Sagesse en Corse, témérité en Catalogne. Les indépendantistes catalans ont
remporté une victoire sans appel dans le scrutin d’hier. Mariano Rajoy a récolté les fruits rabougris qu’il a semés par son attitude d’hidalgo dédaigneux et rogue. Puigdemont est en position de gouverner, quoique exilé en Belgique et menacé de prison en Espagne. Quand on fait des martyrs, il ne faut pas s’étonner qu’ils emportent la sympathie du public. Le gouvernement de Madrid voulait s’imposer en Catalogne. Il s’est marginalisé.
Pourtant, l’examen précis du vote ne légitime pas entièrement l’entreprise séparatiste. Outre que la question constitutionnelle reste entière, le bloc indépendantiste est toujours minoritaire (47,5%) en dépit d’une forte participation. On constate même – c’est la dureté des chiffres – qu’il n’a pas progressé depuis l’élection de 2015.
«Nous ne demanderons pas l’indépendance tant que nous ne serons pas majoritaires», ont dit les leaders indépendantistes en Corse, pourtant
larges vainqueurs du dernier scrutin et issus d’organisations qui pratiquaient la violence jusqu’à une date récente. Sage précaution que les Catalans ont jetée par-dessus des moulins du Quichotte en exigeant l’indépendance sans même savoir si leur peuple la souhaitait en majorité. Et sans tenir du compte du fait qu’une séparation, en suscitant les mêmes demandes ailleurs, au Pays basque notamment, menacerait l’existence de l’Espagne, soudain amputée de deux régions majeures.
La percée de Ciudadanos, paradoxalement, dessine une issue. L’émergence d’un parti jeune clairement unitaire montre que les Catalans n’ont pas encore décidé de leur sort. La montée en puissance de cette formation en Espagne changerait la donne. Le gouvernement Macron-Philippe a accepté de négocier avec les Corses, même s’il tarde à commencer. Un changement constitutionnel en Espagne rendrait possible un référendum en bonne et due forme, comme au Québec ou en Ecosse. Dans les deux cas, les indépendantistes ont perdu de peu. Un scrutin de ce genre, fixé à une date ultérieure, n’est pas perdu d’avance pour l’Espagne. Chacun espérant prévaloir dans les urnes, au terme d’un processus calme et progressif, la démocratie reprendrait ses droits. Perspective irénique ? C’est Noël : il est permis de rêver.
Et aussi
La dette française baisse d’un point, l’Insee relève une nouvelle fois son estimation de la croissance pour le troisième trimestre 2017. N’en déplaise aux partisans de la décroissance, le retour de l’expansion change le paysage politique. Le nouveau pouvoir en tire les bénéfices avant même que ses réformes entrent en application, mais la France aussi, ce dont il est difficile de se plaindre. Hollande tire les marrons du feu, Macron les mange. Mais l’important, c’est qu’il y ait des marrons, surtout à Noël…
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