L'ECONOMIE
Mardi 29 novembre 2016
Subventions à Boeing : l’UE gagne une manche à l’OMC |
Scott Francher, vice-président de Boeing, présente le Boeing 777X à Tokyo, le 2 août 2013. TOSHIFUMI KITAMURA / AFP
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L’Union européenne (UE), engagée dans un bras de fer avec les Etats-Unis à propos des subventions à Boeing, a gagné une manche lundi devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Un tribunal d’arbitrage a en effet décidé qu’une partie des aides fiscales accordées par l’Etat de Washington (dans le nord-ouest des Etats-Unis) destinées à la fabrication du nouveau long-courrier de Boeing, le 777X, étaient en fait des subventions interdites par
les règles de l’OMC et que les Etats-Unis avaient un délai de quatre-vingt-dix jours pour se mettre en conformité avec cette décision. Le futur Boeing 777X est considéré comme le rival de l’Airbus A350 et sa fabrication devrait commencer en 2017 pour une mise sur le marché en 2020. L’UE a porté plainte contre les Etats-Unis devant l’OMC dans cette affaire en décembre 2014 et il aura fallu presque deux ans pour que soit rendue publique la première décision à ce sujet. Chacune des deux parties peut faire appel de cette décision devant l’Organisation mondiale du commerce. Dès l’annonce de la décision, Boeing a d’ailleurs annoncé que les Etats-Unis allaient « probablement » faire appel. Matt McAlvanah, un porte-parole de l’USTR (United States Trade Representative), le Bureau du représentant américain chargé du commerce, a rappelé que les aides incriminées par l’OMC ne représentent que 50 millions de dollars par an accordés à Boeing. Si appel il y a, le verdict final ne sera pas connu au moins avant la fin de 2018, voire le début de 2019, selon l’avocat de Boeing.
L’Union européenne a, quant à elle, crié victoire. « Il s’agit d’une victoire majeure pour l’UE dans le cadre de son différend commercial concernant Boeing », a réagi la Commission européenne. Selon l’UE, l’OMC a« considéré que la décision américaine datant de novembre 2013 d’étendre les exemptions fiscales pour Boeing jusqu’en 2040 allait à l’encontre de décisions précédentes de l’OMC ». Pour la commissaire européenne Cecilia Malmström, « la décision de ce jour de l’OMC est une importante victoire pour l’UE et son industrie aéronautique, le panel [le tribunal d’arbitrage] a estimé que les subventions massives supplémentaires de 5,7 milliards de dollars données par l’Etat de Washington à Boeing étaient strictement illégales ».
« Après cette décision historique prise aujourd’hui, les subventions illégales doivent être annulées sans plus attendre, impliquant l’abandon par Boeing de ces subventions fiscales massives », s’est félicité Tom Enders, le patron d’Airbus. L’OMC est le théâtre depuis plus de dix ans de la bataille entre Boeing et Airbus, que se livre respectivement les Etats-Unis et l’Union européenne, à propos des subventions et des aides respectives accordées par chacune de ces parties à son industrie aéronautique. En septembre, dans un autre conflit commercial lié à Airbus, un tribunal d’arbitrage de l’OMC avait décrété que l’UE et certains de ses Etats membres n’avaient pas mis leurs subventions à Airbus en conformité avec les règles de l’OMC. |
Croissance basse. La croissance du produit intérieur brut (PIB) a bel et bien plafonné à 0,2 % en France au troisième trimestre, malgré une hausse de l’investissement, selon une deuxième estimation publiée mardi par l’Insee. Ce chiffre, conforme aux prévisions publiées durant l’été par l’institut statistique, fait suite au coup d’arrêt brutal subi par l’économie française au deuxième trimestre (– 0,1 %). Il s’explique principalement par la faiblesse de la consommation, restée stable entre juillet et septembre, mais aussi par les mauvais chiffres du commerce extérieur, plombé par la hausse des importations, précise l’institut statistique.
Dôme d’acier sur Tchernobyl. L’Ukraine inaugure mardi le dôme de confinement qui va recouvrir le réacteur accidenté de la centrale de Tchernobyl, un projet hors norme financé à hauteur de 2 milliards d’euros par la communauté internationale et qui doit assurer la sécurité du site pour les cent ans à venir. En forme d’arche, cette cloche de confinement est une ossature métallique de 25 000 tonnes (36 000 tonnes équipée), de 108 mètres de haut et 162 mètres de long.
Suppression de postes chez Airbus. L’avionneur européen Airbus annonce mardi le nombre de suppressions de postes qu’entraînera l’an prochain sa restructuration, tandis que les premières évaluations syndicales font état de plus de 1 300 emplois, suscitant des craintes de
licenciements secs. Le comité européen d’Airbus doit se réunir de 10 heures à 12 h 30 mardi au siège de Blagnac, près de Toulouse, afin de détailler les suppressions d’emploi qui viseraient principalement la France et l’Allemagne.
Gattaz salue le réformisme de Fillon, qui se défend de son programme. Les réformes proposées par François Fillon doivent être comparées à celles de Gerhard Schröder, et non de Margaret Thatcher, estime dans un entretien aux Echos le patron du Mouvement des entreprises de France (Medef), Pierre Gattaz, qui salue le « réformisme » du candidat à la présidentielle. François Fillon « met l’entreprise au cœur de son plan de redressement », estime le responsable du premier syndicat patronal dans cet entretien publié lundi soir sur le site Internet du quotidien. François Fillon s’est engagé mardi soir à ce que les personnes « aux revenus modestes » ne soient « pas moins bien remboursées » alors que son programme sur la Sécurité sociale suscite critiques et inquiétudes, notamment à gauche.
Canal Seine-Nord. L’Etat, les régions Hauts-de-France et Ile-de-France ainsi que les départements intéressés sont parvenus lundi à « un accord sur un projet de protocole financier » pour la réalisation du canal Seine-Nord, un projet de 4,5 milliards d’euros jusqu’ici sans cesse repoussé, a annoncé le secrétaire d’Etat chargé des transports, Alain Vidalies. L’Union européenne doit apporter 1,8 milliard pour financer ce projet.
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Micro-Macro |
par Thibaut Soulcié |
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Dans la presse étrangère |
Le lucratif marché des cryptomonnaies à Hongkong |
Une affiche bitcoin à Hongkong, le 28 février 2014. © BOBBY YIP / REUTERS / REUTERS
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Arthur Hayes est un jeune génie de la finance, diplômé de la Wharton School of Business, et installé depuis quelques années à Hongkong. Cet Afro-Américain, d’abord trader sur les dérivés financiers, a ensuite fondé en 2013 dans l’ancienne dépendance de la couronne britannique BitMex,une plate-forme qui offre aux investisseurs l’accès aux marchés financiers mondiaux en utilisant seulement le bitcoin, la monnaie cryptographique électronique. Il s’est investi dans ce domaine, car le bitcoin « est un marché vierge, un marché intact où l’on peut tout faire », d’autant plus que la Chine est le havre de 93 % des échanges mondiaux de bitcoins, note OZY, offrant d’importantes occasions de profit. BitMex permet d’échanger des bitcoins et d’autres cryptomonnaies en yuans, roubles et dollars. Les utilisateurs s’inscrivent à un compte BitMEX gratuit en ligne, déposent des bitcoins – pour lesquels ils ont échangé – et parient ensuite sur la valeur des devises ou des dérivés financiers qui sont basés sur des actions réelles, des obligations et d’autres produits financiers.
BitMEX se passe d’intermédiaire, permettant aux utilisateurs d’investir leurs bitcoins dans des actions de Bourses étrangères comme celle de Hongkong. Aujourd’hui, la plate-forme financière compte plus de 5 800 utilisateurs et un volume quotidien d’échanges de 2,5 à 5 millions de dollars. Depuis son décollage en 2009, la valeur du bitcoin est passée de 1 dollar en 2011 à plus de 500 dollars en 2016. Jusqu’à présent, BitMEX a recueilli 360 000 dollars de revenus au cours des deux dernières années. La Chine est une opportunité, car Hongkong n’a pas pris la peine de classer le bitcoin comme une monnaie, contrairement à de nombreux pays occidentaux. Cela signifie que les traders peuvent toujours jouer le jeu comme les promoteurs du bitcoin à l’origine voulaient qu’il soit joué : sans entraves par des règlements gouvernementaux. Par ailleurs, BitMEX permet la négociation directe de devises étrangères, permettant aux clients qui « ont seulement quelques centaines de dollars dans leurs poches au lieu de millions » d’investir et spéculer. Mais M. Hayes n’est pas seul sur ce marché lucratif. D’autres bitcoins ont émergé comme BitVC et OKCoin. De plus, les géants bancaires se mobilisent. Citigroup développe ainsi sa propre monnaie numérique, appelée « Citicoin ». A la concurrence s’ajoute aussi la volatilité du bitcoin, qui reste effrayante. Récemment, Bitfinex, un concurrent de BitMEX, a perdu ses 119 756 bitcoins, d’une valeur d’environ 65 millions de dollars, en raison d’un hackeur malveillant, ce qui a fait baisser la valeur du bitcoin de plus de 20 %. Néanmoins, M. Hayes, un natif de Detroit, envisage BitMEX comme une plate-forme complète offrant des rendements fiables et réguliers aux traders financiers indépendants. Pour lui, les cryptomonnaies sont à l’évidence « l’avenir de la finance ».
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Etudes & documents |
La Chine gaspille des milliards d’euros dans des centrales à charbon« inutiles ». La Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, projette de dépenser des centaines de milliards d’euros dans des centrales à charbon dont elle n’a aucun besoin, dénonce lundi une association écologiste. Le géant asiatique pourrait dépenser 460 milliards d’euros dans des centrales à charbon qui resteront inemployées, estime un rapport de Carbon Tracker Initiative, une organisation analysant les conséquences financières du changement climatique. En juillet, les capacités des centrales à charbon existantes s’élevaient en Chine à 895 gigawatts (GW), mais ces 2 689 sites « ne sont utilisés que la moitié du temps », note le rapport. Et pourtant, les constructions de centrales à charbon se poursuivent à vive allure – au rythme de deux nouveaux chantiers par semaine pour la seule année 2015. Des infrastructures dont raffolent les gouvernements locaux. Le charbon, dont la Chine est le premier consommateur mondial, reste un indispensable carburant de son économie, fournissant 60 % de son électricité. La consommation du pays a d’ailleurs doublé sur la décennie 2004-2014, jusqu’à dépasser 4 milliards de tonnes par an.
Les téléspectateurs mondiaux préfèrent les séries locales. Les chaînes de télévision mondiales misent toujours plus sur des fictions locales et des adaptations pour fédérer leurs spectateurs, relève un rapport de l’institut Médiamétrie publié jeudi. Les séries locales représentent pas moins de 84 % des programmes classés dans le top 15 des pays étudiés dans ce rapport, qui sonde 103 chaînes dans 13 pays, de l’Allemagne au Venezuela.
Une tendance qui s’impose même en France, où malgré un goût prononcé pour les séries américaines, la place des séries nationales ne cesse d’augmenter. « On constate une difficulté des titres étrangers à s’imposer dans les tops nationaux », a dit à l’AFP Avril Blondelot, responsable des études internationales chez Eurodata TV Worldwide, le cabinet d’études de Médiamétrie. « Le nombre de grandes marques internationales comme Les Experts ou Downton Abbey a baissé d’une saison à l’autre », explique Avril Blondelot. Les téléspectateurs sont aussi séduits par des adaptations de séries étrangères, comme les succès de TF1 Le Secret d’Elise, adapté de la série américaine The Oaks, ou Sam, inspirée de la danoiseRita. Sur les chaînes européennes étudiées, la part des adaptations dans les séries lancées entre septembre 2015 et juin 2016 a doublé en un an. La diffusion de séries américaines reste cependant une stratégie gagnante pour les chaînes challengers, comme M6 en France ou Pro7 en Allemagne, qui ont par exemple diffusé avec succès cette année la nouvelle saison de la série américaine X-Files. |
À lire sur Le Monde.fr |
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