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samedi 2 décembre 2017

Jean-Luc Marchais par Laurent Joffrin.....

01 décembre 2017
Laurent Joffrin
La lettre politique
de Laurent Joffrin

Jean-Luc Marchais

Comme le capitaine Haddock, Jean-Luc Mélenchon porte avec lui, collé sur ses doigts ou sur sa casquette, un sparadrap : le Venezuela. Le numéro qu’il a servi jeudi soir sur France 2 face à Laurence Debray, écrivaine et ex-financière, fille de Régis Debray et d’Elisabeth Burgos, dont une partie de la famille vit au Venezuela, en est l’illustration spectaculaire. Laurence Debray, en bisbille avec son père, a pris l’exact contre-pied des positions politiques que celui-ci défendait à son âge. Il était castriste, révolutionnaire, ami des guérillas sud-américaines. Elle est libérale, démocrate et dénonce des errements du régime Chavez-Maduro, avatar tardif de la gauche révolutionnaire du «Conosud». Face à elle, Mélenchon a repris le rôle hénaurme et quelque peu cynique du regretté Georges Marchais, dont le sparadrap, plus gros et plus collant, avait pour nom URSS. Mêmes ficelles, mêmes invectives, même rhétorique. Les libertés publiques ? Et le Chili ! répondait Marchais, comme si les crimes de Pinochet justifiaient ceux de Brejnev. La pénurie ? Mensonge de la propagande américaine, ou bien complot ourdi par l’impérialisme, etc. Le tout pimenté d’une faconde méprisante et d’attaques en dessous de la ceinture, couronnées par une grossièreté calculée qui a consisté à faire pivoter sa chaise pour tourner ostensiblement le dos à son interlocutrice.
Mélenchon dispose pourtant d’un moyen tout simple de se débarrasser du sparadrap : reconnaître que le régime de Maduro, assis sur les plus grandes réserves de pétrole au monde et pourtant responsable d’une pénurie dramatique, après avoir effectivement distribué aux pauvres une grande partie de la rente pétrolière, a commis de tragiques erreurs de politique économique qui ont mis le pays à la merci du marché pétrolier et des créanciers internationaux. Reconnaître, aussi bien, qu’il emploie pour se maintenir au pouvoir des moyens brutaux, sur fond de corruption, de clientélisme et d’opérations musclées menées par des milices meurtrières (ce qui ne justifie en rien les errements symétriques d’une partie de l’opposition au chavisme). Ce retour à la réalité, en lieu et place d’un discours anti-impérialiste sommaire visant à camoufler les tares du régime, couperait court à la tentation logique des journalistes qui l’asticotent en permanence sur un dossier qu’il a lui-même alimenté. Mais c’est de toute évidence trop demander…

Et aussi

Le sondage Kantar-Sofres publié par le Figaro-Magazine sur les valeurs de la droite permet de comprendre pourquoi Wauquiez va sans doute prendre sans encombre la tête de l’opposition LR. Pas seulement parce qu’il est à 10% d’opinions favorables pour «incarner» son camp dans cet électorat, contre 2 et 1% pour Florence Portelli et Maël de Calan. Mais surtout parce qu’au premier rang des missions dévolues à leurs leaders par les électeurs conservateurs, arrive «la défense de l’identité française», devant «l’égalité des chances», «la défense de libertés individuelles» ou «la défense de la laïcité». L’électorat LR s’est largement lepénisé sur ce point. Wauquiez, qui s’est situé au centre au début de sa carrière, l’a compris depuis longtemps et tient à ses ouailles le discours qu’elles veulent entendre. Il veut être leur chef, donc il les suit.
LAURENT JOFFRIN
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