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lundi 28 novembre 2016

HISTOIRE et MEMOIRE - LA GUERRE DE CENT ANS - saison 16

L'HISTOIRE et MEMOIRE 

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Christian LE Moulec
28 novembre, 23:19
LA GUERRE DE CENT ANS 
Saison 16 
Charles VII n’a rien fait pour intervenir en faveur de Jeanne d’Arc, à qui il devait pourtant sa couronne. Le 20 septembre 1435, il signe avec le duc de Bourgogne le traité d’Arras. Ce traité est censé mettre fin à la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons. La conférence d’Arras précède ce traité. D’aucuns y voient la première conférence européenne. Outre la délégation française et la délégation bourguignonne menée par Philippe le Bon en personne, elle réunit l’empereur Sigismond de Luxembourg, Amédée VIII de Savoie, les représentants des rois de Pologne, de Castille, d’Aragon et même une délégation anglaise. 
Charles VII cède les villes de la Somme, le comté de Mâcon et celui d’Auxerre à Philippe le Bon. Voilà donc le duché de Bourgogne devenu indépendant. Certes, le duc de Bourgogne demeure vassal du roi de France, mais il est dispensé de l’hommage. En retour, Charles VII n’obtient qu’une seule chose : la reconnaissance de son titre de roi de France. 
Pour faire oublier ce peu glorieux traité et éloigner le Bourguignon de Paris, Louis XI rachètera à Philippe le Bon, en août 1463, les villes de la Somme cédées par son prédécesseur. 
Plus tard, Charles le Téméraire se sentit le vent en poupe pour créer un royaume de Bourgogne, sauf que le coriace Louis XI ne l’entendait pas ainsi. En outre, le nouveau duc de Bourgogne se mit à dos, par ses excès, les populations des Flandres, d’Alsace et de Suisse. L’aventure s’acheva plutôt mal pour lui ; mais c’est une autre histoire. Revenons à nos moutons. 
En avril 1436, le connétable de Richemont reprend Paris aux Anglais, avec le concours de forces bourguignonnes, devenues alliées, et des habitants de la ville lassés des excès de l’occupant. Outre la garnison anglaise, la ville était sous la coupe d’une forte bande de routiers et d’écorcheurs…L’année suivante, le roi y fit une entrée triomphale. Le royaume a retrouvé enfin sa capitale. 
Faisons place, dans ce récit, à un riche et singulier personnage du nom de Jacques Cœur. Né à Bourges, vers 1395-1400, Cœur est marchand, négociant, banquier et armateur. Il fut le premier Français à établir des relations commerciales suivies avec les pays du Levant. En 1439, le voilà promu Grand Argentier du royaume de France. 
Sa devise « A cuers vaillans, riens impossible », « A coeur vaillant, rien d’impossible ! » 
Ses entreprises commerciales et industrielles le mettent à la tête d’une fortune très considérable. 
Ainsi, il est en mesure d’aider Charles VII à financer des troupes aux fins de bouter l’Anglais hors de Normandie et de Guyenne. Mais sa réussite éclatante fait des envieux et porte ombrage au roi lui-même. A Bourges, il fait bâtir un fastueux palais, considéré comme un chef d’œuvre de l’architecture gothique tardive. Il n’aura pas le temps d’y habiter. Lors de son arrestation, le palais est saisi par la couronne. 
Rivaux et débiteurs montent une cabale contre lui. Disgrâce, prison, torture, bannissement. En 1456, il trouve la mort à Chios (île grecque) lors d’une expédition contre le Turc. 
En mars 1449, malgré une trêve, un mercenaire de l’Anglais, Surienne, s’empare de Fougères. Du coup, la Bretagne, souvent assise entre deux chaises au cours de ce long conflit, bascule officiellement dans le camp français. L’Anglais n’a donc plus d’alliés issus du continent. Et c’est la bataille de Formigny, à proximité de Bayeux, 15 avril 1450. Les Français sont commandés par Charles de Bourbon et Richemont, et les Anglais par sir Thomas Kyriell. 
Les Anglais laissent près de quatre mille morts sur le terrain. Peu après, la Normandie est entièrement récupérée par la France. 
C’est la fin de la guerre de Cent Ans pour la partie nord ! 
Quant au Sud, Bordeaux tombe en juin 1451. 
En août 1451, juste après la capitulation de Bayonne, a lieu l’affaire de la Croix blanche, miracle pour les uns, légende pour les autres. Toujours est-il que les tenants du miracle affirment que dans un ciel pur, le Christ en croix, au-dessus de la ville est apparu. La couronne d’épines s’est peu à peu transformée en fleur de lys. L’image a subsisté une heure. Pour ces croyants, c’est le signe que le royaume de France est revenu à son roi. Les prédicateurs ne manquèrent point d’utiliser ce filon « Voyez la croix ! C’est le signe d’unité depuis le bon roi Charles V ! L’espérance est sur le royaume ! ». 
Les choses ne sont pas si simples que ça. Après la reddition de Bordeaux, Henri VI d’Angleterre envoie sur le continent une armée commandée par John Talbot. Ce dernier reprend la ville. Les échevins ainsi que nombre d’habitants ne sont pas mécontents du tout, se réjouissent même, car la prospérité de leur ville dépend en grande partie du commerce avec l’Angleterre. De fait, le reste de la province se rebelle contre Charles VII, qui se voit obligé d’y envoyer une armée de reconquête. 
Il nous faut finir cette histoire. Et c’est la bataille de Castillon (Gironde), 17 juillet 1453. Les forces en présence ne sont pas vraiment disproportionnées : dix mille hommes, côté français et neuf mille, côté anglais. Mais le maître de l’artillerie française, Jean Bureau, disposait d’une « grosse et menue artillerie mobile », montée sur chariots, et tirant des boulets de fonte de différents calibres, composée de quelque trois cents pièces ! C’était une véritable artillerie de campagne, innovation militaire d’importance. En effet, à cette époque, l’artillerie était surtout utilisée pour les sièges. 
Ce qui devait arriver arriva. Bureau avait savamment ajusté ses pièces. Il lança des tirs en enfilade de toutes les bouches. La canonnade a un effet dévastateur. L’Anglais, surpris, commence à voir les choses en noir. Un boulet de couleuvrine tue le cheval de Talbot et lui brise une jambe. Fidèle au serment fait à Charles VII, il est sans arme et sans armure. Non reconnu, il est tué par un archer français « Ainsi finit ce fameux et redouté chef anglais, qui passait depuis si longtemps pour l'un des fléaux les plus formidables et un des plus jurés ennemis de la France ». 
Les Anglais perdent, là-aussi, quatre mille hommes. 
Après cette bataille décisive, la Guyenne redevint entièrement française. La guerre de Cent Ans est terminée. Les Anglais « boutés hors de France » ne conservent plus que Calais ! 
Charles VII, surnommé par certains « le Victorieux » triomphe. Mais d’autres, qui n’oublient pas l’héroïne de Domrémy le surnomment « l’Ingrat ». 
« Où est Jeanne, la bonne lorraine, qu’Anglois brûlèrent à Rouen ? » François Villon. 
Fin. 
Ci-dessous : 
Reprise de Paris aux Anglais par Arthur de Richemont, avril 1436. 
Statue en marbre de Jacques Cœur à Bourges réalisée en 1874 par Auguste Préault. 
Vue de la façade intérieure et de la tour d'escalier principale du Palais Jacques-Cœur, à Bourges. 
Bataille de Formigny, avril 1450. Manuscrit XVème siècle. 
Bataille de Castillon, juillet 1453, miniature extraite des "Vigiles du roi Charles VII" de Martial d'Auvergne, fin du XVe siècle, Paris, BnF. 
Plan de la bataille de Castillon. 
Effigie de John Talbot (Whitchurch, Shropshire). 
Jean Bureau. Grand maître de l’artillerie de Charles VII.


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