Translate

mardi 12 décembre 2017

HISTOIRE et MEMOIRE - La Galerie de l'Histoire -Gaston Couté, poète libertaire et chansonnier 1880-1911

HISTOIRE et MEMOIRE

 La Galerie de l'Histoire.
   Christian LE Moulec
     9 décembre, 20:00
GASTON COUTE 
1880-1911

 

Gaston Couté, poète libertaire et chansonnier, est né à Beaugency (Loiret). C’est le fils d’un meunier. Il détestait l’école et tôt la quitta pour atterrir à Orléans en qualité d’auxiliaire à la Recette des impôts. Puis il travailla pour le Progrès du Loiret où il publia ses poèmes, parfois composés en patois beauceron. 
Un jour, il les fit entendre à une troupe d’artistes itinérants, lesquels lui prodiguèrent quelques encouragements. En 1898, il saute le pas et monte à Paris. Commence une période de vaches maigres, qui d’ailleurs durera tout le temps. Cependant, il obtient quelques succès dans les cabarets et collabore à la revue La Bonne Chanson de Théodore Botrel. Le chansonnier Jehan Rictus fut sensible à son talent. Couté devient populaire, hantant de sa voix et de ses mots les cabarets à la mode, aussi sûrement qu’il l’est à Belleville, à y déclamer ses vers aux ouvriers. 
Il contribue à des journaux libertaires, dont La Barricade et La Guerre Sociale. 
Quelques œuvres de Gaston Couté ; 
Les Mangeux d’terre : 
Je r'pass’tous les ans quasiment 
Dans les mêm's parages, 
Et tous les ans j'trouv' du chang'ment 
De d'ssus mon passage ; 
A tous les coups c'est pas l'mêm' chien 
Qui gueule à mes chausses ; 
Et pis voyons, si je m'souviens, 
Voyons dans c'coin d'Beauce. 
Y avait dans l'temps un bieau grand ch'min 
- Cheminot, cheminot, chemine ! - 
A c't'heur' n'est pas pus grand qu'ma main... 
Par où donc que j'chemin'rai d'main? 
Le Gars qu’a mal tourné : 
Dans les temps qu'j'allais à l'école, 
- Oùsqu'on m'vouèyait jamés bieaucoup, - 
Je n'voulais pâs en fout'e un coup ; 
J'm'en sauvais fér' des caberioles, 
Dénicher les nids des bissons, 
Sublailler, en becquant des mûres 
Qui m'barbouillin tout'la figure, 
Au yeu d'aller apprend' mes l'çons ; 
Il y avait également : Des Chemins de terre aux Pavés de Paris, Le Merle du Peuple, L’Enfant Perdu, Le Champ de Naviots, Le Fondeur de Canons, Le Gars qu’a perdu l’Esprit, Le Discours du Traîneux, Le Char à Bancs des Moribonds… 
De fait, Couté est le poète du peuple que seule la chanson tire de l’oubli. Il vit sa mort comme il a vécu sa vie : à la marge, faisant fi des convenances et des institutions, voire les conspuant. 
La vie de Couté se niche entre deux guerres : celle de 1870 dont on rumine encore la défaite, et de celle de 14-18 qui se prépare. Il n’a de cesse de fustiger la guerre et la bêtise et le conformisme. 
Les privations, la tuberculose et l’absinthe vont lui être fatales. Conduit à l’hôpital Lariboisière, il meurt 24 heures après son arrivée. 
Il est inhumé au cimetière de Meung-sur-Loire. Un musée lui est consacré dans cette ville ainsi qu’un monument commémoratif. 
Poèmes, disques, spectacles, films conservent la mémoire de Couté. Certains groupes de musique contemporaine, rap, électro, techno ont repris son répertoire. 
L'association « Les amis de Gaston Couté » a été déclarée au Journal Officiel le 30 août 1946. 
Il existe aussi « l’Itinéraire Gaston Couté » créé depuis 2011 (100ème anniversaire de sa mort ». C’est une randonnée sur les traces de Couté et de son ami Maurice Lucas. Ils se rendirent du Bardon dans l’Orléanais à Gargilesse dans le sud du Berry, via Bourges et Châteauroux. 
Ah, j’allais oublier la chanson Sur la grand’route : 
Sur la grand'route 
Nous sommes les crève-de-faim 
Les va-nu-pieds du grand chemin 
Ceux qu'on nomme les sans-patrie 
Et qui vont traînant leur boulet 
D'infortunes toute la vie, 
Ceux dont on médit sans pitié 
Et que sans connaître on redoute 
Sur la grand'route.     

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire