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C’est un fait, la désignation de François Fillon est un tournant majeur dans la vie politique française.
Lundi soir, au 20h de France 2, le désormais candidat de la droite et du centre à l'élection présidentielle a confirmé son projet de remise en cause de la sécurité sociale. "Les plus modestes ne seront pas moins bien remboursés" a-t-il notamment déclaré. C'est donc que tous les autres le seront, notamment les classes moyennes !
M. Fillon entérine la fin de l'assurance maladie solidaire qui prend en charge en fonction des besoins, et non des moyens de chacun.
C'est un fait, la désignation de François Fillon est un tournant majeur dans la vie politique française. Pour la première fois dans son histoire, la droite républicaine assume de tourner le dos à la sécurité sociale. Une véritable rupture dont les Français doivent mesurer la portée concrète pour leur santé et leur pouvoir d'achat.
En proposant – je cite – de "focaliser l'assurance publique universelle sur des affections graves ou de longue durée, et l'assurance privée sur le reste", M. Fillon entérine la fin de l'assurance maladie solidaire qui prend en charge en fonction des besoins, et non des moyens de chacun. Concrètement, cela veut dire que seuls les soins liés aux maladies chroniques – cancer, diabète ou Alzheimer, par exemple – pourront être remboursés par la sécurité sociale. Pour tout le reste, les Français en seront de leur poche ou devront payer, plus cher, une assurance privée.
Une famille dont les 3 enfants contractent à tour de rôle une angine l'hiver devra payer autour de 200€. Pour une femme enceinte suivie tout au long de sa grossesse, ce sera 544€ - et encore, au tarif sécu actuel ! Une personne qui a de l'hypertension artérielle paiera désormais de sa poche 320€ par an. Voilà quelques exemples, seulement, des frais nouveaux que les Français auront désormais à budgéter dans leurs dépenses courantes. Je ne parle pas du traitement des caries chez le dentiste, ou encore de la contraception des mineures et de l'IVG qui seront déremboursées elles-aussi, pour le plus grand bonheur des soutiens historiques de M. Fillon qui formulaient cette proposition il y a quelques mois encore à l'Assemblée nationale.
Transférer l'intégralité des soins courants aux complémentaires-santé, comme il le propose, fera nécessairement exploser le montant des cotisations.
Ce coup porté à la santé et au pouvoir d'achat des Français est pleinement assumé. Les classes moyennes seront les plus directement touchées. M. Fillon propose en effet – je cite encore son programme – que "les moins favorisés bénéficient d'un régime spécial de couverture accrue", en ne disant rien de la nature de cette couverture. Pour tous les autres, "qui peuvent accéder à une assurance privée", il faudra payer. Et payer cher. Transférer l'intégralité des soins courants aux complémentaires-santé, comme il le propose, fera nécessairement exploser le montant des cotisations.
Rien de cela ne relève du fantasme. Aucune interprétation, aucune extrapolation : il s'agit tout simplement de l'application directe du programme de M. Fillon. Sa porte-parole a encore récemment affirmé, explicitement, qu'il n'y a aucune raison de rembourser les soins dentaires, l'optique et les audioprothèses !
Chercher à justifier cela par la contrainte budgétaire, c'est mentir aux Français : la commission des comptes de la sécurité sociale, qui est indépendante, indiquait il y a quelques semaines que l'assurance maladie ne s'était jamais aussi bien portée depuis 15 ans. La réalité, c'est que ce bouleversement relève d'un choix idéologique : pour M. Fillon, la santé n'a pas à être couverte par la solidarité nationale. Ce choix, il a un nom et un visage : le système de santé américain d'avant l'Obamacare. La sécurité sociale française, enviée dans le monde entier, cesserait alors d'être un modèle. Les Français doivent le savoir.
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