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Août
2015
Revue de presse Surveillance & Renseignement de juin-juillet 2015 (2/2)
[Partie 2] Pour célébrer la surprenante décision de notre bon François de refuser d’accorder l’asile politique à Julian Assange… un point sur la loi sur le renseignement en France, la surveillance en général ici et ailleurs, et l’information, billet d’abord intitulé “Libertés et Démocratie” ce qui sonnait un peu comme l’antinomique “Plan de sauvegarde de l’emploi”…
DÉMOCRATIE
Le renseignement anglais entre surveillance illégale, rétroingénierie et manipulations
"Le GHCQ, l’agence anglaise de renseignement, vient d’être condamnée par un tribunal pour avoir gardé trop longtemps des données interceptées auprès de deux ONG. Dans le même laps de temps, de nouveaux documents montrent jusqu’où l’influence de l’agence peut s’étendre, et comment elle a coopéré avec la NSA pour s’introduire dans certains antivirus, dont celui de Kaspersky. Pour la première fois, le GCHQ (Government Communications Headquarters) vient d’être condamné par un tribunal pour avoir outrepassé les propres limites qu’il s’était fixées. L’agence anglaise de renseignement effectue régulièrement des opérations pour capturer des données dans ses filets. Ces procédures sont validées par différents commissaires ainsi que par le Parliamentary Intelligence and Security Committee. Pour le stockage des données en revanche, le GCHQ opère selon ses propres règles, qu’il ne respecte pas forcément. Le journal The Guardian indique ainsi que l’IPT (Investigatory Powers Tribunal) a déclaré illégale la durée de conservation des données interceptées auprès de deux ONG, l’Egyptian Initiative for Personal Rights et le South African non-profit Legal Resources Centre. Dans les deux cas, l’IPT a jugé qu’il n’y avait pas de problèmes avec le type de données ou la « proportionnalité » de l’action face au contexte. Cependant, l’agence a brisé ses propres règles puisque les données sont stockées depuis nettement plus longtemps qu’elles ne l’auraient dû."
Source : Next INpact
EUROPE
L’UE prépare un plan pour contrer la « désinformation » des médias russes, dont RT
"L’Union européenne a préparé un plan pour faire face à ce qu’il estime être « les activités russes de désinformation » en appelant à des mesures contre les médias russes, y compris RT. Un rapport de neuf pages, préparé par le Service européen pour l’action extérieure et obtenu par EUobserver, a été rédigé en prévision du sommet des 25 et 26 juin et devra être soumis au vote des dirigeants européens jeudi. Ce plan vise à combattre « l’emploi et l’utilisation abusive des outils de communications » par la Russie, la « promotion des politiques européennes » dans les États de l’ex-Union soviétique, ainsi que le soutien aux « médias indépendants » et « l’accroissement de la conscience du public des activités de désinformation par les acteurs extérieurs », peut-on lire dans le rapport qui mentionne spécifiquement RT. Selon les auteurs du rapport, cette société répand « de fausses informations et des discours de haine depuis leurs bureaux européens »."
Source : Sputnik News
La justice européenne dira si un lien vers un contenu illégal est lui-aussi illégal
" Suite à un litige né aux Pays-Bas, la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) va devoir trancher une série de questions épineuses. Principalement, est-ce que le fait de poster un lien vers un contenu illicite est lui-même constitutif de contrefaçon ? GS media édite le site Geenstijl.nl, l’un des sites les plus visités des Pays-Bas. En octobre 2011, ce site se fait bruyamment l’écho d’un lien vers FileFactory, hébergeur australien de fichiers. Ce lien renvoie vers une série de 11 photos de la présentatrice Britt Dekker, alors âgée de 19 ans, que Playboy publiera deux mois plus tard. Dans la foulée, une chaine de TV, Powned, propriété de GS Media, évoque elle aussi ces contenus, photos à l’appui. Après intervention de Sanoma, l’éditeur de Playboy en Hollande, FileFactory retire les fichiers, mais ceux-ci sont remis en ligne sur Imagehack.us. Les nouveaux liens se retrouvent sur Geenstijl, re-retirés chez l’hébergeur, mais re-remis en ligne... L’effet Streisand habituel. En novembre 2011, Sanoma hausse le ton et demande à Geestijl de faire le ménage dans ses pages. Opposition du site qui, au contraire, multiplie les posts, notamment ce 7 novembre 2011, accompagnés des liens litigieux. Il refuse catégoriquement un tel retrait, opposant que « si les liens ne sont plus autorisés, c’est la fin de l'histoire pour l'Internet tel que nous le connaissons. »"
Source : Next INpact
FRANCE
Comme en Chine, Valls annonce une armée de blogueurs officiels contre le complotisme
" Alors que la Chine a déjà son « armée de l'ombre » depuis une dizaine d'années pour faire la contre-propagande sur le Web, le Premier ministre français Manuel Valls annonce une initiative qui pourrait ne pas être éloignée : une fondation qui aura pour charge d'alimenter des community managers en outils pour diffuser la « parole officielle » contre le djihadisme et le complotisme. Manuel Valls a-t-il trop bien écouté les paroles de Lui Wei, le ministre chinois de l'administration du cyberespace, qui l'an dernier avait demandé à l'Europe de s'inspirer de la Chine pour faire d'internet « une place publique d'opinions honnêtes et raisonnables » ? A l'occasion d'une master class organisée par le Huffington Post, le Premier ministre a annoncé un nouveau volet de la stratégie de contre-propagande de l'État, après la censure de sites sur simple ordre administratif (et sans aucune explication fournie à ceux qui en réclament) et la création du site Stop-Djihadisme, que Google est payé à mettre en avant. La France va mettre sur pieds une Fondation de droit privé qui aura pour charge d'alimenter un « bataillon de community managers de l'État » en outils de contre-propagande pour s'opposer non seulement au djihadisme, mais plus largement aux discours dits « complotistes » qui peuvent miner la crédibilité donnée aux informations officielles de l'État, et donc indirectement alimenter les adversaires de la France."
Source : Numerama
Manuel Valls, l’art de la dichotomie permanente ?
"Soit Manuel Valls ne comprend rien au numérique, soit il est fortement clivé. Il faut savoir que le clivage psychologique est une pathologie mentale : il y aurait dans ce cas deux Manuel dans Manuel, des Manuel qui ne communiqueraient pas l’un avec l’autre. Le premier — appelons le Manuel #1 défend la Loi renseignement, avec les boites noires qui capturent les communications Internet, et donc, abolissent toute protection des données personnelles des internautes français — et l’autre, Manuel #2 affirme l’inverse dans le cadre de son projet de loi numérique : S’assurer que chacun respecte ses devoirs : les données personnelles doivent être protégées #AmbitionNumérique — Manuel Valls (@manuelvalls) 18 Juin 2015 Mais ce n’est pas fini. Manuel #1 défend un Internet sous surveillance administrative, avec du DPI dedans (sinon personne ne comprend comment il fait pour profiler des terroristes avec ses boites noires), un Internet avec suppression administrative de sites , cassant ainsi toute possibilité de neutralité du net, quand Manuel #2 défend… la neutralité du net : Garantir de nouveaux droits du citoyen à l’ère numérique. #AmbitionNumérique pic.twitter.com/WOaBq84tmx — Manuel Valls (@manuelvalls) 18 Juin 2015 C’est un homme de gauche, Manuel #2, mais qui applique des lois sécuritaires de droite en tant que Manuel #1. Manuel #2 veut une politique économique de gauche, mais Manuel #1 en applique une libérale, Manuel, qui es-tu Manuel ? Ah, un appel des urgences vient d’arriver : il paraît qu’il ont perdu l’un de leurs patients et qu’il serait caché à Matignon."
Source : Reflets
Emmanuel Macron s’intéresse à la « mesure des Internets », mais aussi au DPI
"Fin mai, apparaissaient quelques articles qui faisaient sourire les geeks et Twitter. Emmanuel Macron, le fringuant ministre de l’Economie, avait demandé à l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), de lui rendre un rapport expliquant « comment mesurer le trafic sur la bande passante d’Internet ». Tout le monde comprend qu’il s’agit de se donner les moyens d’une éventuelle taxation des GAFA. L’affaire est ancienne, largement évoquée par Fleur Pellerin, elle ne fait que resurgir, comme un bon serpent de mer. L’Agence a donc pris son bâton de pèlerin et a interrogé les opérateurs qui véhiculent les octets en France. Reflets a pu prendre connaissance des questions posées. Bien entendu on y trouve toute une série d’interrogations qui ont généré les articles précités. L’ARCEP interroge ainsi les opérateurs sur les moyens utilisés pour mesurer l’usage qui est fait de leur bande passante, les points de mesure sur leur réseau, les plus gros consommateurs de bande passante, etc. […] Cet intérêt gouvernemental soudain pour le DPI est visiblement en contradiction avec les précédentes déclarations du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. Celui-ci ne manque pas une occasion de clamer haut et fort que jamais, au grand jamais, le DPI à des fin d’interception massive ne sera utilisé. Ni pour les boites noires©, ni pour autre chose. "
Source : Reflets
Un bouton standard de signalement de contenus géré par l'État fin 2016 ?
"Verra-t-on se multiplier d'ici fin 2016 un bouton standardisé pour signaler les contenus illicites ou choquants, fourni par une API de l'État ? C'est semble-t-il l'idée du gouvernement... Dans son rapport sur l'Ambition Numérique rendu publique jeudi, le Conseil national du numérique (CNNum) s'attarde sur la question de la "loyauté des plateformes" et d'un meilleur encadrement des procédures de censure, qu'elles soient impulsées par les pouvoirs publics ou par les contrats privés. En page 82, il y est recommandé de "standardiser l'ergonomie des outils de signalement et de notification sur les plateformes". "Il s'agit de rendre le signalement plus accessible, sur toutes les pages et si possible en un clic dans une logique plug-in", explique le CNNum. Mais le gouvernement a précisé l'idée sur le site de Matignon. Dans un tableau qui détaille le calendrier de mise en place de certaines mesures, il indique que sera mis en place d'ici fin 2016 un "bouton unique de signalement" qui permettra de signaler à la fois des contenus illégaux et des contenus "choquants ou inappropriés", le tout avec un renvoi vers un site unique. Il pourrait être présent sur Facebook, Twitter, Instagram, etc., et être fourni par une même API."
Source : Numerama
L’État, ce bon client de la société Elexo
"Comme nous l’avons évoqué à plusieurs reprises sur Reflets, l’Etat français commerce volontiers avec Elexo, une société qui fait partie du groupe Bull et précédemment, de la galaxie Amesys. Elle est d’ailleurs localisée au 20 rue de Billancourt à Boulogne, là où travaillaient les développeurs d’Eagle, la fameuse solution tout en un d’écoute globale vendue à Kadhafi. Et où se trouve toujours Amesys Conseil. Il n’aurait pas été incongru d’imaginer que le scandale de la vente d’un Eagle à Kadhafi, la visite quelque jours avant que tout ne dégénère en Libye de Philippe Vannier, ancien patron d’Amesys, pour vendre un upgrade de l’Eagle, on en passe, aurait pu pousser l’Etat français à prendre ses distances avec ces entreprises. Surtout après l’ouverture d’une information judiciaire pour complicité de torture en Libye. Pas le moins du monde. Le changement, c’est pour plus tard. Elexo est un rouage -pas négligeable- du complexe militaro-industriel français. Et remplacer un rouage de ce type peut se révéler compliqué. La présentation de Crescendo Technologies, la tête de la galaxie Amesys, datant de 2007, est assez précise. Elexo est une des composantes de la galaxie."
Source : Reflets
GÉOPOLITIQUE
Journal italien : l'Europe transformée en colonie par les "maîtres du monde"
"Les États-Unis et leurs alliés ne pouvaient tolérer la création d’une union entre la Russie et l'Europe. En créant une confrontation artificielle avec Moscou, ils ont transformé l'UE en une colonie impuissante de Washington, obligeant le Kremlin à se rapprocher d’une Chine de plus en plus puissante, a écrit mardi le quotidien Il Giornale. La Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont poussé les autres pays à imposer des sanctions contre la Russie, à mobiliser les troupes de l'Otan et à créer une ambiance de guerre froide. « Pourquoi l'ont-ils fait? », s'interroge le quotidien. Il Giornale estime que cela n’a pas la moindre relation avec la peur d’une éventuelle attaque russe contre l'Ukraine, la Pologne et les pays Baltes.[…] Les États-Unis et la Grande-Bretagne ne pouvaient pas se permettre une telle évolution des événements, car « les pays islamiques et le pétrole, c'est leur affaire, et ils ne tolèrent aucune concurrence », assure Il Giornale. « Les Anglais, les Américains et leurs alliés arabes se considèrent comme les maître du monde », souligne le quotidien. La Russie est obligée de conclure des accords avec la Chine, qui monte en puissance tous les jours. Quant à l'Europe, elle se retrouve sans gouvernement, sans armée et sans possibilité de prendre ses décisions propres. « Elle s'est transformée en une colonie acariâtre remplie de migrants islamiques, et qui risque de devenir bientôt non plus un allié, mais un fardeau, comme on le voit avec l'Italie et la Grèce », conclut le journal."
Source : Sputnik News
Asile d'Assange : «les États occidentaux ne veulent pas assumer une brouille avec les États-Unis»
"Julian Assange a adressé une lettre ouverte à François Hollande où il semblait demander l'asile. L'occasion de revenir pour Nicolas Arpagian, expert en cybersécurité, sur la situation de ce lanceur d'alerte privé de liberté depuis trois ans. […] Nicolas Arpagian: « Ce qui est notable est que la lettre d'Assange a été publiée ce 3 juillet et qu'un communiqué laconique a très vite suivi sa publication. Les deux arguments donnés posent que Assange ne subit pas de menace immédiate et qu'il est toujours sous le coup d'un mandat européen. Ce sont des informations qui sont connues de longue date, ce n'est pas nouveau. François Hollande a quand même formalisé son refus et l'a motivé. Il ne me semble pas qu'Angela Merkel ai eu la même démarche pour Snowden. François Hollande assumera sa réponse et ses conséquences. Mais ce qui est certain est que se pose de plus en plus la question de savoir quoi faire de ces lanceurs d'alerte qui informent les gens au détriment de leur liberté et ont aussi un poids géopolitique certain. » […] « Les États occidentaux sont dans une situation ambivalente entre l'utilisation qu'ils font des informations fournies par les lanceurs d'alertes et le fait qu'ils ne veulent pas assumer une brouille avec les États-Unis s'ils venaient à les accueillir. Seraient-ils prêt à assumer cette brouille? La réponse est non visiblement, que ce soit dans le cas de Julian Assange comme dans celui d'Edward Snowden. »"
Source : Russia Today
LIBERTÉS
Edward Snowden : « Voilà le pouvoir d’un public informé » - Une évolution encore fragile
"Il y a maintenant deux ans, les premières révélations d’Edward Snowden ébranlaient l’opinion publique et certains gouvernements. Le lanceur d’alerte, toujours réfugié en Russie, a publié vendredi une tribune faisant le point sur les changements observés depuis, ainsi que ceux encore nécessaires. « Il y a exactement deux ans, trois journalistes et moi travaillions avec fébrilité dans une chambre d’hôtel de Hongkong, attendant de voir comment le monde réagirait face à la révélation que l’Agence nationale de sécurité (NSA) enregistrait des informations relatives à presque chaque appel téléphonique aux États-Unis ». Avec la première phrase de sa tribune, Snowden fait référence au tout premier scandale pointé du doigt : celui de l’enregistrement de masse des métadonnées téléphoniques, à travers un article du journal anglais The Guardian. Évidemment, le grand public n’a réellement pris conscience de l’existence de Snowden que quelques jours plus tard, quand le scandale du programme PRISM a éclaté : un filet géant sur le Net pour récolter une quantité astronomique d’informations. Le monde découvrait alors, preuve à l’appui, les immenses capacités de la NSA dans le domaine du renseignement, puis celles d’autres agences, notamment dans les pays alliés « officiels » des États-Unis : le Canada, le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande et l’Australie, tous réunis sous la bannière des Five Eyes."
Source : Next INpact
A la recherche d’un troisième lanceur d’alertes
"On ne présente plus Julian Assange, qui a créé WikiLeaks (site internet qui donne une audience aux fuites d’informations) en 2006, pas plus que Edward Snowden, qui a mis dans le domaine public 251 287 câbles diplomatiques du département d’état américain. Si ces deux personnages sont aujourd’hui des figures bien connues de l’opinion publique, un troisième personnage, encore dans l’ombre, pourrait bientôt les rejoindre au panthéon des lanceurs d’alertes. Les nouvelles révélations apparues sur WikiLeaks cette semaine semblent pointer dans cette direction. D’après Reuters, les nouveaux documents classés top-secrets qui ont été mis dans le domaine public ne viendrait ni d’Edward Snowden, ni de Julian Assange. L’existence d’un nouveau lanceur d’alertes, travaillant avec WikiLeaks, semble alors probable, même si aucune preuve attestant de ce fait n’a encore été établie."
Source : Russia Today
Face à la NSA, Wikipédia protège un peu plus ses articles
"La fondation Wikimédia a pris des mesures supplémentaires pour contrer les activités de la NSA. La connexion HTTPS est désormais généralisée à l'ensemble du trafic Wikipédia et des projets frères, afin de neutraliser la surveillance de masse. Wikimédia maintient le cap. Dans l'optique de casser la surveillance de masse exercée par la NSA, et qui profite en particulier des insuffisances du protocole de communication HTTP (Hypertext Transfer Protocol) en matière de sécurité, la fondation vient d'annoncer vendredi la généralisation du chiffrement pour l'ensemble du trafic se produisant sur les projets dont elle a la charge."
Source : Numerama
Notre pourvoi en cassation est rejeté
"Le Parisien ayant publié un papier aujourd’hui, nous allons vous donner un peu dans l’urgence une partie de notre point de vue sur le rejet du pourvoi en cassation de Bluetouff et donc, de Reflets et de tous les internautes français (n’en déplaise au système judiciaire). […] Le pourvoi a été rejeté hier. Désormais, cher internaute, choisis avec soin les liens sur lesquels tu cliques lors d’une recherche sur un moteur comme Google. Car si dans la tête de l’admin responsable de la page que tu consultes, celle-ci est considérée comme confidentielle, et même en l’absence de protection de cette page, par exemple via un identifiant et un mot de passe, tu risques une condamnation. Te voilà pirate informatique. Pourquoi l’implication de la DGSI était-elle nécessaire ? Mais voyons, parce que Bluetouff avait mis en péril l’avenir de l’humanité bien sûr. Le président du tribunal en appel ne lui a-t-il pas demandé si, « en téléchargeant tous ces documents, vous n’aviez pas peur de tuer toute la planète » ? Pour ce qui est des faits, il faut se reporter aux mots de l’avocate générale, Laurence Vichnievsky : « comme tout le monde dans la salle, je n’ai pas compris le quart de ce qui a été dit aujourd’hui, mes enfants auraient mieux compris que moi, mais il faut condamner M. Laurelli » . C’est rassurant."
Source : Reflets
La Gendarmerie veut brouiller les réseaux sociaux dans les ZAD et les manifs
"Le Général Devis Favier, Directeur général de la Gendarmerie nationale, souhaite que les forces de l'ordre puissent obtenir le brouillage des réseaux sociaux et le droit d'intercepter les SMS, lors de manifestations qui dégénèrent. « L'idée peut choquer », convient-il. L'Assemblée nationale a publié le rapport (.pdf) réalisé par la commission d'enquête chargée de tirer les conséquences de la mort de Rémi Fraisse, tué par un tir de grenade de la gendarmerie sur la « Zone à Défendre » (ZAD) créée par des opposants au barrage de Sivens. Les députés y ont examiné plus largement les modalités que devaient prendre le maintien de l'ordre face aux manifestations improvisées et au phénomène des ZAD, "dans un contexte de respect des libertés publiques et du droit de manifestation, ainsi que de protection des personnes et des biens"."
Source : Numerama
5 ans de prison et 40 000 euros d’amende pour un compte-rendu de manifestation ?
"Un électricien de 40 ans comparaît ce 29 juin devant la chambre correctionnelle de Toulouse. Il est poursuivi pour « provocation publique à un délit ou un crime » et encourt pas moins de 5 ans d’emprisonnement et 40 000 euros d’amende. Il est accusé d’avoir rédigé un texte – non signé – publié sur le média collaboratif et « anti-autoritaire » Iaata.info (Information anti-autoritaire Toulouse et alentours). L’homme est arrêté deux mois plus tôt, le 6 mai, interpellé à son domicile toulousain à 6h30 par trois policiers. Sa garde à vue signifiée, il est placé dix heures dans une cellule sentant l’urine. Durant deux courts interrogatoires, on le menace d’aller chercher son fils au lycée, de prolonger son audition jusqu’à 48h, pour apologie de terrorisme. Il sort finalement à 17h avec une convocation en poche pour son procès."
Source : Bastamag
Une victoire pour les médias libres : la justice abandonne les poursuites contre le site IAATA
"Accusée « de provocation publique aux crimes et au délit » après la mise en ligne d’un article sur une manifestation anti-Sivens, une personne soupçonnée par la police d’être le directeur de publication du site d’information libre IAATA comparaissait lundi devant le tribunal, à Toulouse. Contre toute attente, le procureur a décidé d’abandonner les poursuites."
Source : Reporterre
Comment le CNNum veut mieux encadrer la censure des contenus
"Le rapport "Ambition Numérique" remis au Premier ministre Manuel Valls par le Conseil National du Numérique (CNNum) propose de mieux encadrer les procédures privées ou publiques de censure des contenus illicites ou contraires aux CGU des plateformes. Le Conseil National du Numérique (CNNum) a remis jeudi matin son très riche rapport baptisé "Ambition Numérique" (.pdf), qui synthétise le travail de consultation publique mis en place depuis le début de l'année sur ce que devrait être la politique numérique de la France. Le rapport de plus de 330 pages est divisé en quatre volets, dont le premier est consacré à "la loyauté et la liberté dans l'espace numérique en commun". C'est là que résidaient nos principales craintes sur un accroissement de la censure privée et arbitraire, mais le Conseil a au contraire rendu une copie positive, avec de bonnes idées."
Source : Numerama
Vie privée : Orange publie son « rapport de transparence »
"Dans le cadre de sa politique de responsabilité sociale d'entreprise (RSE) dirigée par Christine Albanel, Orange est le premier opérateur en France à publier un "rapport de transparence", qui communique des chiffres sur les demandes d'accès aux données personnelles reçues de la part des États. Mais beaucoup reste à faire pour parvenir à une réelle transparence. C'est encore extrêmement loin du niveau de détails que communiquent des opérateurs comme Vodafone, AT&T ou Verizon, mais Orange a au moins le mérite d'être le premier et seul opérateur télécoms français à publier cette année un début de rapport de transparence (.pdf) qui communique des données chiffrées sur le volume des demandes de renseignements reçues de la part d'autorités publiques. Comme le font un nombre croissant d'acteurs de l'économie numérique, Orange y indique le nombre de requêtes qu'il a reçues pour mettre sur écoute des clients, ou pour fournir des métadonnées de connexion à l'État."
Source : Numerama
L’anonymat du WHOIS remis en question à l’ICANN
"Réglementation : Une proposition de l’ICANN s’est attiré les foudres des commentateurs et de l’EFF. La suggestion propose de rendre impossible l’anonymisation des données personnelles sur le service WHOIS pour les sites à vocation commerciale. Le service WHOIS est un outil particulièrement utile pour savoir qui se cache derrière un nom de domaine et comment contacter les responsables d’un site. Fourni par les registres de noms de domaines, il permet d’interroger les bases de données des bureaux d’enregistrement afin de connaître le nom et l’identité de la personne ou de la société détenant le nom de domaine, ainsi que certaines informations de contacts.[...] Mais une proposition de l’ICANN, ouverte depuis mardi aux commentaires publics, envisage de revenir sur le fonctionnement de ce système en ouvrant à tous les données WHOIS des sites à but commercial. Selon l’EFF, cette règle s’appliquant « à tous les sites commerciaux » pourrait toucher de nombreux petits administrateurs de sites et de communautés en ligne qui ont choisi de mettre en place de la publicité ou un système de dons pour subvenir au coût de leur site. "
Source : ZDNet
RÉFLEXION
La vérité est un crime contre l'État
" L'édifice complet de l'occident est basé sur des mensonges. Il n'y a aucune autre fondation solide, que des mensonges. Ceci fait de la vérité un ennemi. Des ennemis doivent être supprimés, donc la vérité doit être supprimée. La vérité provient de sources d'information étrangères, comme Russia Today (RT) et de sites internet alternatifs, comme celui-ci. Ainsi, Washington et ses vassaux sont occupés à travailler d'arrache-pied pour fermer les médias indépendants. Washington et ses vassaux ont redéfini la propagande. La vérité est propagande si elle est dite par des pays, comme la Russie ou la Chine, qui ont des politiques étrangères indépendantes. La propagande est vérité si elle est dite par Washington et ses marionnettes, comme l'European Union Observer. "
Source : Paul Craig Roberts via Résistance 71
Dans quelle mesure le nouveau contrat social [connecté] est-il supportable (1) ?
"Est-il pertinent de comprendre la société, les forces qui s’y exercent, les mentalités qui s’y développent par le prisme des changements technologico-économiques ? Petite tentative. Il n’est pas évident d’analyser de façon pertinente les changements radicaux en cours dans nos sociétés modernes. Simplement en l’espace de 10 ans, c’est une somme considérable de phénomènes qui se sont modifiés : modes de vie, de communications, d’échanges marchands, de fonctionnements professionnels : tout ou presque s’est transformé de manière drastique. Ces changements sont survenus majoritairement par le biais des technologies numériques. Cette évidence ne l’est pas obligatoirement pour les jeunes générations qui —immergées dans ces avancées technologiques depuis leur naissance ou presque — s’adaptent sans même s’en rendre compte. A quoi s’adaptent-ils en réalité ? A de nouveaux types de contrat sociaux. Il y aurait donc un contrat social modifié, voire plusieurs ? Certains y verront une exagération, convaincus que l’immobilisme français tant dénoncé dans la sphère médiatique est une réalité objective, et que « rien ne bouge » au pays des 550 fromages, du stockage de déchets nucléaires massif, et des trains grandes vitesse dont le prix des billets au guichet est calculé sur le pouvoir d’achat de la « moyenne bourgeoisie ». Ils ont peut-être tort. Tentative de démonstration."
Source : Reflets
Contrat social connecté : de la surveillance généralisée à la régulation étatique d’Internet (2)
"Un nouveau contrat social a-t-il émergé en France, de façon informelle, et sans que personne ne l’ait signé ? Les changements technologiques sont-ils au cœur de cette possibilité ? Quelles sont les conséquences de cet état de fait s’il se révélait exact ? 2005 est une date charnière pour aborder la question du nouveau « contrat connecté » qui semble s’être mis en place. Comme 2007, 2008, 2011, 2013, et 2015. En 2005, le référendum pour le traité constitutionnel européen permet à une part très importante de la population de débattre durant des mois sur le sujet. Le « Non » l’emporte, alors que les médias dominants, dans leur ensemble, militent en faveur du « Oui »."
Source : Reflets
VUES D’AILLEURS
L'ONU demande le droit à une connexion anonyme sur internet
"Le Rapporteur spécial de l'ONU sur la promotion et la protection de la liberté d'opinion et d'expression, David Kaye, demande que les gouvernements renoncent aux lois qui imposent aux opérateurs de télécommunications ou aux services en ligne de relever l'identité réelle de leurs clients. l y a quelques jours, Numerama rapportait les conclusion d'un rapport de l'ONU, qui fait du chiffrement des données un droit de l'homme, en vertu du droit des individus au respect de leur vie privée, laquelle est parfois indispensable à la jouissance de la liberté d'expression. Il est des cas où l'on ne sent libre de s'exprimer que lorsque l'on sait que l'on ne pourra pas être identifié. Il en est de même pour la liberté de correspondance ; on ne sent parfois libre de communiquer avec un correspondant que lorsque l'on a la conviction que les échanges ne seront pas interceptés et lus par des tiers. Mais il est un autre aspect passé plus inaperçu du rapport, qui va totalement à contre-courant des exigences des Etats de mettre la priorité sur la sécurité en donnant aux enquêteurs les moyens d'enquêter. Le Rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection de la liberté d'opinion et d'expression, David Kaye, demande en effet que les internautes et les utilisateurs de services de téléphonie mobile puissent se connecter au réseau de façon anonyme, sans avoir à livrer leur véritable identité."
Source : Numerama
Chiffrement : un rapport de l'ONU s'oppose aux backdoors des États
"Dans un rapport remis la semaine dernière, le Rapporteur spécial pour la liberté d'expression à l'ONU estime que les États ne doivent pas entraver la sécurité du chiffrement en exigeant un accès par backdoor, ou en interdisant les communications chiffrées. Protéger la confidentialité des échanges c'est protéger les autres libertés, rappelle-t-il. Et le terrorisme n'y doit rien changer. Le Rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection de la liberté d'opinion et d'expression, David Kaye, a publié son rapport annuel (.doc), consacré aux liens entre le chiffrement des communications et le respect des droits de l'homme, et en particulier de la liberté d'expression. Il se montre farouchement opposé à toute tentative des États d'obtenir un renoncement des entreprises privées au chiffrement des communications et des données stockées sur leurs serveurs, alors que le premier ministre britannique a impulsé un mouvement politique international visant à garantir aux États l'accès en clair aux communications."
Source : Numerama
ÉCONOMIE
France Télécom espionné par Deutsche Telekom pour la NSA
"De nouvelles révélations viennent donner la mesure de l’espionnage (économique ?) opéré par les États-Unis contre les intérêts français, mais également européens, avec la collaboration de l’Allemagne. Ainsi Deutsche Telekom, assisté par les services secrets allemands du BND, ont espionné les flux de communications de France Télécom pour le compte de la NSA. Airbus, Eurocopter et désormais France Télécom et des « cibles » non encore identifiées. C’est le tableau de chasse, non exhaustif, de la NSA à mettre au compte du BND comme le révèle Le Monde qui a pu accéder aux documents de la commission d’enquête du Bundestag. Avec l’aide active de Deustche Telekom, avec qui les services du renseignement allemand ont signé un protocole d’accord, le BND a mis au point une surveillance des « flux de communications gérés par France Télécom et transitant par l’Allemagne » entre 2005 et 2008 au moins."
Source : Journal du Geek
ÉTATS-UNIS
NSA : une réforme a minima approuvée aux USA
"Le Sénat américain a voté la loi USA Freedom Act. Celle-ci prolonge les dispositions du Patriot Act qui avaient expiré début juin, tout en réorganisant les modalités d'accès aux métadonnées téléphoniques collectées par les opérateurs. La NSA pourra toujours les consulter, mais à condition de cibler et motiver davantage ses demandes. C'est une réforme a minima. Alors que deux ans ont passé depuis les révélations d'Edward Snowden sur les activités des agences de renseignement occidentales, le Congrès américain a finalement approuvé une restriction, quoique timide, du champ d'action de la NSA. Les parlementaires ont en effet voté un nouveau texte de loi – baptisé USA Freedom Act – qui réorganise certaines dispositions du Patriot Act, un texte qui avait été adopté en urgence après les attentats du 11 Septembre. Concrètement, la nouvelle loi, qui a été promulguée par Barack Obama, ne permet plus à la NSA de consulter sans limite les métadonnées téléphoniques collectées aux États-Unis."
Source : Numerama
Le FBI a des avions espions, qui entendent et voient tout
"Au moins 50, c’est le nombre d’avions espions liés au FBI, selon Associated Press (AP). L’agence a identifié une centaine de vols dans onze Etats américains différents, rien que pour le mois de mai dernier. « Les avions sont équipés de caméras haute résolution et, à de rares occasions, de technologie capable de collecter les données de milliers de téléphones portables, ce qui soulève de nombreuses questions sur la manière dont ces vols de surveillance affectent la vie privée des Américains. » Imsi-catchers : Cette technologie renvoie aux « Imsi-catchers » que la France entend légaliser dans le projet de loi renseignement, actuellement en débat au Sénat. Ces valises espionnes sont capables de capter toutes les informations des mobiles placés à proximité. Et ce, même si ces derniers sont éteints."
Source : L’Obs
Ces américains anonymes et bénévoles qui espionnent les conversations dans les lieux publics
"Si, avec l'expiration récente de la fameuse Section 215 du PATRIOT Act, la NSA n'a officiellement plus le droit notamment d'écouter vos conversations, certains ont décidé de sensibiliser les Américains aux dangers d'un éventuel renouvellement. Pour ce faire, ils écoutent vos conversations ! Si le monde s’insurge contre les pratiques de la NSA – et plus largement, de nombreuses institutions gouvernementales -, certains veulent apporter leur aide à ces agences pour combattre le terrorisme, protéger les habitants, etc. Comme l’explique l’Agent 01, qui reste anonyme : « nous avons été très inspirés par les actions de la NSA […] Nous sentions que nous pouvions apporter notre aide, parce que nous aussi nous voulons combattre la terreur dans notre pays.« Sur le site du projet, We Are Always Listening, on peut trouver la localisation de nombreux enregistreurs dans des cafés et des bars de New York City. Ces anonymes espèrent qu’en mettant sur place une surveillance de ce genre sur des personnes tout à fait ordinaires, ces mêmes personnes s’en énerveront. Et si elles s’énervent pour cela, elles devraient s’énerver de la même manière pour l’écoute téléphonique. Le site fournit ainsi un lien vers la pétition ACLU encourageant le Congrès à ne pas renouveler la Section 215."
Source : Ubergizmo
Une class action contre Yahoo dont les robots lisent les e-mails privés
"La justice américaine a accepté l'ouverture d'une class action contre Yahoo, dont le service Yahoo Mail lit les e-mails de ceux qui ne sont pas inscrits sur Yahoo, mais qui envoient des messages aux utilisateurs de la messagerie. Lorsque vous utilisez une messagerie en ligne gratuite comme Gmail, Outlook ou Yahoo, il est désormais de notoriété publique que les services utilisent une intelligence artificielle pour lire les courriers stockés dans la boîte aux lettres et les exploiter, que ce soit pour afficher des publicités ciblées ou pour alimenter un assistant personnel comme Google Now, Cortana ou le futur Yahoo Index. C'est même prévu au contrat. L'utilisateur accepte donc que ses courriers privés soient lus. Mais quid des internautes qui envoient un e-mail à une adresse Gmail ou Yahoo ? N'ont-ils pas eux aussi droit à la protection du secret de la correspondance, qui est considérée par de multiples lois et traités comme un droit de l'homme à part entière ? La question sera tranchée aux États-Unis, puisqu'un juge américain a autorisé l'organisation d'une class action (ou action de groupe) à l'encontre de Yahoo, accusé de scanner les e-mails envoyés ou reçus par des utilisateurs qui n'ont pas souscrit aux conditions d'utilisation de Yahoo Mail. Tous les internautes qui ont envoyé un e-mail à une adresse @yahoo.com (ou autre extension) depuis le 2 octobre 2011 sont éligibles à se joindre aux poursuites, engagées sur la base du Stored Communications Act, qui limite ce que les prestataires de communications électroniques peuvent faire des données privées stockées."
Source : Numerama
7 réponses à Revue de presse Surveillance & Renseignement de juin-juillet 2015 (2/2)