neurotoxique à leur adresse domiciliaire.
Mon gouvernement a annoncé le 17 avril que les travaux de décontamination à Salisbury commencent cette semaine. Il faudra plusieurs mois pour le terminer. Au total, 9 sites, dont 3 en centre-ville, ont été identifiés comme nécessitant une décontamination par des spécialistes. Cela impliquera un processus complexe d’essais ; l’enlèvement des articles qui pourraient être contaminés et qui pourraient contenir des quantités résiduelles de l’agent ; et un nettoyage chimique et de nouveaux essais. Tous les déchets seront enlevés et incinérés en toute sécurité. Aucun site ne sera libéré tant que la décontamination ne sera pas terminée.
Monsieur le Président, nous avons promis de partager les conclusions de la visite d’assistance technique de l’OIAC avec les autres États parties. Nous avons demandé au Secrétariat technique de faire circuler leur rapport dans son intégralité auprès de vous tous, sans aucune modification. Le rapport que les délégations ici présentes ont reçu aujourd’hui est le même que celui que le Royaume-Uni a reçu. Il s’agit d’un travail professionnel, méticuleux et scientifiquement solide.
Nos experts techniques ont étudié en détail le rapport de l’OIAC. J’aborderai brièvement certains éléments importants :
  • Tout d’abord, le rapport expose en détail toute la chaîne de contrôle judiciaire concernant la collecte, la manipulation et le transport des échantillons que le personnel de l’OIAC a conservé tout au long du processus. Cela nous assure de l’intégrité et de la validité des résultats. Le Secrétariat technique vient d’entrer dans les détails à ce sujet.
  • deuxièmement, l’OIAC n’a utilisé que son propre équipement, de sorte qu’il ne pouvait y avoir aucun risque de contamination – accidentelle ou délibérée.
  • troisièmement, les échantillons environnementaux ont été analysés par deux laboratoires et les échantillons biomédicaux par deux laboratoires distincts. Les 4 laboratoires ont détecté la présence de l’agent neurotoxique. Et les résultats montrent la stabilité du produit chimique toxique, comme vient de l’expliquer le Secrétariat Technique.
  • enfin, le rapport note l’absence de quantités significatives d’impuretés dans les produits chimiques détectés : “haute pureté” est la description du paragraphe 11 du Résumé exécutif non classifié, comme le Secrétariat technique vient de l’expliquer aujourd’hui. Cela suggère qu’un laboratoire très sophistiqué a fabriqué les produits chimiques.
Monsieur le Président, les conclusions de l’OIAC confirment l’analyse du Royaume-Uni sur l’identité du produit chimique toxique. Cela confirme notre conclusion selon laquelle un agent neurotoxique de qualité militaire d’un type connu sous le nom de Novitchok a été utilisé à Salisbury. Le Laboratoire des sciences et technologies de la défense (DTSL), notre laboratoires à Porton Down, a établi que les concentrations les plus élevées de l’agent ont été trouvées sur la poignée de la porte d’entrée de M. Skripal.
Mais bien sûr, si l’identification de l’agent neurotoxique utilisé est une preuve technique essentielle dans notre enquête, ni l’analyse du DSTL, ni le rapport de l’OIAC, n’identifie le pays ou le laboratoire d’origine de l’agent utilisé dans cette attaque. Permettez-moi donc de brosser un tableau plus large, ce qui amène le Royaume-Uni à conclure qu’il n’y a pas d’autre explication plausible pour ce qui s’est passé à Salisbury que la responsabilité de l’État russe. Nous croyons que seule la Russie avait les moyens techniques, l’expérience opérationnelle et le motif pour cibler les Skripal.
Permettez-moi d’expliquer clairement pourquoi nous en sommes arrivés à cette conclusion :
Tout d’abord, les moyens techniques
  • une combinaison de rapports de sources ouvertes crédibles et de renseignements montre que, dans les années 1980, l’Union soviétique a mis au point une nouvelle classe d’agents neurotoxiques de “quatrième génération”, connus sous le nom de Novitchok. Le principal institut responsable de ce travail était une branche de l’Institut d’État pour la chimie et la technologie organique à Shikhany près de Volvograd. Le nom de code du programme d’armes chimiques offensives (dont le Novitchok faisait partie) était FOLIANT. Il est fort probable que les agent Novitchok ont été mis au point pour empêcher la détection par l’Occident et pour contourner les contrôles internationaux des armes chimiques. L’État russe a déjà produit des agents Novitchok et serait encore capable de le faire aujourd’hui. Au cours de la dernière décennie, la Russie a produit et stocké de petites quantités de Novitchok.
  • Le programme d’armes chimiques de la Russie s’est poursuivi après l’effondrement de l’Union soviétique. En 1993, lorsque la Russie a signé la Convention sur les armes chimiques (CAC), il est probable que certains agents Novitchok ont passé avec succès les tests d’acceptation, permettant leur utilisation par l’armée russe. La déclaration russe de la Convention sur les armes chimiques n’a fait état d’aucun travail sur le Novitchok. La Russie a poursuivi le développement de certains agents Novitchok après la ratification de la Convention. Au milieu des années 2000, le Président Poutine était étroitement associé au programme russe d’armes chimiques. Il est très peu probable qu’une ancienne république soviétique (autre que la Russie) ait poursuivi un programme d’armement chimique offensif après l’indépendance. Il est peu probable que les agents Novitchok puissent être fabriqués et déployés par des acteurs non étatiques.
Deuxièmement, l’expérience opérationnelle
  • La Russie a fait ses preuves en matière d’assassinats commandités par l’État. Le rapport Owen de l’enquête publique du Royaume-Uni sur la mort d’Alexandre Litvinenko a conclu en janvier 2016 qu’il a été délibérément empoisonné avec du Polonium 210. Il a été dit qu’il y avait une “forte probabilité” que le FSB avait dirigé l’opération et que le président Poutine l’avait “probablement approuvée”. Commentant d’autres assassinats présumés entre 2002 et 2006, Sir Robert Owen a écrit : “Ces cas suggèrent que dans les années précédant la mort de M. Litvinenko, l’État russe a pu être impliqué dans l’assassinat des critiques de M. Poutine” et que “l’État russe peut avoir parrainé des attaques contre ses opposants en utilisant des poisons”. Depuis 2006, il y a eu de nombreux assassinats présumés commandités par l’État russe en dehors de l’ex-Union soviétique.
  • Au cours des années 2000, la Russie a lancé un programme visant à tester les moyens de transport d’agents de guerre chimique et à former le personnel des unités spéciales à l’utilisation de ces armes. Ce programme comprenait par la suite l’étude des moyens d’administrer des agents neurotoxiques, y compris par application sur les poignées de porte. Au cours de la dernière décennie, la Russie a produit et stocké de petites quantités de novitchok dans le cadre du même programme.
Troisièmement, le mobile
  • Sergei Skripal était un ancien officier du renseignement militaire russe (GRU), condamné pour espionnage en 2004. Il est fort probable que les services de renseignement russes considèrent au moins certains de leurs transfuges comme des cibles légitimes d’assassinat. Nous disposons d’informations indiquant l’intérêt des services de renseignement russes pour les Skripal, qui remontent au moins jusqu’en 2013, lorsque les comptes de courrier électronique appartenant à Yulia Skripal ont été ciblés par les cyberspécialistes du GRU.
Monsieur le Président, au cours des 14 derniers mois, nous avons vu l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, en Irak, en Malaisie et maintenant au Royaume-Uni. Il s’agit d’une menace sérieuse pour la Convention. C’est une menace pour le système fondé sur des règles et, par conséquent, une menace pour chaque État partie. Il n’y a pas de place pour l’utilisation des armes chimiques au XXIe siècle. Où que ce soit. Et certainement pas par un État partie de cette Convention.
Ces actions exigent une réponse. Il est urgent d’agir, collectivement, pour renforcer l’interdiction de la mise au point, de la production, du stockage et de l’utilisation des armes chimiques. Ceux qui choisissent d’ignorer ces interdictions et d’utiliser des armes chimiques devraient être identifiés et tenus de rendre des comptes – peu importe qui ils sont, ou combien de temps cela peut prendre. Il ne peut y avoir d’impunité.
À la fin de la journée du 13 avril, la Fédération de Russie a transmis au Royaume-Uni une liste de questions au titre de l’article IX de la Convention. Nous répondrons dans les plus brefs délais, dans les 10 jours prévus par la Convention. Nous partagerons notre réponse avec tous les États parties. La Russie a fait valoir l’urgence et a demandé une réponse avant le 17 avril au plus tard. Nous regrettons que la Russie n’ait pas jugé urgent de leur demander des explications le 12 mars dernier. Nous n’avons pas encore reçu de réponse officielle à nos questions.
Au lieu de cela, la Russie a fait preuve de mépris pour le droit international et pour le travail de l’OIAC. La Russie a organisé une campagne de désinformation effrontée, et pour attaquer la réputation et l’expertise de l’OIAC. Ils ont cherché à brouiller, à détourner et à déformer effrontément les faits, en dépit du rapport complet et indépendant de l’OIAC, conformément aux meilleures pratiques de l’OIAC.
Avant la réunion du Conseil exécutif du 4 avril, l’ambassade de Russie à Londres a tweeté “La Russie n’acceptera les résultats de l’enquête de l’OIAC sur l’empoisonnement de Salisbury que si des experts russes y participent”. Plus récemment, la Russie a laissé entendre, à tort, que l’agent neurotoxique identifié était instable et se décomposerait rapidement, contrairement aux conclusions de l’OIAC et comme vous venez tous de l’entendre.
Au cours du week-end dernier, le ministre des Affaires étrangères, M. Lavrov, a déclaré que la Russie avait obtenu des informations suggérant que le produit chimique utilisé avait été identifié par un laboratoire leader mondial comme étant du BZ. En fait, les 4 laboratoires désignés par l’OIAC n’ont détecté de BZ dans aucun des échantillons prélevés à Salisbury. Le Secrétariat technique a été très clair sur ce point, et le Directeur général a été très clair dans sa déclaration.
En 2000, sous l’égide de l’article IX de la Convention, le Royaume-Uni a posé un certain nombre de questions à la Russie bilatéralement, en vue de clarifier les questions relatives à ses déclarations de la CAC. Nous avons noté que la Russie, en tant que successeur légal de l’Union soviétique, a accepté la responsabilité légale du programme offensif soviétique. Le Royaume-Uni a spécifiquement interrogé la Russie sur le développement des agents Novitchok et a demandé si la Russie prévoyait d’inclure des informations pertinentes dans ses déclarations à l’OIAC. La réponse russe indique que la Russie estimait qu’il n’y avait pas d’informations qu’il était nécessaire de déclarer.
À ce jour, la Russie a proposé plus de 30 fantasmes contradictoires et changeants pour expliquer l’attaque de Salisbury. Les mesures prises par la Russie pour semer la confusion et distraire les gens n’ont pas fonctionné, mais elles montrent plutôt à quel point ils essaient de cacher la vérité. Nous demandons à nouveau à la Russie de respecter ses obligations au titre de la Convention sur les armes chimiques, de mettre fin à son programme d’armes chimiques offensives et de déclarer son programme Novitchok.
Nous continuerons à dénoncer le comportement imprudent et aveugle de la Russie lorsqu’elle viole cette Convention et lorsqu’elle menace la sécurité mondiale.
Monsieur le Président, le Royaume-Uni tiendra sa promesse de tenir le Conseil informé de tous les développements importants de notre enquête. Lorsque l’enquête et les procédures judiciaires au Royaume-Uni seront terminées, nous informerons les États parties de l’issue de l’enquête.
Je demande que cette déclaration soit publiée en tant que document officiel de cette réunion du Conseil exécutif et placée sur le site Web de l’OIAC.
Pour en savoir plus sur la réponse du gouvernement britannique à l’attaque de Salisbury.
Publié le 18 avril 2018
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