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Élection au Venezuela: ce que contient la Constituante que veut imposer Nicolas Maduro
Après des mois de contestation, les Vénézuéliens doivent voter pour ou contre ce projet, dans un contexte très tendu
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VENEZUELA - Du retour de la paix à la distribution d'aliments subventionnés, le président vénézuélien Nicolas Maduro et les candidats à l'Assemblée constituante multiplient les promesses pour glaner des suffrages lors de l'élection de ce dimanche 30 juillet.
Cible d'une vague de contestations l'accusant de vouloir étendre ses pouvoirs et prolonger son mandat, Nicolas Maduro entend, grâce à cette Constituante, "perfectionner" l'économie et inscrire ses programmes sociaux dans la Constitution sans passer par le Parlement, contrôlé par l'opposition.
Au total, 6120 candidats se présentent à ce scrutin boycotté par les opposants au régime. Dans leurs messages diffusés à la télévision et à la radio, ils exposent des projets très variés, et parfois insolites, pour réformer la Constitution.
- Commission vérité
Le président socialiste a annoncé que le premier devoir de cette Constituante sera d'installer une "commission de la vérité pour enquêter sur les crimes de la droite" pendant les multiples manifestations qui, depuis le 1er avril, ont fait 113 morts.
"Je suis le premier à vouloir que toute la vérité se sache", a-t-il récemment assuré, en réponse aux accusations d'exactions visant les policiers et militaires pendant cette vague de protestation. Dans une veine plus sommaire, la candidate Dexy Gomez s'engage, elle, à "garantir la paix et l'amour".
- "Perfectionner" l'économie
Avec cette assemblée, Nicolas Maduro souhaite aussi refondre "le système économique" vénézuélien, trop dépendant de la rente pétrolière. Le pays, où le pétrole représente 96% des revenus (25,14 milliards de dollars d'exportations pétrolières en 2016, selon l'Opep), a vu son économie laminée par la chute des cours de l'or noir.
Maduro a donc présenté jeudi un manuel intitulé "Venezuela, pays des mille et une opportunités" rassemblant ses propositions. Parmi les mesures prévues, figure une loi de contrôle des prix visant à lutter contre "la spéculation" et "la guerre économique" menée, selon lui, par l'opposition et les entrepreneurs pour déstabiliser son gouvernement.
Confronté à une inflation vertigineuse (projection de 720% pour 2017 selon le FMI), le gouvernement impose depuis 2003 un strict contrôle des prix qui pèse sur la rentabilité des entreprises locales, qui accusent le gouvernement de provoquer ainsi des pénuries. Pour remédier à cette situation, le candidat Alexander Sala propose "un système de développement" basé non sur le pétrole, mais sur le gaz.
- "Constitutionnaliser les missions"
Une autre des promesses du président vénézuélien consiste à inscrire dans la Constitution les "missions", programmes sociaux nés sous son prédécesseur et mentor décédé Hugo Chavez, ainsi que le "Carnet de la patrie", carte électronique permettant d'acheter des biens de première nécessité subventionnés.
Sur ce thème, le candidat Antonio Leon suggère la distribution à crédit de paniers de produits subventionnés dans les zones populaires. "Qu'on leur donne et ensuite, lorsqu'ils ont de l'argent, ils remboursent", propose-t-il.
- Sécurité
Le gouvernement Maduro entend réformer la police et alourdir les peines pour les auteurs de viols, enlèvements, meurtres et actes de terrorisme. Le Venezuela est l'un des pays les plus violents au monde, avec 70,1 homicides pour 100.000 habitants en 2016 - neuf fois la moyenne mondiale - selon le Parquet.
Pour le postulant à la Constituante Hector Idrogo, il est nécessaire d'inscrire dans la Constitution "un chapitre consacré à la sécurité dans les transports".
- Démocratie participative
Nicolas Maduro veut introduire "de nouvelles formes de démocratie participative", une initiative visant selon l'opposition à établir un système électoral privilégiant le vote des partisans du gouvernement.
De son côté, Oneida Garcia propose de "donner du pouvoir aux communes et conseils communaux". D'autres suggèrent de "transformer l'État", mais sans fournir plus de détails.
- Langage des signes
L'engagement de Nicolas Maduro à réformer la Constitution s'élargit à la lutte contre le réchauffement climatique et au langage des signes, dont il souhaite étendre l'usage.
Candidat étudiant, Carlos Viana veut, lui, que soit mis en place un organe de contrôle qui "vérifie la pertinence de chaque projet de recherche" universitaire.
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