La bataille est devant nous.
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25 FÉVR. 2016
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PAR VINCENT PRÉSUMEY
Pour le retrait de la loi El Khomri,
Pour le retrait de la révision
constitutionnelle,
Pour défaire Hollande et Valls,
Et ouvrir, avant 2017, le changement de
régime.
L’intersyndicale a accouché d’un
communiqué.
Mardi 23 février, quelques jours après le fuitage
orchestré de la loi Hollande-Valls-El Khomri contre le droit du travail, la CGT
a organisé une « intersyndicale ». De cette intersyndicale est
sorti un communiqué, signé par la CFDT, la CGT, l’UNSA, la FSU, Solidaires,
l’UNEF et les organisations lycéennes UNL et Fidl : « Les
organisations signataires ne sont pas satisfaites de ce projet et demandent le
retrait de la barémisation des indemnités prudhommales dues en cas de
licenciements abusif et des mesures qui accroissent le pouvoir unilatéral des
employeurs. » et annoncent qu’elles « se
retrouveront le 3 mars pour approfondir leurs analyses ».
Ce « communiqué a minima » a été écrit pour que
la direction de la CFDT puisse le signer, CFDT qui soutient et qui, plus que
cela, inspire, la réécriture du droit du travail contre les négociations
collectives de branche et pour la loi de l’entreprise, cette
« communauté ».
Devant la colère des militants syndicaux, les
responsables CGT, Solidaires ou FSU expliquent que ce serait tout de même un
grand évènement qu’une telle « intersyndicale » se soit réunie et
qu’il faut se réjouir d’un premier communiqué unitaire contre la loi El Khomri.
Contre la loi, vraiment ? Ce communiqué, en ne critiquant que le point sur
les indemnités prudhommales et, de façon très vague, « le pouvoir
unilatéral » des employeurs, laisse au contraire clairement entendre que
l’essentiel de la loi pourrait donc passer : la casse complète des droits
ouvriers datant notamment de 1936, 1945, 1968 !
On explique aussi que, tout de même, on va voir ce qu’on
va voir : il y aura certainement une grande journée d’action
interprofessionnelle le jeudi 31 mars, soit quelques jours avant le début de la
discussion parlementaire de la loi, laquelle doit être présentée en conseil des
ministres le mercredi 9 mars.
Le cri d’alarme de Martine Aubry.
Pendant ce temps la crise au sommet, à laquelle le projet
« El Khomri » fait franchir une nouvelle étape, s’aggrave encore.
Dans une tribune qu’elle cosigne notamment avec le
libéral-« libertaire » Daniel Cohn-Bendit, les parlementaires PS
Laurence Dumont, Yann Galut, Jean Marc Germain, Annie Guillemot, Benoit Hamon,
Yannick Jadot, Chaynesse Khirouni, Christian Paul, elle affirme que « Trop,
c’est trop » et évoque « la colère populaire »,
s’opposant au « pacte de responsabilité » gouvernement-MEDEF, à « ce
désolant débat sur la déchéance de nationalité », aux propos de Valls
contre Mme Merkel à propos des réfugiés, et, donc, à la loi El Khomri, portée
par « le patronat institutionnel », mais pas par « les
entreprises sur le terrain », loi qui ne serait pas la grande réforme
pour « la compétitivité des entreprises et le progrès social pour
les salariés », telle qu’une « sécurité sociale
professionnelle ». Hollande et Valls sont accusés de provoquer « un
affaiblissement durable de la France ».
Beaucoup retiendront de cette déclaration
uniquement le oh combien bon à entendre« Trop, c’est trop ».
Ce texte en fait crie « casse cou » à Hollande et Valls, remettant en
cause non pas leur politique en faveur du capital, mais l’accélération qu’ils
lui ont imprimée depuis les attentats du 13 novembre, en voie de produire un
crise sociale et politique majeure, qui effraie ses signataires.
Intersyndicale et Intersyndicale.
Le lendemain, 25 février, Mme El Khomri
se mettait à recevoir les confédérations en commençant, nullement par hasard,
par la CFDT, soutien clef de la politique dont le fleuron final est sa loi
contre le code du travail – et dont les instances, pour acquises qu’elles sont
à cette politique, déjà inquiètes des réactions des salariés, sont forcément
impactées par la déclaration de Martine Aubry et ses cosignataires. Les rumeurs
filtrent sur des « évolutions » possibles, ne touchant pas au cœur :
la fin du principe de faveur en droit du travail, le contrat individuel et la
loi de l’entreprise passant devant l’accord collectif de branche et la loi
républicaine.
Le « calendrier » diffusé dans
la CGT et correspondant au communiqué de intersyndical de mardi donne toute
latitude pour de telles manœuvres tout au long du mois de mars, alors que la
présentation de la loi en conseil des ministres intervient, répétons-le, le
mercredi 9 mars.
Cette intersyndicale est-elle la
matérialisation de l’unité nécessaire pour gagner, qui vaudrait de telles
concessions ?
Rappelons qu’en 2006, une intersyndicale
nationale comprenant à peu prés les mêmes, plus FO qui n’a pas signé le
communiqué du 23 février, avait été «verrouillée » par la revendication de
RETRAIT du « contrat première embauche » (CPE) que l’UNEF rappelle
opportunément aujourd’hui, en dénonçant la volonté gouvernementale de vouer les
jeunes à la précarité « tout au long de la vie » ». Le CPE avait
été liquidé, la revendication avait été arrachée.
Rappelons qu’ensuite, en 2010, pour les
retraites contre Sarkozy, une même intersyndicale nationale s’était
préalablement constituée, mais pas pour le RETRAIT de la loi, et qu’elle avait
soigneusement appelé à des journées de mobilisation à des dates évitant
systématiquement les échéances décisionnelles : le vote à l’Assemblée, le
vote au Sénat, et la promulgation de la loi. Laquelle s’est appliquée. Depuis
cette grave défaite, il n’y a plus eu de grande poussée analogue dans les
luttes sociales en France : les grèves et les conflits sont très nombreux,
mais la base a perdu, et cela se comprend, confiance dans les mouvements
d’ensemble dirigés par des intersyndicales nationales complètes ou partielles.
En 2010 les dirigeants avaient en somme
retenu les leçons de 2006 et ils voudraient recommencer dans une situation
aujourd’hui bien plus grave encore. Les syndiqués et bien des syndicats CFDT
ont leur place et rejoindront le front unique pour le code du travail et le
retrait de la loi El Khomri, mais l’argument de « l’unité » sert de
prétexte à cette atteinte à l’indépendance syndicale qu’est la protection
politique d’un gouvernement totalement déchaîné contre le droit du travail.
Le mouvement s’engage.
Sauf que « trop, c’est trop » : alors
qu’en quelques jours la pétition contre la loi a atteint et dépassé les
500 000 signataires, les leçons de 2010 elles aussi pourraient avoir été
retenues, par des dizaines de milliers de militants syndicaux qui, dans toute
la France, ont commencé à œuvrer pour que dés le 9 mars l’action pour gagner,
l’action pour le retrait, donc l’action pour défaire ce gouvernement, soit
engagée.
La CGT info-com’, de nombreuses sections CGT, et des
regroupements sur les réseaux sociaux, ont d’ores et déjà décidé de faire grève
et de manifester le 9 mars pour le retrait de la loi El Khomri.
Telle est bien la direction à prendre. L’unité se fera
pour le retrait de cette loi. Elle est en train de se faire.
La pression monte en va monter notamment dans la CGT,
dans FO, dans la FSU, pour engager au niveau national l’action pour le retrait
du projet de loi. L’intervention possible de la jeunesse étudiante et lycéenne
pourrait être un facteur important, mais elle dépend elle aussi du processus
politique en train de s’amorcer. Car ce mouvement est bien un mouvement politique.
A l’opposé de tous ceux qui voudraient que militants,
travailleurs, jeunes, ne parlent plus que des «primaires », de leur
périmètre, du bien fondé ou non de la candidature présidentielle de J.L.
Mélenchon, etc., qui tous au fond nous demandent d’attendre « 2017 »« comme
on va à l’abattoir » (selon la formule de Pierre Laurent,
dirigeant du PCF ! ), c’est ce mouvement là qui est porteur du véritable
mouvement politique pour dénouer la catastrophe en cours.
ll doit et il va charrier aussi avec lui
la bataille pour les salaires dans la fonction publique, qui ne saurait être
opposée à l’action commune contre la loi El Khomri. Il sera rejoint par le
mouvement des retraités, appelés à manifester le 10 mars par l’ensemble de
leurs organisations sauf la CFDT, pour la revalorisation des pensions. Il va se
combiner avec les mobilisations contre les fermetures de classes et d’écoles et
contre la réforme du collège. Il va, de fait, défier l’ « état d’urgence »
dont la constitutionnalisation devrait, elle aussi, en principe, intervenir fin
mars !
Unité pour le retrait,
action commune et grève
dés le 9 mars :
telle est la première bataille.
Nous pouvons la gagner, et c’est en la
gagnant que nous créérons les conditions politiques de l’affrontement général
et central avec l’exécutif et le patronat
Sources : https://blogs.mediapart.fr/vincent-presumey/blog/250216/la-bataille-est-devant-nous
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