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dimanche 26 avril 2015

Elections au Royaume-Uni: le bipartisme menacé comme en France

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Elections au Royaume-Uni: le bipartisme menacé comme en France


Publication: Mis à jour: 


ELECTIONS GRANDE BRETAGNE

ROYAUME-UNI - Même les bookmakers anglais ne s'y retrouvent plus. A quinze jours des élections générales en Grande-Bretagne, plus personne ne se hasarde à parier sur l'identité du futur premier ministre tant le paysage politique britannique est éclaté. Un comble dans un pays où le scrutin uninominal à un seul tour (dans lequel le candidat arrivé en tête rafle la mise) a longtemps limité le choix des électeurs à un affrontement binaire entre les Tories et le Labour.
Tandis que la montée du Front national bouscule le bipartisme de la Ve République, de l'autre côté de la Manche, c'est le monopole des conservateurs et des travaillistes qui est menacé d'implosion par l'émergence des partis indépendantistes ou contestataires. Et comme pour le FN, cela ne date pas d'aujourd'hui.
Le face à face entre conservateurs et travaillistes s'était déjà fissuré lors des dernières élections générales de 2010. A l'époque, les Libdem de Nick Clegg (libéraux-démocrates, centre) étaient parvenus à s'octroyer 57 sièges sur les 600 que comptent le parlement. Suffisamment pour négocier au prix fort leur ralliement qui enverra le conservateur David Cameron au 10, Downing Street.
Cinq ans plus tard, les libéraux-démocrates sortent lessivés de cette majorité rafistolée sans que cela n'ait rendu ses couleurs au Parti conservateur. Au contraire. Aucun des deux partis de gouvernement ne semble en mesure de conquérir à lui seul la majorité absolue le 7 mai prochain. Car désormais, ce ne sont pas deux, ni trois mais cinq partis qui se disputent les premières places, même si Tories et Labour font la course en tête.
Montée en puissance des partis indépendantistes ou ultra-nationalistes
Symptôme du déclin de ces partis majoritaires, la "désaffiliation partisane se traduit non par une explosion de l'abstention mais par un intérêt croissant des électeurs pour des petites formations politiques", constate Agnès Alexandre-Collier, professeur de civilisation britannique à l'université de Bourgogne et coauteur de "Les partis politiques en Grande-Bretagne" (Armand Collin).
Premier bénéficiaire: le parti indépendantiste écossais SNP (Scottish national party, de gauche) qui, malgré l'échec du référendum d'autodétermination de l'an dernier, est en mesure de rafler une quarantaine de sièges au Parlement de Westminster, essentiellement en Ecosse et ce au détriment des travaillistes.
Autre formation émergente: Ukip, le parti populiste ultra-libéral et farouchement europhobe de Nigel Farage. Arrivé comme le Front national français en tête des élections européennes au Royaume-Uni, cet ancien lobby un brin farfelu s'est métamorphosé en parti de gouvernement pour concurrencer directement les conservateurs sur leur droite. Au programme: une réduction drastique de l'immigration et un désengagement international avec sortie de l'UE par voie référendaire et fin de l'aide au développement.
"Qu'il s'agisse du SNP ou de Ukip, on assiste à un réflexe de repli sur l'identité nationale face à une menace extérieure, même si ces deux partis ont deux conceptions très différentes de l'Etat-nation", note la chercheuse Agnès Alexandre-Collier.
Vers un Royaume-Uni ingouvernable?
Comme en France où l'irruption du Front national déstabilise le paysage politique en menaçant d'éliminer un des deux partis de gouvernement du second tour de l'élection présidentielle, l'émergence des nouveaux venus (auxquels il faut ajouter la percée relative des Greens et du parti autonomiste gallois Plaid Cymru) rebat sérieusement les cartes du jeu politique en rendant probable l'hypothèse d'un "hung parliament". Autrement dit, l'absence de majorité absolue à Westminster.
Du coup, toutes les configurations d'alliance sont aujourd'hui dans la balance, le Libdem pouvant choisir de rester avec les conservateurs ou de retourner sa veste en soutenant les travaillistes.
A gauche, le Labour pourrait s'allier au SNP pour gouverner. Les deux partis sont très critiques à l'égard de la sévère cure d'austérité appliquée par le gouvernement Cameron et les Ecossais ont déjà indiqué qu'ils soutiendraient une majorité travailliste incarnée par Ed Miliband. Problème, le Labour est farouchement unioniste et se voit mal s'allier avec un parti qui réclame un nouveau référendum d'autodétermination depuis Edimbourg.
A droite, les conservateurs pourraient être contraints de forger une alliance avec Ukip (donné devant le Libdem dans les sondages) , mais au prix d'une réorientation de leurs politique vers encore plus d'euroscepticisme et au risque de se faire grignoter de l'intérieur par le parti de Nigel Farage. Ces derniers mois, plusieurs élus britanniques ont déjà quitté les rangs du parti conservateur pour rallier Ukip.
Comme l'UMP vis-à-vis du Front national, "le parti conservateur ne sait pas comment gérer la montée de UKIP qui est devenu le symptôme populiste et xénophobe des ambiguïtés des Tories sur les questions européennes, sur l'immigration et les questions identitaires", pointe Agnès Alexandre-Collier. Mais contrairement à la situation française, où le FN se heurte toujours à un réflexe de front républicain, la question d'une alliance Conservateurs-Ukip n'est pas un tabou au Royaume-Uni.
Pour l'heure, chacun assure qu'il fait campagne pour l'emporter seul. Mais la donne devrait changer dès l'annonce des résultats le 7 mai prochain.
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