Translate

vendredi 29 décembre 2017

Au moins six djihadistes français arrêtés par des Kurdes en Syrie

29 décembre 2017

Au moins six djihadistes français arrêtés par des Kurdes en Syrie

Parmi les combattants de l'EI interceptés, Thomas Barnouin, très proche des frères Clain, les " voix " qui ont revendiqué les attentats du 13  novembre

agrandir la taille du texte
diminuer la taille du texte
imprimer cet article
DES ENFANTS RAPATRIÉS D'IRAK
Trois enfants, âgés de 3 à 8 ans, d'un couple de djihadistes français parti en Irak en 2015 pour rejoindre l'organisation Etat islamique (EI) ont été rapatriés. Leur mère et son plus jeune enfant de moins de 1 an sont restés sur place, selon une information de France Inter. La famille avait été capturée en juillet lors de la reprise de Mossoul. Le père est mort au cours du siège. " Ce retour est le fruit du dialogue qui s'est intensifié ces derniers mois avec le Quai d'Orsay et la Croix-Rouge. Nous restons très vigilants sur la situation de Melina et de son quatrième enfant ", ont déclaré à l'AFP les avocats William Bourdon et Vincent Brengarth. Arrivés en France le 18  décembre, les enfants ont été confiés à l'aide sociale en Seine-Saint-Denis et placés dans des familles d'accueil.
Il s'agit sans doute du premier djihadiste français d'envergure à avoir été arrêté en Syrie. Le vétéran du djihad Thomas Barnouin, ancien  membre de la filière irakienne  d'Artigat (Ariège), aujourd'hui  combattant de l'organisation Etat islamique (EI), a été arrêté à la mi-décembre par les forces kurdes en Syrie en compagnie de plusieurs combattants français. L'information, révélée par TF1-LCI, a été confirmée auMonde de source proche des services de renseignement.
Contacté par Le Monde, Khaled Issa, représentant du Rojava (Kurdistan syrien) en France, précise que ce groupe de six Français a été interpellé par la branche armée du Parti de l'union démocratique (PYD) syrien dans la région d'Hassaké (Nord-Est). Parmi les prisonniers figure un compagnon de route de Thomas Barnouin, Thomas Collange, ancien membre lui aussi de la cellule d'Artigat, une des premières filières d'acheminement de djihadistes français vers l'Irak au milieu des années 2000.
Vieille connaissance des services antiterroristes, Thomas Barnouin, un converti albigeois de 36  ans, est considéré comme un théologien et propagandiste respecté au sein des troupes francophones de l'EI. Il est notamment très proche des frères Jean-Michel et Fabien Clain, les deux responsables de la propagande francophone de l'EI qui ont enregistré le message de revendication des attentats du 13  novembre 2015 à Paris et Saint-Denis.
L'" émir blanc "Selon une note rédigée en  2008 par la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire (SDAT), Thomas Barnouin se serait converti à l'islam en  2000 après la lecture de trois livres  : une " biographie de Malcolm X "Mahomet, la parole d'Allah et la traduction du Coran. Deux ans plus tard, il intègre la mouvance salafiste toulousaine en fréquentant une mosquée du quartier de Bellefontaine, à Toulouse. Il s'y lie d'amitié avec les frères Clain et Sabri Essid, dont le père a épousé la mère de Mohamed Merah, futur auteur des attentats de Toulouse et de Montauban en  2012.
Décrit comme un "  intellectuel  " par un ancien camarade salafiste, Thomas Barnouin part ensuite étudier la théologie à l'Université islamique de Médine, en Arabie saoudite, entre 2003 et 2006. A  son retour en France, il prend la décision de participer au djihad irakien.
La filière dite d'Artigat, du nom du village de l'Ariège où habitait son mentor, Olivier Corel dit l'" émir blanc ", est alors en train de se structurer autour de deux autres figures du salafisme toulousain, les frères Clain. Thomas Barnouin deviendra un de ses pionniers.
En décembre  2006, le jeune -Albigeois s'apprête à rejoindre le champ de bataille irakien en -compagnie de Sabri Essid quand les deux hommes sont arrêtés les armes à la main en Syrie par les  autorités du pays. Après deux mois d'incarcération, Thomas Barnouin et Sabri Essid sont -expulsés le 13  février 2007 et interpellés à l'aéroport d'Orly.
Dans les mois qui suivent, la cellule dite " d'Artigat " est entièrement démantelée. Thomas Barnouin, Sabri Essid, Fabien Clain et cinq de leurs complices seront condamnés en décembre  2009 à cinq ans de prison. Après avoir purgé leur peine, les membres d'Artigat n'ont rien renié de leurs convictions. La cellule renaît vite de ses cendres. Entre janvier et février  2014, plusieurs d'entre eux – Jean-Michel Clain, Imad Djebali, Sabri Essid, Mohamed Megherbi ou encore Thomas Barnouin – rejoignent la Syrie avec femmes et enfants au nez et à la barbe des services de renseignement.
Après avoir échoué dans son implantation irakienne, la cellule, baptisée "  Artigat 2  " par les services antiterroristes, se reconstitue sur une nouvelle terre de djihad. En Syrie, les frères Clain deviennent rapidement des cadres de l'organe de propagande francophone de l'organisation Etat islamique, structurel-lement lié aux services chargés de la planification des attentats. Thomas Barnouin est soupçonné d'être un de leurs lieutenants.
Revendications kurdesMais, avant de quitter la Ville rose, la cellule a pris soin de semer ses graines. Dans une note " confidentiel défense " de décembre  2015, les services de renseignement font état d'un projet d'attentat impliquant des -contacts de Thomas Barnouin. On y trouverait Farouk Ben Abbes, un autre vétéran du djihad qui avait été mis en examen en  2009 pour un projet d'attentat visant le Bataclan. Selon cette note, un groupe de Toulousains, en contact avec Thomas Barnouin, Jean-Michel Clain et Sabri Essid avant leur départ pour la Syrie, projetait une opération en France.
Quel sera le sort de Thomas -Barnouin  ? L'Albigeois est visé par un mandat de recherche de la justice française. Le représentant du -Rojava en France insiste sur le fait que "  les YPG - Unités de protection du peuple - kurdes respectent les règles du droit international qui réglementent les conflits -armés  ". Il profite cependant de l'occasion pour rappeler quelques revendications du Kurdistan syrien  : " La France doit continuer son soutien militaire, mais surtout politique et diplomatique pour que l'expérience démocratique de la Fédération du nord de la Syrie soit protégée et équitablement représentée au pouvoir central dans une Syrie fédérale. "
Allan Kaval, et Soren Seelow (à Paris)
© Le Monde

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire