Francois Coq à lu attentivement l' interview d' Arnaud Montebourg dans le JDD. Il y fait un constat dérangeant sur le projet d' alliance du candidat socialiste à la primaire du PS et de ses alliés. Jlm
Le PCF de Charybde en Scylla
Après que Scylla Dartigolles ait ce lundi fait retentir le cri de l’appel montebourgeois indiquant la disponibilité du PCF pour attendre février et la fin de la primaire socialiste pour décider réellement du choix de son parti, Charybde Montebourg affiche dès le dimanche, dans une interview au JDD, sa volonté d’engloutir le PCF qui se serait aventureusement risqué dans la passe.
Les journalistes du JDD ont ainsi tout suivi du nouveau calendrier proposé lundi par la direction du PCF : quel que soit le résultat du vote de la consultation interne qui débute le 5 novembre, la décision sera inféodée au résultat de la primaire socialiste qui se tient elle fin janvier et à une hypothétique victoire d’Arnaud Montebourg lors de celle-ci. Ainsi, interrogé sur un éventuel soutien du PCF dès le premier tour en cas de victoire à la primaire, Arnaud Montebourg répond par…François Mitterrand : « François Mitterrand m’a beaucoup inspiré ». Pas sûr qu’un tel exemple soit de nature à rassurer les communistes. Car Arnaud Montebourg va au bout de sa logique, souhaitant « réaliser l’union des gauches ». Cette position mérite que l’on s’y attarde. C’est en effet au nom de ce regroupement à gauche qu’Arnaud Montebourg propose que Manuel Valls le rejoigne dans la primaire socialiste, lui lançant ainsi : « Quitte le gouvernement et sois candidat à la primaire !». Avant que de réaffirmer quelques instants après : « J’accepterai le résultat de la primaire », et donc de se ranger derrière François Hollande…ou désormais Manuel Valls. Un retour à l’époque du gouvernement en sorte…
De telles déclarations devraient interpeller le PCF. Ce dernier clame en effet depuis le mois de mars (de janvier à mars, l’hypothèse de la participation à la primaire à laquelle participerait François Hollande était encore ouverte…) qu’il ne souhaite pas participer à une primaire dans laquelle s’inscriraient François Hollande ou Manuel Valls ou les tenants de la ligne politique qu’ils incarnent. Voilà pourtant désormais la place du Colonel Fabien prête à assujettir sa décision à une telle primaire. Pire, c’est au moment même où le président sortant se voit en situation d’être possiblement expulsé de cette primaire que le candidat sur lequel elle mise y invite… Manuel Valls, ramenant de fait la primaire à un choix contraignant entre des lignes stratégiques et idéologiques, ce à quoi justement ne veut pas participer le PCF qui craint à juste titre que ce ne soit pas le résultat désiré qui en sorte. Echec et mat.
Le Monde, perfide, peut alors bien titrer « Montebourg prêt à l’union avec les PCF mais pas avec Jean-Luc Mélenchon», celle-ci a tout du traquenard. Interrogé sur « l’union avec les communistes […]dès le premier tour » de la présidentielle, Arnaud Montebourg répond : « Pourquoi pas, s’ils le souhaitent ? Mon projet a été applaudi à la Fête deL’Humanité comme dans des cercles d’entrepreneurs, devant lesquels je tiens exactement le même langage. » Au moins les choses sont claires : « s’ils le souhaitent ». Ni discussions, ni négociations sur le fond, ce serait un ralliement sans conditions. Il faudrait aux communistes avaler Montebourg mais aussi son programme. Celui-ci est d’ailleurs selon lui déjà passé sous les fourches caudines du PCF via l’applaudimètre de la fête de l’Humanité…ramenée au même rang que la supposée validation par des cercles d’entrepreneurs. Le programme ne semble pas communiste pour autant. Arnaud Montebourg, qui refuse dans la même interview l’augmentation du Smic et des salaires sauf dans une improbable convergence européenne, le qualifie ainsi de « socialiste mais pas seulement : il est aussi républicain, écologiste, et même gaulliste social ». Communiste point. Quant à imposer ensuite quoi que ce soit à celui qui viendrait de gagner la primaire du PS, c’est là une curieuse conception de l’évaluation des rapports de force…Un tel choix de la part des communistes serait pour le moins curieux à l’heure où L’avenir en commun, le programme de la France Insoumise et de celui- qui fut leur candidat en 2012, est le prolongement de l’Humain d’abord et reprend 80% du relevé de conclusions du questionnaire que le PCF a distribué ces derniers mois.
Montebourg a il est vrai ceci de commun avec les dirigeants du PCF de chercher dans la période à égratigner Jean-Luc Mélenchon. Ainsi, dans son interview au JDD, il assène :« Ce qui sépare Mélenchon du reste de la gauche, c’est sa radicalité et son isolement ». Sauf à préférer être mal accompagné par quelques pachydermes impotents, les 140.000 insoumis, les 4 millions de voix de 2012 et la dynamique populaire autour de la candidature de Jean-Luc Mélenchon font que le second point ne mérite pas que l’on s’y attarde. Pour ce qui est du premier point par contre, interrogé peu après sur l’Europe, Arnaud Montebourg trouve finalement à la radicalité des vertus qu’il ne soupçonnait pas jusqu’alors, se présentant, diantre, comme un « réformateur radical de l’Union européenne ». Comme quoi, ce n’est pas la radicalité qui est un problème, Arnaud Montebourg étant d’ailleurs obligé de concéder plus loin qu’ « elle est parfois nécessaire ». En l’occurrence, c’est plus le côté « réformateur » de cette Europe qui peut soulever des interrogations…
C’est une bien curieuse semaine qui s’achève, les cris de Scylla poussant donc le PCF vers Charybde. Les communistes, interpellés le 5 novembre par leur direction, devraient pour éviter l’écueil se souvenir qu’Ulysse, avant que de faire naufrage, y perdit ses compagnons.
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