Un épais silence
L'éditorial par Daniel Gluckstein - la Tribune des travailleurs du 5 janvier 2016
Il est des questions qui accaparent l’attention des médias.
D’autres suscitent moins de bruit. Ainsi, Le Journal du dimanche, rappelant que le débat sur « la révision de la Constitution (…) commencera à l’Assemblée la première semaine de février », afin de permettre à « François Hollande (de) convoquer le Congrès, a priori avant fin mars », signale la raison de cette précipitation. « La sortie de l’état d’urgence étant prévue le 26 février, l’idée est que la révision ait lieu à une date le plus proche possible de celle-ci. » Voilà dévoilé le motif principal de la réforme constitutionnelle : prolonger indéfiniment, et sans interruption, l’état d’urgence voté pour trois mois.
D’autres questions, encore, sont entourées d’un épais silence. Le 14 janvier, M. Badinter remettra à la ministre El Khomri un rapport explosif qui fournira la base du démantèlement du Code du travail. Les droits collectifs de 25 millions de salariés et de chômeurs sont menacés d’être purement et simplement pulvérisés. Et cela, au compte d’une classe capitaliste prise à la gorge par la crise de son système qui exige que soient levées les barrières à la surexploitation ! De cela, personne ne parle.
Un tel silence est logique, venant des responsables politiques au service du capital financier et des médias qui leur appartiennent. Mais comment comprendre que les organisations et responsables qui parlent au nom de la classe ouvrière ne soient pas engagés dans une large campagne d’alerte de l’opinion ouvrière et démocratique, afin de préparer la mobilisation générale pour bloquer ce plan qui menace les droits collectifs de tous les travailleurs, jeunes, chômeurs et précaires ?
Certes, l’Assemblée nationale fut quasi unanime à voter l’état d’urgence, juste après que les responsables politiques au Parlement ont contresigné une déclaration commune appelant à l’union nationale. Certes, la réforme du Code du travail est une injonction de l’Union européenne qu’aucune des formations politiques institutionnelles ne prétend remettre en cause.
Cela justifie-t-il un tel silence ?
Quoi qu’il en soit, le lien est évident qui relie la volonté de détruire le Code du travail et celle d’imposer l’état d’urgence permanent.
Pour les militants du Parti ouvrier indépendant démocratique, il en découle deux conséquences.
Assurer le succès du meeting du 23 janvier : la levée de l’état d’urgence, c’est, pour la classe ouvrière, préserver sa liberté de s’organiser et de combattre pour ses droits, en particulier contre la remise en cause du Code du travail.
Poursuivre le travail entrepris par et avec La Tribune des travailleurs qui, semaine après semaine, informe sur la mécanique de destruction des droits ouvriers et fournit les outils de l’action politique. Et ainsi, aider à faire surgir le mouvement de millions et de millions pour la défense et la reconquête des droits ouvriers, seul capable de défaire la politique réactionnaire de ce gouvernement au service des capitalistes et de l’Union européenne.
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