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vendredi 1 mai 2015

Norbert Dentressangle: loin devant la Chine et le Qatar, ce sont les Etats-Unis qui rachètent les entreprises françaises

Le Huffington Post


Norbert Dentressangle: loin devant la Chine et le Qatar, ce sont les Etats-Unis qui rachètent les entreprises françaises


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      NORBERT DENTRESSANGLE

INVESTISSEMENT - Le Qatar a vraiment réussi un coup de com' de maître en rachetant le PSG. Pour environ 100 millions déboursés en 2011, et à peu près autant chaque année en transferts de joueurs, il a acquis - pour le meilleur et pour le pire - une image de pays aux poches sans fonds et à l'influence grandissante. Comme une version arabe de la Chine.
Pourtant, ce n'est qu'un coup de com'. Dans la réalité, le Qatar, comme la Chine, ne représente qu'une petite partie des investissements étrangers en France. Loin, très loin derrière le champion américain.
Le 29 avril, l'annonce du rachat du leader européen des transports et de la logistique Norbert Dentressangle a remis les points sur les "i". L'américain XPO Logistics a déboursé d'un coup la bagatelle de 3,24 milliards d'euros. De quoi se payer le Real Madrid, le club le plus cher du monde avec ses 32 titres de champions d'Espagne et ses 10 Coupes d"Europe (n'en déplaise au PSG).
Chaque année, les Etats-Unis amènent leur lot de prétendants au rachat de petits et grands groupes français, ou d'importants sites de production. En novembre dernier, le ministre de l'économie Emmanuel Macron a donné son feu vert au rachat d'une partie d'Alstom par le géant General Electric. Montant de la transaction: 12 milliards d'euros.
Les biscuits Lu, les bonbons la Vosgienne, Dim? Tous américains
En 2013, les pneus Titan seraient sans doute devenus propriétaires de l'usine Goodyear d'Amiens, et Yahoo! de Dailymotion, si Arnaud Montebourg, alors ministre de l'Economie, ne s'était pas interposé.
De nombreuses grandes marques françaises appartiennent depuis longtemps aux Yankees: les biscuits Lu, les bonbons Kréma et la Vosgienne (Kraft Food), les sauces Bénédicta (Heinz), ou encore les sous-vêtements Dim (DBApparel), etc.
D'après l'Agence française des investissements internationaux, les projets en provenance d'entreprises américaines représentent 19% des décisions d'investissement en France, devant les allemandes (14%), britanniques (9%), italiennes (9%), et japonaises (6%).
Bien sûr, beaucoup de projets passent par le développement et la création de filiales de groupes US. Disney, par exemple, emploie 15.000 personnes dans l'Hexagone, et les services financiers Clayton, Dubilier & Rice près de 25.000.
Mais chaque année, les Etats-Unis font aussi leur marché parmi les entreprises.D'après BVDInfo, 107 groupes français ont été rachetés par des américains en 2013, 77 en 2012, 111 en 2011, etc. À chaque fois devant le Royaume-Uni et l'Allemagne.
En comparaison, la Chine et le Qatar ne réalisent que 5 ou 6 acquisitions chacun par an en moyenne. Même si leurs moyens sont en forte augmentation. "Entre 2005 et 2012, les investissements directs chinois dans l’Hexagone sont passés de 250 millions à 3,5 milliards d’euros", notait Europe 1 en janvier dernier. "Si on part de très bas, comme c’est le cas avec les investissements chinois, il est facile d’avoir de tels chiffres. Il y a une dynamique", indiquait une chercheuse de l'Ifri à la radio.
Alors est-ce que la France "se fait plumer", comme l'a déploré Florian Philippot, le vice-président du Front national, aujourd'hui sur Twitter? Il y a encore de la marge. Déjà parce que 71% des rachats sont inférieurs à 25 millions d'euros (13 fois moins que pour les camions rouges Dentressangle). Ensuite, parce que la France compte près de 140.000 PME (moins de 250 employés) et 5000 ETI (de 250 à 4999 employés).
Enfin, la question n'est peut-être pas si cruciale que la sphère politique veut le faire croire, en confondant souvent contrôle du capital et défense de l'emploi. Vu de la France, l'Angleterre est ainsi souvent perçue comme une nation sans industrie, faute de grands noms comme Airbus, Ariane, Peugeot, Citroën, ou Renault. Mais dans les faits, 21% de sa population active travaillait dans l'industrie en 2013, contre 14,7% en France en 2009. "Ils ont préféré la propriété de l'outil productif à celle du capital", analyse Daniel Gérino, Daniel Gérino, président de la société de gestion Carlton Sélection.
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