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POTEMKINE, LA CHANSON Cette chanson fut écrite en 1965 par Georges Coulonges et la musique composée par Jean Ferrat. Elle fut interprétée par ce dernier. La chanson évoque la mutinerie du cuirassé Potemkine. Lors de sa sortie, l’ORTF refusa de la diffuser sous prétexte de son caractère politique. En 1965 donc, de Gaulle présidait aux destinées du pays. Le Premier ministre était Pompidou. Et, parmi les membres du gouvernement, vous aviez Malraux chargé des Affaires culturelles, Frey à l’Intérieur, Couve de Murville aux Affaires étrangères. Ah, Monsieur Couve ! Un personnage toujours tiré à quatre épingles, comme il l’était sans doute sous le régime de Vichy en tant que chargé d’affaires des mouvements financiers franco-allemands avec comme consigne principale de « réduire l’influence juive dans l’économie française ». Monsieur Couve a humé l’air du temps au bon moment et s’est acheté un brevet de bonne conduite ; comme tant d’autres personnages d’ailleurs. Et puis, dans ce gouvernement de 1965, figure aussi notre ami Peyrefitte, ministre de l’Information. Et de la censure, convient-il d’ajouter ? Bien. Mais attention, les élections présidentielles sont prévues cette année-là. Le premier tour pour le 05 décembre et le second tour pour le 19 décembre. Il ne fallait surtout pas heurter une certaine frange de l’électorat, d’où l’interdiction. En fait, le 24 novembre, Jean Ferrat est invité dans l’émission Têtes de bois d’Alain Resnais sur la deuxième chaîne. Il veut chanter Potemkine. Le directeur refuse tout net (il est vrai que l’avancement de ces gens-là dépendait de leur célérité à exécuter les ordres du ministre de l’Information). Ferrat refuse l’oukase et quitte le studio. 12 décembre, nous sommes en plein mitan de l’entre-deux tours. Pas de blague ; il faut les voix de Lecanuet pour l’emporter. C’est pourquoi, sur le plateau de Télé Dimanche de Raymond Marcillac, Jean Ferrat est derechef éconduit et remplacé par…Georges Guétary, un gars qui ne risque pas de faire de vagues. En 1966, Ferrat réussira enfin à chanter Potemkine dans l’émission Le Palmarès des chansons. Les élections sont passées, le régime est de nouveau en place pour sept ans, et la censure se fait moins vigilante. La chanson se situe dans un contexte particulier. Sur le plan national, c’est la période dite des Trente Glorieuses (1945-1975), présentée comme celle d’une forte croissance économique accompagnée d’un quasi plein emploi. Sur le plan international, c’est, depuis 1947, la Guerre froide entre les Etats-Unis et l’URSS, et la course à l’armement nucléaire. En outre, au cours de la campagne présidentielle, la gouvernance et de Gaulle en particulier ont compris l’importance de la télévision. Pas question de diffuser une telle chanson, où l’interprète fait preuve de sympathie envers des mutins, et tout et tout. Que les braves gens ne sortent donc pas du cadre des yé-yé et du rock and roll et les veaux seront bien gardés, que diable ! Chanson subversive pour la bien-pensance ? Allons donc ! Jean Ferrat rend simplement hommage à la mémoire des marins et leur témoigne solidarité et affection « mon frère, mon ami, mon fils, mon camarade ». Tout d’abord, il s’adresse aux auditeurs « M’en voudrez-vous beaucoup » en s’excusant presque par avance de leur parler d’un sujet aussi grave, une mutinerie, aussi lointain à la fois dans le temps (1905) et l’espace, la Russie. Est-ce donc un crime que de se ranger, comme l’a fait Ferrat, du côté de ces marins maltraités et souvent enrôlés de force ? -un monde Où l’on n’est pas toujours du côté du plus fort- https://youtu.be/MK6o_aldOcA |
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POTEMKINE, LA CHANSON
Cette chanson fut écrite en 1965 par Georges Coulonges et la musique composée ...
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