LE BILLET
Jean Lassalle, un berger à l’Élysée
Incorrigible cabotin ou authentique écorché vif ? Les deux, mon général, et personne n’ira se plaindre des multiples contradictions qui façonnent sa personnalité. Pour une fois qu’un dit « centriste » ne se résume pas à un filet d’eau tiède. On l’a vu, dans l’Hémicycle, entonner des chants béarnais à tue-tête, laquelle s’orne généralement d’un rustique béret. Et s’infliger, devant l’Assemblée, une éprouvante grève de la faim contre la délocalisation d’une usine de sa vallée d’Aspe. Et partir « à la rencontre du peuple » en 2013, marchant pendant 5000 km à travers la France.
Soucieux de ne pas s’arrêter en si bon chemin, Jean Lassalle se présente maintenant à l’élection présidentielle. Encore faut-il parvenir à collecter les parrainages nécessaires. De sa voix chargée de rocailles, le gaillard balaie l’objection : « Si je ne suis pas foutu de réunir ces 500 signatures de merde, c’est que je n’ai plus rien à faire en politique ! » Aucun parti ne le soutient, pourtant. Il a quitté le MoDem et brisé avec l’ami Bayrou, ne lui pardonnant pas son ralliement à Juppé. L’atypique député des Pyrénées-Atlantiques monte seul au scrutin, candidat déclaré des « gens de peu », des paysans, des territoires oubliés…
Il vient de publier un livre dont le titre se veut prophétique : « Un berger à l’Élysée ». Ça pourrait être utile, au fond, lorsque viendra enfin la transhumance des énarques. Lassalle, en attendant, s’applique à porter le désarroi du pays profond et prend la mesure de son futur job. Ni l’énergie, ni l’humour ne lui manquent : « Je dois me préparer à l’immense campagne de déstabilisation mondiale dont je ferai l’objet après ma victoire. » En cas de défaite, le Béarn l’aimera quand même.
Par Gilles DEBERNARDI | Publié le 31/10/2016 à 06:02 Vu 2284 fois
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