Jolie carabistouille, en vérité, si l’on en croit les juges d’instruction. On ne cherche pas ici à accabler Bernard Tapie, atteint par une cruelle maladie. Mais à clarifier une entourloupe spectaculaire (toujours selon les juges) qui met en cause, outre l’homme d’affaires, une brochette d’importants, dont Stéphane Richard, actuel PDG d’Orange, la présidente du FMI Christine Lagarde, déjà jugée, Claude Guéant, ancien ministre de l’Intérieur, Maurice Lantourne, avocat, Pierre Estoup, ancien magistrat de haut vol et, par ricochet, Nicolas Sarkozy. Résumons la thèse des juges,
qui demande à être confirmée par le tribunal correctionnel, mais qui est soutenue par plusieurs éléments très troublants. Ce qui en fait une histoire particulièrement croquignolesque, comme dirait Emmanuel Macron (qui n’y est pour rien).
Tapie donne mandat au Crédit Lyonnais de vendre ses parts dans Adidas, ce qui lui permet de toucher 440 millions d’euros. Toujours ça de pris. Tapie s’aperçoit ensuite que la banque a réalisé sur Adidas, sans qu’il le sache, une confortable plus-value. «Ma cassette !» crie-t-il partout. Un premier tribunal lui donne raison mais un deuxième casse le jugement. Chou-blanc. Plutôt que de retourner devant les juges, Tapie convainc l’exécutif d’accepter un arbirage privé, qui lui donne raison. Tapie touche alors un supplément de 405 millions d’euros. Une paille. Bercy s’étrangle, on ouvre une enquête. Il apparaît, toujours selon les magistrats instructeurs, que l’un des arbitres a partie liée avec Tapie par l’intermédiaire de son avocat Lantourne et que l’opération se ramène à une «escroquerie en bande organisée». Désagréable… Résumons le résumé (sachant qu’il faut un jugement pour l’attester) : en échange du soutien de Tapie à l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy impose l’arbitrage privé à l’administration, par le truchement de Guéant, Lagarde et Richard. Lequel arbitrage est truqué depuis le départ grâce à la diligence de Lantourne et Estoup. Si tout cela est validé devant le tribunal correctionnel (le camp Tapie pousse les hauts cris et promet de détruire l’accusation), voilà un joli renvoi d’ascenseur et, au passage, un scandale majeur dans la République.
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