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Chevènement chez Dupont-Aignan: première étape en vue d'un "front des souverainistes"?
POLITIQUE - C'est d'ores et déjà un petit événement dans l'histoire du souverainisme français. Jean-Pierre Chevènement, l'ancien ministre socialiste et fondateur du MRC dont il vient d'abandonner la présidence d'honneur, sera l'invité de marque de l'université d'été de Debout La France qui se tient à Yerres (Essonne) ce vendredi 28 et samedi 29 août. La présence de cette figure du souverainisme de gauche aux côtés de l'ancien député UMP Nicolas Dupont-Aignan, porte-voix du souverainisme de droite, n'a pas manqué d'être interprétée comme une première étape dans la constitution d'un "front" commun des adversaires de l'euro et de l'Union européenne.
Interprétation que l'ancien ministre de François Mitterrand n'a d'ailleurs pas cherché à démentir. "J'ai toujours été proche de Nicolas Dupont-Aignan. Simplement, je lui ai dit qu'il fallait créer un espace de dialogue non restreint pour faire vivre une alternance républicaine", expliquait-il au Figaro à la fin du mois de juillet.
"Une nouvelle offre politique, rassemblant un maximum de patriotes, doit présenter une alternative à la décrépitude actuelle", renchérit Nicolas Dupont-Aignan.
Il ne s'agit donc ni d'un ralliement ni de l'ébauche d'un nouveau parti mais bien de l'esquisse d'une plateforme politique transcendant le clivage gauche-droite avec pour unique mot d'ordre d'inverser le cours de la construction européenne. "Je suis partisan d'un dialogue sans exclusive et sans sectarisme avec tous ceux qui souhaitent une alternative républicaine, de Mélenchon à Dupont-Aignan", affirmait encore Jean-Pierre Chevènement au mois de juin, au lendemain de son départ du MRC.
Depuis, l'idée d'un "front des souverainistes" réunissant tous les partisans d'une sortie de la monnaie unique fait son chemin mais se heurte à des résistances politiques a priori incontournables.
La question centrale de la place du Front national
Le scénario d'une alliance gauche-droite visant à s'opposer à l'Europe a pourtant déjà trouvé une application très concrète en Grèce. En janvier dernier, la gauche radicale de Syriza n'avait pas hésité à s'allier au parti de droite souverainiste des Grecs indépendants (ANEL) en dépit de leurs nombreux désaccords (à commencer par l'immigration). Signe que cette alliance peut en inspirer d'autres, Nicolas Dupont-Aignan s'est encore récemment affiché au côté de Panos Kammenos, le tonitruant leader d'ANEL et ministre de la Défense du gouvernement démissionnaire d'Alexis Tsipras.
Rencontre intéressante aujourd'hui avec @PanosKammenos, ministre grec de la Défense.
"La maison brûle. La France connaît une crise sociale, économique, d'autorité et de sécurité sans précédent. Et les pompiers ne devraient pas se parler sous prétexte qu'ils appartiennent à des bords différents!", explique le président de Debout la France.
Verra-t-on pour autant pareil partenariat en France où le premier parti souverainiste n'est autre que le Front national? Jusqu'ici, Jean-Pierre Chevènement s'est gardé d'étendre son invitation au parti de Marine Le Pen. Et Nicolas Dupont-Aignan a toujours pris ses distances vis-à-vis de l'extrême droite, même s'il avait annoncé qu'il nommerait Marine Le Pen à Matignon s'il était élu président.
Mais l'économiste Jacques Sapir, un temps compagnon de route du Front de Gauche et maître à penser des souverainistes de tous bords, a récemment mis les pieds dans le plat en jugeant indispensable la constitution d'un "front de libération nationale" anti-euro incluant l'extrême droite.
Son hypothèse? Tous les partis anti-austérité, du Front de Gauche jusqu'au Front national en passant par Debout la France, devront un jour, sur le modèle du Conseil national de la résistance (CNR), mettre de côté leurs différences pour bâtir une majorité politique capable de renverser la monnaie unique. Concrètement: le FN devrait temporairement renoncer à la préférence nationale et Jean-Luc Mélenchon devrait accepter de s'allier à l'extrême droite au nom de la lutte contre l'austérité imposée depuis Bruxelles.
Non catégorique des mélenchonistes
Toute la question est de savoir si Front de Gauche et Front national pourront un jour cohabiter au sein d'une même majorité. En 2014, Marine Le Pen n'excluait pas l'hypothèse d'une alliance des partis "patriotes". "Il y a des partis patriotes en France et il pourrait être décidé demain que l'ensemble de ces partis se mettent ensemble pour pouvoir défendre la souveraineté de la nation et assurer sa sécurité et sa prospérité", estimait alors la présidente du Front national. Mais si elle citait volontiers Jean-Pierre Chevènement, Nicolas Dupont-Aignan ou Philippe de Villiers, Marine Le Pen n'a jamais ouvertement envisagé un dialogue avec le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon. Ceci ne l'a pas empêché de se féliciter de l'évolution du débat sur l'euro, probablement en réaction à la proposition de l'économiste Jacques Sapir.
Le débat bouge enfin sur l'euro en France. Très heureuse d'en être à l'origine et de porter l'espérance d'une sortie de cet enfer ! MLP
Reste que le Front de Gauche et Jean-Luc Mélenchon excluent catégoriquement toute discussion avec l'extrême droite ou la droite souverainiste de Nicolas Dupont-Aignan. "Il y a une différence substantielle entre moi, qui suis partisan de la République jusqu'au bout et en tous lieux (...) et la vision de M. Dupont-Aignan qui a une vision beaucoup plus nationaliste", tranchait Jean-Luc Mélenchon en juin dernier. Quant à une éventuelle alliace avec le FN, les cadres du PG ont bruyamment exprimé leur opposition au "front de libération nationale" prôné par Jacques Sapir.
#Sapir est un irresponsable. Le projet politique du FN n'est en aucun cas le nôtre ! Mon interview ds Russia Today : francais.rt.com/france/5994-ap …
Convaincu que toute politique anti-austérité est rendue impossible par la Banque centrale européenne, Jean-Luc Mélenchon travaille désormais à l'élaboration d'un "Plan B" visant à s'en affranchir, quitte à réintroduire des monnaies nationales. "Cet euro est devenu l’instrument de domination de l’économie allemande et du gouvernement allemand en Europe", écrit son homologue allemand Oskar Lafontainecité sur son blog. Un appel que Jean-Luc Mélenchon ne destine toutefois qu'à la "gauche qui veut une Europe démocratique et sociale".
La suite ici --->http://www.huffingtonpost.fr/2015/08/28/chevenement-dupont-aignan-
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