Jungle de Calais: Quelles solutions de relogement après le démantèlement?
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CALAIS - L'évacuation a commencé. Quatre jours à peine après une décision de justice validant le démantèlement d'une partie de la "jungle" de Calais, les autorités ont lancé les manœuvres sous haute protection policière, bien décidées à ne pas laisser les militants les plus radicaux empêcher l'opération.
Une vingtaine de salariés d'une entreprise de travaux publics s'activaient ainsi ce lundi 29 février, depuis le début de la matinée, dans la partie sud du bidonville. C'est dans cette zone que vivent de 800 à 1000 migrants selon la préfecture, mais 3450 selon les associations. Sous un soleil radieux mais par un vent glacial, ils démontaient à la main les abris de fortune, tentes ou cabanes, vides, puis se débarrassaient d'objets divers dans de grandes bennes: planches, cartons, éléments de charpente...
Mais que va-t-il advenir de toutes ces personnes qui s'étaient installées dans ce bidonville? Pour les représentants de l’État, "l'essentiel de ces personnes peuvent être accueillies sur la zone nord", comme l'a affirmé Étienne Desplanques, directeur de cabinet de la préfète du Pas-de-Calais. Il évoque, en sus des "300" places encore disponibles dans le Centre d'accueil provisoire (CAP) en conteneurs, 580 autres places dans des tentes à proximité.
Concernant ces "solutions" justement, qu'est-ce qui a été imaginé par l'État ? Les associations sont-elles d'accord ? Quel autre modèle pourrait être expérimenté ? Tour d'horizon des différentes solutions proposées ou imaginées pour reloger les réfugiés.
Les conteneurs : solution controversée
L'État a prévu 1500 places dans un parc de 169 conteneurs emménagés. Il s'agit du "CAP", pour Camp d'Aide Provisoire, que Manuel Valls avait promis au mois d'août. Lits superposés, radiateurs, prises électriques, lieu sécurisé.... Les conteneurs correspondent à l'idée de "campement humanitaire", telle que définie par l'État. Ci dessous, une vidéo de présentation.
Problème : ces conteneurs ne conviennent pas à tout le monde, loin s'en faut. Pour les signataires de la tribune publiée lundi dans Le Monde et réclamant l'annulation de l'évacuation de la "jungle", "il s’agit de cabanes de chantier, avec dans chacune des lits superposés pour douze personnes, où l’on ne peut qu’être debout ou couché ; toute installation de mobilier y est interdite, toute intimité impossible…". Pour les opposants de cette solution, l'Etat cherche à rendre la vie impossible aux réfugiés en supprimant tous les lieux de vie qui ont émergé dans la "jungle".
Les centres d’accueil et d’orientation
Depuis septembre, l'Etat a multiplié l'ouverture de Centres d'accueil et d'orientation (CAO), qui accueillent désormais près de 2.700 migrants, venant surtout de la "jungle", selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. Ces centres, disséminés dans toute la France, se comptent au nombre de 102. Ci-dessous, la visite de Bernard Cazeneuve au CAO du Mans.
Problème : pour les ONG, ces centres ont été "improvisés", ou "bâclés". "Ils savent à peine où ils partent et ils sont pris en charge par des travailleurs sociaux qui, parfois, ne connaissent pas les procédures d’asile", explique au Monde Gérard Sadick, de laCimade. "La bonne idée des CAO est, par une mise en œuvre défaillante, aujourd’hui incapable de répondre aux questions de tous les exilés qui seraient disposés à réexaminer leur projet", expliquent les associations engagées sur le terrain dans un communiqué. Là encore, cette solution fournie par l'État peine à convaincre.
Des solutions alternatives ?
Alors, comment faire pour concilier urgence humanitaire et accueil optimal des migrants ? L'idée qui revient souvent dans l'argumentaire des associations est celle de la création de centres à proximités des zones où se trouvent les réfugiés. "Pourquoi ne crée-t-on pas des centres d’accueil dans les 150 kilomètres aux alentours, des maisons des migrants ?", s'interroge auprès du Monde François Guennoc, de L’Auberge des migrants.
Car en effet, les ONG déplorent que les réfugiés soient éparpillés dans la nature (sans plus de solution) et considèrent que l'option conteneurs (en plus d'être insuffisante en termes de besoin) ne saura apporter une solution à tous les réfugiés de la "jungle". Qui plus est, les associations sont las qu'on déplace sans cesse les migrants sans apporter d'autres solutions, plus pérennes.
"C’est une scène à répétition: régulièrement, on nous annonce une démonstration de fermeté, on nous promet que la situation va être réglée. Mais rappelons-nous Sangatte, non loin de Calais : c’était au début des années 2000 ! Il y a un an, l’Etat chassait déjà les migrants de tous les bidonvilles de Calais, pour les regrouper là où ils sont aujourd’hui. L’Etat s’apprête à détruire ce qu’il a créé, et qu’il proposait déjà à l'époque comme une solution", note justement dans L'Obs le sociologue Eric Fassin. Autant dire que ce qui est proposé par l'État est vraiment loin de faire l'unanimité.
Ce faisant, des particuliers entendent venir directement en aide aux réfugiés. C'est le cas par exemple des utilisateurs de l'application Calm ("Comme à la maison") qui connaît un véritable succès depuis son lacement par l'association Singa il y a six mois, rapporte Le Figaro. Selon le quotidien, 9000 familles ont proposé d'héberger des réfugiés via sa plateforme en ligne et 300 exilés s'y sont inscrits. Certes, nous sommes loin des effectifs concernés par l'évacuation de la "jungle", mais face aux insuffisances pointées par les associations, toutes les bonnes idées extérieures semblent -malheureusement- les bienvenues.
La suite ici --->http://www.huffingtonpost.fr/2016/02/29/jungle-de-calais-demantelement-evacuation-solutions-relogements-migrants-refugies...Lire aussi :
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