UNITÉ DE FAÇADE
Les ratés de "la République de la confiance" de Sarkozy
"République de la confiance": Sarkozy tente (en vain) de masquer les divisions des Républicains
CONGRES DES REPUBLICAINS - "République" et "confiance": voilà les deux mots que Nicolas Sarkozy a choisi de marteler lors du congrès fondateur de son nouveau parti. Citant l'un prêt de 90 fois et l'autre plus d'une cinquantaine, le nouveau patron des "Républicains" n'a pas eu peur de se répéter pour faire entendre son cri de ralliement à "la République de la confiance" qu'il appelle désormais de ses voeux.
"La République de la confiance, c’est la République de la morale partagée. Je ne peux avoir confiance dans les autres que si je sais ce que je peux attendre d’eux". Tel devait être le message de rassemblement aux allures de slogan de campagne présidentielle censé clôre en beauté la grande fête de la réconciliation de la droite organisée ce samedi 30 mai Porte de la Villette à Paris. Certes, l'UMP a bien cédé la place aux "Républicains" après un vote sans ambiguité de ses adhérents. Mais pour la réconciliation et la confiance, il faudra repasser.
Malgré les sourires et les embrassades, le congrès fondateur des Républicains n'est pas parvenu à masquer les rivalités qui minent encore l'opposition. Et les tensions qui se sont exprimées dans la foule n'augurent rien de bon pour la primaire qui départagera les candidats à la prochaine élection présidentielle.
Fillon et Juppé hués sans raison
Malgré une affluence décevante, une grosse dizaine de milliers de personnes contre les 20.000 annoncés, tout avait pourtant si bien commencé lors de ce premier et dernier congrès "low-cost" de l'histoire de l'UMP. En dépit des mesures d'économies drastiques imposées par la situation financière alarmante du parti, de nombreux militants avaient fait le déplacement pour écouter sagement la litanie des discours dans une salle surchauffée par cette chaude après-midi de printemps.
Il aura suffi que François Fillon prenne le micro pour qu'une partie de la salle se mette à huer gratuitement, sans raison, celui qui fut pendant cinq ans le premier ministre de la France. Moins d'une heure plus tard, c'est à un torrent de sifflets masquant les applaudissements que se heurte le maire de Bordeaux Alain Juppé. Le responsable politique le plus populaire de France, conspué dans sa propre famille politique, refuse de laisser passer: "Ça me fait de la peine mais ça ne change pas ma détermination. Vous êtes ma famille."
Succédant à son meilleur rival, Nicolas Sarkozy tente de donner le change en saluant un "homme d'Etat" qui est aussi "une richesse" pour sa famille politique. Et de citer François Fillon, Bruno Le Maire, Jean-Pierre Raffarin, Nathalie Kosciusko-Morizet et Laurent Wauquiez. Mais l'image d'une famille républicaine réconciliée est sévèrement écornée.
La primaire omniprésente dans les discours
Si la liste des incidents s'arrête ici, Les Républicains aura raté l'occasion en "ce jour de renaissance" d'offrir l'image d'un parti prêt à mettre de côté ses divergences pour avancer d'un même pas vers l'alternance. Car chaque candidat (déclaré ou non) pour la primaire de 2016 n'a pas manqué de jouer sa propre partition devant les caméras de télévision.
Très applaudi, le député Bruno Le Maire s'est livré à une critique en creux du manque de renouvellement tant des hommes que des idées à la tête du parti. "Faisons tomber les murs de cette classe politique qui ne se renouvelle jamais. Vous butez contre les mêmes visages ? Nous allons vous en offrir de nouveaux. Vous butez contre les mêmes idées ? Nous allons en défendre de nouvelles", a-t-il dit, sans vraiment dire lesquelles. Prêchant pour sa propre paroisse, l'ambitieux quadragénaire a ainsi adressé cet avertissement à peine moucheté à ses aînés: "A tous les jeunes et les moins jeunes qui piaffent ici du désir de servir la France, je veux dire : vous êtes impatients, vous avez raison ; vous portez une ambition nouvelle pour la France, vous avez raison ; vous voulez le pouvoir, vous avez raison - mais prenez le ! Car on ne vous le donnera jamais !"
Peu après, François Fillon, dont le programme de campagne préconise une thérapie de choc, lance cet avertissement sans frais à la direction du parti: "notre congrès ne doit pas être un ripolinage du passé, mais bien un nouveau départ".
S'il propose aux Français "de construire une nation ambitieuse et heureuse", Alain Juppé les a surtout mis en garde contre la "recherche méthodique du clivage" chère à Nicolas Sarkozy. Critiquant en creux son slogan "l'alternance est en marche", le maire de Bordeaux a appelé les siens à surtout "rassembler et rassembler autour d'un projet". "Au-delà du choc de l’alternance, c’est une espérance qu’il faudra faire naître. Il faut donner un sens aux réformes", a-t-il insisté non sans éreinter les méthodes du président des Républicains.
"Les conflits viennent tout naturellement dans notre pays, grand amateur de polémiques et d’affrontements. Le rôle d’un dirigeant n’est pas de les susciter, ni de les attiser, mais de les apaiser. Notre société a besoin d’apaisement, pas de revanche", a-t-il prévenu.
Avant d'imposer sa "République de la confiance", Nicolas Sarkozy va devoir d'abord reconquérir celle de ses propres amis.
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