L'ECONOMIE
Vendredi 30 septembre 2016
L’économie japonaise toujours en déflation |
Vue de la skyline à Tokyo, le 13 février 2016. KAZUHIRO NOGI/AFP
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Les prix à la consommation ont reculé en août au Japon pour le sixième mois de suite, idem pour la consommation des ménages, qui a lourdement chuté dans une troisième économie mondiale qui échoué à relancer la stratégie « abenomics ». Hors ceux des produits périssables, les prix ont diminué de 0,5 % comparés à leur niveau un an plus tôt, a annoncé vendredi le ministère des affaires intérieures, une semaine après l’adoption d’une nouvelle stratégie par la banque centrale dans le but de terrasser une déflation persistante. Outre l’impact de la chute des cours du pétrole, l’évolution des prix pâtit d’une activité au ralenti.
La consommation des ménages, dans le rouge de manière quasi ininterrompue depuis le printemps 2014, a décliné le mois dernier de 4,6 % sur un an. Petite consolation, la production industrielle a dépassé les attentes, progressant de 1,5 % sur un mois, après un recul de 0,4 % en juillet, selon les données préliminaires publiées vendredi par le ministère de l’industrie (METI).
L’indicateur de la production industrielle évolue en dents de scie au gré des ajustements en temps réel des firmes, très frileuses à investir face au regain du yen qui pénalise leurs affaires.
L’enquête Tankan de la Banque du Japon (BoJ), perçue comme un indicateur important de l’état d’esprit du monde des affaires, fournira lundi des éléments plus pertinents pour jauger le moral des entrepreneurs. Selon les estimations des économistes, l’indice de confiance des grandes firmes manufacturières est attendu en petite hausse. A noter enfin, un léger regain du taux de chômage au Japon en août (+ 0,1 point). Il reste cependant proche de niveaux inédits depuis 1995, à 3,1 % de la population active, d’après le ministère des affaires intérieures. Le taux de chômage masculin a grimpé de 0,2 point à 3,4 %, tandis que celui des femmes a stagné à 2,7 %. Les conditions d’emploi sont, sur le papier du moins, restées extrêmement favorables, avec en août, comme le mois précédent, 137 offres pour 100 demandes, du jamais-vu en un quart de siècle, selon le ministère du travail. Cependant ce taux de chômage, dit « intégral », ne tient compte que des individus n’ayant pas du tout travaillé dans le mois considéré. Il masque de ce fait l’essor du nombre d’emplois précaires, aux faibles rémunérations.« L’économie du Japon va probablement continuer à se redresser au troisième trimestre, mais la dynamique de croissance sera probablement faible », a commenté pour Bloomberg YuichiKodama, chef économiste chez Meiji Yasuda Life Insurance Co. à Tokyo. « Il n’y a pas de changement au fait que l’économie du Japon n’a pas de force directrice pour stimuler la croissance. » La Bourse de Tokyo a fini la journée de vendredi en forte baisse, le Nikkei perdant 1,46 %, plombé par des statistiques macroéconomiques plus que médiocres au Japon et par les inquiétudes entourant la Deutsche Bank. |
Londres signe pour Hinkley Point, Areva décroche un gros contrat. Le gouvernement britannique a signé jeudi un accord pour construire une puissante centrale nucléaire à Hinkley Point, avec la compagnie d’électricité française EDF et son partenaire chinois CGN. Paraphé en présence du ministre des affaires étrangères français, Jean-Marc Ayrault, ce projet de 18 milliards de livres (21 milliards d’euros) consiste à édifier deux réacteurs de type EPR dans le sud-ouest de l’Angleterre, pour une mise en service prévue à la fin de 2025. Areva a annoncé avoir décroché des contrats d’un montant total de plus de 5 milliards d’euros dans le cadre du projet Hinkley Point en Grande-Bretagne. Areva sera notamment chargé de la réalisation de deux chaudières nucléaires, de leur conception jusqu’à leur mise en service, et va également se charger de fabriquer et fournir le combustible pour les deux réacteurs EPR.
Reprise de la consommation. Les dépenses de consommation des ménages français en biens ont rebondi de 0,7 % en août, après quatre mois consécutifs de baisse, a annoncé vendredi l’Insee. Cette hausse s’explique en particulier par la reprise des achats d’automobiles et la hausse des dépenses en carburants, explique l’institut statistique.
Accélération de la croissance américaine. La croissance de l’économie des Etats-Unis a été un peu meilleure que prévu au deuxième trimestre, selon la 3e estimation du ministère du commerce publiée jeudi. Au deuxième trimestre, le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis a crû de 1,4 % en rythme annualisé, après seulement 0,8 % au 1er trimestre.
Commerzbank veut supprimer 20 % de ses postes. Mise à mal par la concurrence et la faiblesse des taux d’intérêt en Europe, la deuxième banque allemande Commerzbank a annoncé jeudi un vaste plan de restructuration qui va se solder par la suppression de près d’un emploi sur cinq. L’institut de Francfort, qui a enchaîné les restructurations depuis le rachat en 2009 de sa rivale Dresdner Bank, veut cette fois supprimer 9 600 emplois d’ici à 2020. Cela représente près d’un cinquième des effectifs de la banque, qui compte 51 300 employés.
Retraites gelées. Il n’y aura pas de revalorisation des retraites au 1er octobre en raison de l’absence d’inflation, a déclaré à LCI le secrétaire d’Etat chargé du budget, Christian Eckert.
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Micro-Macro |
par Thibaut Soulcié |
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Dans la presse étrangère |
Paris se met à l’anglais pour attirer les sociétés britanniques |
Un drapeau britannique le 7 avril 2004 à l’aéroport de Toulouse-Blagnac avant l’arrivée de la reine Elizabeth II d’Angleterre. PASCAL PAVANI / AFP
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Alors que le Royaume-Uni est en proie à l’incertitude en raison de sa sortie imminente de l’Union européenne, les Etats membres tentent d’attirer les entreprises hors de Grande-Bretagne. La France a été parmi les pays les plus agressifs, promettant aux entreprises financières de Londres inquiètes un accès sans entrave aux marchés européens dont elles bénéficient actuellement, ainsi qu’une transition en douceur et un processus d’enregistrement facile. Et tout cela peut être fait en anglais, expliqueQuartz. Deux régulateurs financiers français, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) et l’Autorité des marchés financiers (AMF) ont annoncé qu’ils « simplifi[ai]ent et accélér[ai]ent » les procédures d’octroi de licences pour les entreprises installées au Royaume-Uni qui souhaitent déménager en Europe continentale. Cette initiative est bien calculée, considérant qu’une enquête cette semaine a révélé que les trois quarts des chefs d’entreprise en Grande-Bretagne envisagent de déplacer des activités hors du Royaume-Uni en raison du « Brexit ». Les autorités françaises vont maintenant accepter les dossiers de candidature et juridiques rédigés en anglais. Un point de contact anglophone sera nommé pour guider les entreprises dans leurs procédures. Cette ouverture à l’anglais est remarquable dans un pays où la bureaucratie a toujours été protectrice de sa langue maternelle. Mais pour attirer ses voisins d’outre-Manche, la France aura à faire face à rude concurrence, notamment de l’Irlande… où l’anglais est la langue maternelle.
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Etudes & documents |
Compétitivité française. Pour la deuxième année de suite, la compétitivité de la France a continué de s’améliorer, révèle le dernier rapport (2016-2017) sur ce sujet établi par le Forum économique mondial (WEF) et rendu public mercredi 28 septembre à Genève (Suisse). L’Hexagone occupe désormais le 21e rang mondial, après le 22e en 2015-2016 et plusieurs années de reculs successifs. La France reste cependant encore éloignée de la 15e place qu’elle avait obtenue en 2010, selon le WEF, qui organise chaque année le Forum de Davos.
Les bienfaits économiques de l’immigration. Le Fonds monétaire international (FMI) a défendu mardi les bienfaits économiques de l’immigration malgré des« défis » et au moment où les flux migratoires provoquent une polarisation croissante en Europe et aux Etats-Unis. « Les migrations peuvent provoquer des tensions sociales et des réactions politiques hostiles dans les pays hôtes mais l’expérience passée suggère qu’elles peuvent aussi offrir des gains en termes de plus forte croissance, de productivité et de remède au vieillissement de la population », indique un rapport du FMI. Une augmentation d’un point de pourcentage de la proportion des migrants dans la population adulte du pays hôte peut ainsi doper le PIB par habitant de « 2 % à long terme », selon ce rapport publié en préambule de l’assemblée annuelle du FMI la semaine prochaine. Le Fonds note toutefois qu’une intégration rapide de ces nouvelles populations est« cruciale » et qu’elle doit être favorisée par des mesures qui peuvent s’avérer« coûteuses dans le court terme » pour le pays d’accueil (aide à l’apprentissage des langues, formation…). L’institution reconnaît également que les flux migratoires, qui ont connu en Europe des niveaux sans précédent depuis la seconde guerre mondiale, représentent un « défi » dans les pays d’accueil en raison des différences culturelles et des risques d’exploitation politique. Aux Etats-Unis, le candidat républicain à la Maison Blanche Donald Trump veut ériger un mur à la frontière mexicaine pour stopper les flux de population, tandis que la question migratoire a, selon le FMI, joué « un rôle » dans la victoire des partisans du « Brexit » en Grande-Bretagne. Le Fonds note également que les réfugiés, en opposition aux migrants économiques, posent un « défi supplémentaire » en raison de l’incertitude entourant leur statut et de l’interdiction qui leur est faite de travailler tant que le droit d’asile ne leur a pas été accordé. « Les réfugiés requièrent une attention spéciale », assure le FMI.
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