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dimanche 2 août 2015

Où va le POI ? : La Crise de l’Humanité...et La Crise du CCI-POI

Où va le POI ?

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La Crise de l’Humanité...et La Crise du CCI-POI

samedi 1er août 2015par Club Politique Bastille
Ce texte est le résultat d’une discussion collective. Les rédacteurs sont pour la plupart d’anciens militants de l’OCI. Naturellement, le club est prêt à publier d’autres contributions
Le CCI, héritier de l’OCI a explosé. Avec une minorité et une majorité. De nombreux camarades s’interrogent, au premier chef des anciens du mouvement lambertiste, quelles sont les divergences politiques ?
Un mot sur « l’état de l’union ».
Le CCI, sa projection le POI, est une organisation qui végète, la plupart des adhérents-militants sont des vieillards. Le CCI est devenu une maison de retraite. Il n’y a pas de jeunes, c’est d’ailleurs normal dans une organisation qui n’a plus d’orientation politique dans la jeunesse.
Voilà des années que le CCI n’a plus d’existence à l’université, dans les lycées, bref le CCI est une organisation fatiguée, qui ne recrute plus dont la plupart des militants actifs sont des cadres syndicaux. Essentiellement dans Force Ouvrière.
Et la plupart de ces cadres syndicaux s’alignent, grosso modo sur le bureau confédéral. Les rapports d’activités sont votés, sans état d’âmes…Récemment, IO a organisé une réunion nationale de syndicalistes essentiellement des militants du CCI plus quelques élus…900 militants réunis, pas de quoi crier victoire.
L’OCI n’a jamais atteint l’objectif des 10.000, à partir d’une base de 4 à 5000 militants dans les années 80.
Le CCI a officiellement 2000 militants. Lorsque la scission sera effective, définitive, dans chaque camp des dizaines de militants voteront avec leur pied en abandonnant la politique.
Des camarades étudient les textes produits par les uns et les autres, tentent de discerner les bases politiques de cette explosion.
En fait, l’origine de cette scission n’est pas dans les textes, mais dans les actes : un affrontement brutal, violent entre deux groupes de permanents. La bagarre est menée par les responsables de chaque côté de l’appareil.
Les arguments ?
Ils nous interdisent de créer une tendance clame les minoritaires, les « suspendus ». C’est vrai. La majorité applique à Sedjouk et ses camarades le traitement qu’en commun ils ont infligé à ceux qui voulaient créer une tendance : Stéphane Just, Broué, Langevin. Panthou, Pedro Carrasquedo, les militants du CRI, et tout ceux exclus qui n’ont pas eu le temps de s’exprimer. À partir de l’exclusion de Balazs Nagy, l’OCI est devenu progressivement mais irréversiblement une machine à exclure par les moyens de violences verbales et physiques. Comme les staliniens. Stéphane Just après son exclusion expliquait à qui voulait l’entendre, en se passant la main sur la nuque.
Heureusement que nous n’avons pas exercé le pouvoir…
Donc la minorité est dans la posture de la « victime ». Les « majoritaires » autour de Lacaze, Schapira, Dan etc sont les « méchants ». Ils refusent la démocratie ouvrière. Évidemment. Ils font circuler un texte d’attaques abominables contre Sedjouk, ce qui n’est pas très fraternel. Les haines de ceux qui ont « travaillé » dans les mêmes bureaux pendant 35, 40 ans sont terribles.
Jusqu’alors, rien que de très banal. Un acte politique majeur mérite d’être souligné dans cette tragi-comédie. À peine la minorité était-elle « suspendue » que les dirigeants du CCI ont changés les serrures des locaux ! La « crise de l’humanité » et la …serrurerie.
L’appareil contre l’appareil avec des méthodes d’appareil !
Brutalité, violence, calomnie…et protection du « capital » puisque les immeubles payés par les militants de l’AJS et de l’OCI valent un sacré magot ! Cet acte représente le véritable texte politique illustrant cette scission : la caisse, les locaux, les titres de journaux… Le débat n’aura pas lieu. D’aucune partie. Car le terreau de cette scission, c’est l’échec. L’échec du parti des 10.000. L’échec de l’appréciation des Fronts Populaires dernières ressources avec le fascisme.
  • L’échec de l’entrée massive des militants trotskystes dans FO puisque le mouvement ouvrier allait s’organiser sur un « nouvel axe » avec la crise fatale du stalinisme.
  • L’échec de la politique dans l’UNEF aboutissant au départ de tous les étudiants trotskystes offrant le syndicat étudiant sur un plateau à …François Mitterrand.
  • Échec dans la lutte pour la reconstruction de la IVème Internationale. Par exemple le PT algérien lié au gouvernement négociant avec son ministre de l’intérieur les….résultats aux élections.
  • Échec de l’appréciation politique internationale des années 80, 90 selon laquelle nous étions entrés dans l’époque de l’imminence de la révolution alors que la mondialisation organisait l’une des plus importantes agressions historique contre la classe ouvrière en Europe et aux Etats-Unis. La mondialisation c’est la contre-révolution.
  • Échec de l’appréciation politique française depuis les années 70.
  • « L’agonie de la Vème République s’approche du spasme mortel (…). Oui vraiment il faut être aveugle, ou ne pas vouloir voir, pour ne pas se rendre compte que l’agonie de la Vème république s’approche de son stade fatal et que s’avance la crise révolutionnaire etc etc » [La Vérité - Juin 1979 - Stéphane Just - Congrès de l’OCI]
C’est évidemment l’accumulation de ces échecs jamais discutés qui est à l’origine de cette scission. Au bout du bout, c’est l’absence de démocratie à l’intérieur de l’organisation qui explique l’actuelle scission. On discute de comment appliquer la ligne, jamais de la ligne elle-même. C’est le célèbre objectif – résultat. Et partout à l’étranger, la même structuration disciplinaire accordant les pleins pouvoirs à la direction au nom du centralisme démocratique aboutit au même résultat ! Scission, explosion...
Paranoïa et secret. Ces caractéristiques ne sont pas exagérées. La divergence lorsqu’elle s’affirme, lorsque les militants qui l’expriment ne veulent pas céder à la direction est immédiatement caractérisée, de la pire des manières : pression de la bourgeoisie, clique sans bases politiques, voire militants manipulés par l’Élysée quand ce n’est pas pire…
Secret. Quid par exemple de l’affaire Jospin ? Dans les années 70, un travail de fraction dans le PS avait été décidé. L’OCI pensant être en mesure de jeter les bases du PR directement. Inutile comme dans les années trente, préconisé par Trotsky, d’entrer drapeau déployé, dans la SFIO pour se lier aux meilleurs éléments prolétariens...
Non. Le nouveau PS ne valait pas cette politique. La direction décida, mis en œuvre un travail de fraction. Les militants qui ne pouvaient pas avoir d’activité publique et qui l’acceptaient entraient dans le PS pour s’y implanter. L’objectif était clair : au moment ou les masses s’affronteraient au gouvernement du Front Populaire, les militants trotskystes formeraient un courant avec les socialistes qui résisteraient à cette politique et convergerait vers le PR en construction… C’est ainsi que Lionel Jospin comme plusieurs dizaines d’autres rejoignit le PS.
Les camarades pouvaient accepter des responsabilités, sauf bien sûr, celles qui pouvaient les amener à mettre en œuvre la politique d’un gouvernement bourgeois d’union de la gauche. Cette politique valait pour tous les militants en fraction au PS.
En 1981, coup de théâtre ! 
Le Bureau politique décide que Lionel Jospin acceptera la proposition de François Mitterrand, de devenir 1er secrétaire du Parti Socialiste. Concrètement, cela signifie que L. Jospin a mis en œuvre la politique de François Mitterrand contre les salariés !
Ainsi, l’orientation est battue en brèche. Le travail dans le PS se transforme en espionnage politique. Les militants en fraction sont désemparés.
Les militants de l’OCI n’en savent rien. Lorsqu’après une tribune libre de Jacques Kirsner et François Chesnais cet épisode sera rendu publique, l’OCI n’en dira mot. Jospin s’expliquera publiquement. A minima. Pas un mot de l’OCI pour les militants…
La politique du secret transforme les militants en soldats sourds, muets, aveugles chargés de tenir les objectifs sans disposer des informations, des explications possible. Le secret, c’est la négation de la démocratie ouvrière. Le CCI-POI est en crise. La presse publie des informations…Sauf IO ! Circulez il n’y a rien à voir !
La IVème Internationale fondée par Trotsky se fixait pour objectif de bâtir le parti mondial de la révolution ses sections. La lutte contre la bourgeoisie et le stalinisme fondait sa stratégie.
La révolution n’a jamais été à l’ordre du jour dans les pays industrialisés.
À la libération pendant un bref moment on a put penser que la question du pouvoir serait posé (Italie). L’appareil stalinien est parvenu à maintenir l’ordre, rôle déterminant dans la reconstruction des états. La IVème Internationale n’a joué qu’un rôle mineur dans toute cette période. C’est sur le terrain de la lutte contre le stalinisme que le mouvement trotskyste a joué un rôle significatif. Le meilleur de l’action de l’OCI.
Mais nul part, malgré la mobilisation révolutionnaire des masses en Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie, la révolution politique ne l’a emporté. Pire, en URSS le prolétariat atomisé par les pertes colossales de la seconde guerre, la surexploitation et la terreur policière n’a joué aucun rôle dans la lutte contre l’appareil, accompagnant même la bureaucratie qui à la chute du mur s’unissait au capital étranger, expropriait les conquêtes d’octobre 17, privatisant à tout crin créant une nouvelle bourgeoisie de parvenus.
Une nouvelle période historique s’ouvrait. Le programme de la IVème rédigé par Trotsky n’était plus efficient. Pour reprendre une de ses formules - lorsqu’il envisageait un échec de la révolution mondiale – il faudra, disait-il, tout « recommencer ».
Repenser l’état du monde. 
Il fallait engager un débat pour préciser la signification actuelle du socialisme après les terribles échecs historiques. En fait, la défaite de la révolution d’octobre pèse sur la conscience des masses : à l’échelle mondiale : quelle alternative opposer à la mondialisation ?
Sur ces questions, la plupart des organisations de la IVème Internationale sont restées muettes. L’OCI a refusé d’admettre les nouvelles conditions historiques à l’échelle internationale. Répétant les mêmes analyses.
Elle a, comme un disque usé, repassé en boucle le programme de Transition tout en menant une politique ultra opportuniste, sur les plans politiques et syndicaux.
Le lambertisme s’affirmera comme le molletisme du mouvement trotskyste.
Ce sont quelques uns de ces problèmes qu’il faut exposer, débattre. Le CCI a refusé de faire face à cette réalité se réduisant progressivement à un appareil occupé – comme tous les appareils – à défendre ses – petits – privilèges.
Le numérique va bouleverser les conditions de l’exploitation capitaliste… Le numérique et les nouvelles générations d’automates, va modifier les conditions de la production capitaliste provoquant de véritables saignées parmi les salariés. C’est l’huber-économie. Mais le numérique va également modifier les conditions de l’exercice du pouvoir politique. La révolution industrielle du 19ème et du 20ème siècle avait forgé le pouvoir centralisé du capital et du mouvement ouvrier. Les socialistes, les communistes s’étaient organisés dans cette verticalité (centralisme démocratique). Le numérique met à l’ordre du jour l’horizontalisme. La forme des regroupements politiques, des nouvelles formations révolutionnaires s’en trouvera radicalement métamorphosée.
Ni la minorité ni la majorité ne veulent de bilan politique, de véritable débat. Le plus probable c’est qu’il ne sortira rien de positif de cette crise peut-être fatale. Espérons que quelques militants chercheront à établir les véritables racines de cette situation.
Le CCI après l’OCI a vécu avec un corps de permanents énorme par rapport à sa puissance militante. Actuellement pour 2000 militants 20 à 30 permanents ! Ils sont en première ligne dans les affrontements actuels. Et cependant ils sont également d’une certaine manière des victimes de ce système. Qu’on imagine : la plupart d’entre eux ont 35 ans, 40 ans de « métier »…
Terrible. Totalement coupés de la réalité sociale ces ratés sont les dirigeants du mouvement. Ils vivent sur une autre planète que les salariés, les militants :
  • Papa, c’est quoi ton métier ?
  • Révolutionnaire professionnel…
La crise du CCI est l’une des manifestations de la décomposition des organisations léguées par l’histoire du mouvement ouvrier. Pour toutes ces raisons plus quelques autres, sa crise s’inscrit dans une fin de partie. « Les lois de l’histoire sont plus fortes que les appareils bureaucratiques ».En effet.
31 juillet 2015

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