L’EPOPEE DE JONAS
Jonas est le cinquième des douze petits prophètes de la Bible. Il est, selon une logique indubitable, le personnage principal du livre de Jonas qui fait partie du Tanakh ou Bible hébraïque et de l’Ancien Testament chrétien.
Par bien des côtés, et contrairement à la plupart de ses collègues, Jonas est proche de monsieur-tout-le-monde par ses peurs, sa naïveté, ses pics de courage, ses désobéissances, ses effronteries, ses colères et ses joies pas toujours gentillettes. Bref, il est plutôt sympa.
Un jour, le Seigneur dit à Jonas « Va à Ninive, la terrible capitale. Déclare en mon nom à ses habitants –J’ai assez de vos crimes. La mesure est comble et c’est grande honte. Changez, ou je vais vous détruire !-» Sauf que Jonas a bien trop peur pour obéir. Il sait que prétendre détourner les Ninivites de leurs débauches équivaut à retirer un os à moelle de la gueule d’un mâtin. Au lieu de partir vers l’est, il fuit vers l’ouest, et sur un navire s’embarque pour le sud de l’Espagne, une des extrémités du monde alors connu. Naïf Jonas qui oublie que rien ni aucun lieu ne sauraient échapper à l’œil du Seigneur. Et pourtant, il aurait dû se souvenir de l’affaire Caïn-Abel.
Mais voilà que le Seigneur fait souffler un vent violent. D’énormes vagues montent à l’assaut du rafiot. C’est une grave tempête. On prend peur. Jonas dort dans la cale. On le réveille et on lui demande « Etranger, ne serait-ce pas toi le coupable ? » Il répond « Oui, en effet, ce doit être moi. Eh bien ! Jetez-moi à la mer ! ». Mais les matelots, qui somme toute ne sont pas de mauvais diables, hésitent. Ils font tout ce qu’ils peuvent pour sauver le navire sans condamner Jonas. Vivres, ancres, cordages et voiles de rechange sont jetés par-dessus bord. Mais rien n’y fait, la force de l’ouragan ne fait qu’augmenter.
« Pardonne-nous ! » disent-ils, et, à bout d’espoir, ils se résolvent à jeter Jonas à l’eau. Aussitôt, le vent tombe et tout se calme…
Notre ami Jonas flottait entre deux eaux quand un gigantesque poisson l’avale. Il ne s’agit point d’une baleine. Cette dernière ne l’aurait pu faire. Dans les ténèbres, l’infortuné voyageur prie le Seigneur « Ne m’abandonne point. L’eau monte à ma gorge et l’algue m’étouffe. Pardonne ma désobéissance, sauve-moi ! ». Au bout de trois jours et trois nuits, sur l’ordre du Seigneur, le gros poisson vomit Jonas sur le rivage.
Pour la seconde fois, le Seigneur dit à Jonas « Iras-tu cette fois ? ». Jonas tremble de peur, mais obéit. Il déclare aux Ninivites, soit dit en passant, les plus terribles ennemis d’Israël « Oyez et holà ! Changez dans les quarante jours. Regrettez vos crimes ou Dieu fera crouler les murs de votre ville et tous vous mourrez ! ». Contre toute attente, les interpellés le croient. Ils prennent le deuil aux fins de regretter péchés et crimes. Ils prient sincèrement le Seigneur.
Mais sa harangue faite, et sans en connaître le moins du monde le résultat, Jonas quitte précipitamment la cité et grimpe au sommet d’une colline voisine. Avec une joie secrète, il attend la destruction de la ville et la mort de moult ennemis. Mais rien ne se passe. Vert de colère, il s’en prend à Dieu et fait un peu de cinéma « Tu voulais leur pardonner ! Je le savais bien ; car tu es un Dieu tendre, plein de pitié. C’est pourquoi je ne voulais pas venir. Prends donc ma vie après le bien que tu m’as fait répandre, à moi Israélite, sur notre plus cruel ennemi ! ».
Dieu lui répond « Jonas, as-tu raison de te fâcher ainsi ? ».
Le soleil brille, le soleil brûle. Jonas essaie de s’abriter sous des branches mortes. En vain. Point il ne parvient à trouver la fraîcheur. Dieu fait pousser une petite plante. De son ombre, elle abrite le chef du prophète qui en est tout heureux. Hélas, le lendemain, le Seigneur mandate un ver pour détruire la plante. Bientôt, Jonas étouffe derechef. Il est de plus en plus mécontent. Découragé, il pense qu’il vaut mieux mourir. Mais, le Seigneur lui dit encore « Quoi ? Tu es en colère contre moi à cause de cette petite plante que j’ai fait pousser pour toi, puis que j’aie laissé se dessécher. Et tu trouverais bien que j’aie détruit Ninive, cette immense cité où vivent tant d’animaux, et cent vingt mille petits enfants innocents ! ».
Telle est la sagesse du Seigneur que Jonas, éperdu de reconnaissance, renonça à toute pensée morbide et se tint près pour de nouvelles missions. Mais là, c’est une autre histoire…
Dans une mosquée de Mossoul (donc sur les ruines de Ninive) est une tombe réputée pour être celle de Jonas. Le 24 juillet 2014, les vandales du Califat ont usé d’explosifs en ce lieu.
Ci-dessous :
Jonas n’obéit pas à l’ordre du Seigneur.
Jonas avalé par le gros poisson.
Jonas restitué par le gros poisson.
Jonas prêchant aux Ninivites, gravure de Gustave Doré.
Jonas se lamente sous sa plante desséchée par le Seigneur. |
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