Oups ! Si les lapsus ne sont pas toujours révélateurs, ils sont parfois ravageurs. Confrontée à Florian Philippot dimanche soir sur BFM, Virginie Calmels, passée sans ciller du juppéisme militant au soutien sans faille – et sans mémoire – à Laurent Wauquiez, lâche que,
«pour le moment», il ne saurait y avoir d’alliance avec le FN.
«Pour le moment ?» Levée de boucliers dans la droite modérée. La dame précise lundi matin qu’elle a commis une maladresse et ajoute :
«pour le moment et à jamais». Utile codicille…
L’incident éclaire néanmoins la situation politique de Wauquiez
que les militants viennent de plébisciter à la tête de LR. C’est un fait que son discours – sur ce point, Philippot, aussi bien que les excellences du centre droit, Raffarin, Juppé ou de Calan, sont entièrement d’accord : Wauquiez décalque fidèlement la thématique du FN. C’est l’effet d’une conversion dûment méditée. Les militants LR se sont droitisés. Voulant être leur chef, il les suit… Le nouveau patron LR est à l’origine un fils spirituel de Jacques Barrot, fervent démocrate-chrétien du centre (de la France et de l’échiquier politique). Depuis quelques années, le pauvre Barrot se retourne dans sa tombe à chaque fois que son ex-rejeton prononce une parole. Ce n’est plus un cercueil, c’est un trampoline… Wauquiez dira qu’il a trouvé son chemin de Damas, qui est plutôt une allée de Montretout, et on n’épiloguera pas sur sa sincérité.
Le problème, c’est qu’à l’instar de Pascal, à force de s’agenouiller, on finit par croire. Dans l’immédiat, il s’agit de parts de marché : reproduisant le discours du FN, Wauquiez veut attirer à lui ses électeurs. Mais au pied du mur, quand il s’agira de gagner une élection décisive, la tentation sera forte de remplacer la soustraction par l’addition. Quand deux partis disent la même chose, ils finissent par juger que l’union vaut mieux que la concurrence. Si la droite modérée part chez Macron, l’arithmétique risque de l’emporter sur l’éthique. Pour avoir une chance de gagner, l’union des droites dures, ou des extrêmes droites, semblera de toute nécessité. Et pour repousser ce calice, les principes manqueront à l’appel.
Et aussi
Jean-Michel Blanquer, qu’on a présenté au début comme un professionnel de l’éducation – ce qu’il est – est aussi un redoutable politique. Par une mesure démagogique mais populaire – la liberté de choix des communes en matière de calendrier – il a désamorcé la fronde née de la réforme des rythmes scolaires, pourtant bénéfique aux enfants, selon tous les spécialistes. Geste politique s’il en est. En dédoublant les classes de CP à marche forcée, il satisfait la gauche enseignante et parentale. Pour le reste, il ne cesse d’envoyer des clins d’œil à la droite finkielkrautienne
en se disant favorable au port de l’uniforme ou encore en plaidant – à titre personnel – pour l’interdiction du port du voile pour les mères accompagnant les sorties scolaires. Hypothèse illégale au demeurant : aucune loi française ne prohibe le port du voile dans l’espace public, comme l’a bien précisé le Conseil d’Etat. On joue sur les symboles pour flatter l’opinion. C’est de la politique, mais pas au bon sens du terme.
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