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Selon la préfecture, 700 personnes ne trouvent pas de logement dans 115 : l’hébergement
Le 115 va bientôt déménager à Eybens. En attendant, dans un tout petit bureau à Grenoble, les 10 salariés répondent aux centaines d’appels par jour. « Au bout du fil, les gens restent dignes, c’est tout ce qui leur reste », dit Marilyne.
Le 115, délégataire d’un service de l’État, gère les appels pour un hébergement d’urgence complètement saturé.
La journée de Marilyne a commencé à 7 heures du matin. Dans ce “placard” qui lui sert de bureau, sa collègue Julie arrivera à 10 heures. Heure à laquelle commencent les appels qui ne cesseront de demander la même chose : un endroit où dormir.
Ce matin-là, l’appartement grand froid de Vienne avait fermé ses portes parce que les températures étaient remontées. Les personnes qui y avaient été hébergées depuis une dizaine de jours se retrouvent sans rien. Alors, ils tentent leur chance en appelant le 115. « Désolée monsieur, nous n’avons pas de solution, pas de places sur le département, rappelez-nous demain matin à partir de 10 heures », répète Marilyne en nous confiant : « Nous gérons les places au jour le jour. Et il y en a que très peu qui se libèrent. Il y a même une famille de cinq personnes qui appelle depuis trois ans et nous n’avons jamais eu de solution pour eux. Parfois, la place est soumise au statut administratif. Les Roumains sont considérés comme ayant des droits minorés car il leur est difficile de trouver un emploi… » Devant son ordinateur, chaque appel est répertorié.
Le 115, qui gère 1 213 places d’hébergement d’urgence, dont 324 uniquement l’hiver, réserve en priorité des places pour les personnes les plus fragiles. Justement, une dame appelle, elle est seule et malade. Marilyne a peut-être quelque chose pour elle qui loge en ce moment grâce au Secours catholique : un hébergement bénévole pour trois nuits à l’Abri Saint’É à Saint-Égrève. Marilyne est contente pour elle. « Oui, on se dit qu’elle ne sera pas dehors. Mais il arrive que l’on refuse à une femme victime de violence parce que l’hébergement est saturé. »
« II faudrait 700 places supplémentaires pour ne laisser personnes dehors »
Le 115, délégataire d’un service de l’État, sait exactement combien de personnes dorment à la rue chaque jour. C’est comme cela que Jean-Marie Delmas, président du Service intégré d’accueil et d’orientation dont dépend le 115, a annoncé sur France Info, il y a quelques jours, que 81 enfants dormaient dehors. « Quand je dis à la rue, cela comprend les squats, une tente, la débrouille. Il faudrait 700 places supplémentaires pour ne laisser personnes dehors, précise-t-il, les collectivités se défendent en disant que l’hébergement d’urgence n’est pas leur compétence, d’accord, mais en tant que citoyen, quelle est notre compétence ? Des familles avec des enfants en très bas âge sont dehors, est-ce que je peux dire que ce n’est pas mes affaires ? On me dit : “Arrêtez d’héberger des personnes sans papiers qui doivent quitter le territoire !”, mais nous, on se refuse à trier les personnes. On applique la loi qui dit que toute personne doit avoir un toit. Je n’accuse personne, je demande juste : “On fait quoi ?”»
Stéphane Gemmani, aussi, pose la question. Pour le président de Vinci-Codex depuis 26 ans cette année, « avant, lors des maraudes, on arrivait à trouver des sas de banque, des laveries, des halls d’immeuble pour mettre les gens à l’abri du froid. Aujourd’hui, tout ça, c’est fini, alors que l’on voit des femmes enceintes à terme, ou avec des nourrissons ! » Celui qui est aussi conseiller régional d’opposition estime que « chacun doit prendre sa part. Il faut créer des petites structures de dix places de façon à pouvoir les gérer et pour cela, un maillage intercommunal est nécessaire ».
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