Le bilan du séisme au Népal pourrait atteindre 10.000 morts
Par par Rupam Jain Nair et Sanjeev Miglani | ReutersReuters/Reuters - Volontaires déblayant des débris à la recherche de victimes, à Katmandou. Le bilan du séisme de samedi au Népal pourrait s'élever à 10.000 morts, selon le Premier ministre Sushil Koirala.
par Rupam Jain Nair et Sanjeev Miglani
KATMANDOU (Reuters) - Le bilan du séisme de samedi au Népal pourrait s'élever à 10.000 morts, a dit à Reuters le Premier ministre Sushil Koirala, alors que les habitants déplorent la lenteur de la réaction des autorités face à la catastrophe.
Le gouvernement est "sur le pied de guerre" pour organiser les secours, a assuré mardi le Premier ministre népalais. "C'est un défi et un moment très difficile pour le Népal."
Selon les derniers chiffres communiqués par le ministère de l'Intérieur, 4.682 personnes ont été tuées et plus de 9.200 blessées par le séisme de magnitude 7,9 qui a frappé la région de Katmandou, ce qui en fait le séisme le plus meurtrier au Népal depuis celui de 1934 qui avait coûté la vie à 8.500 personnes.
"Le bilan pourrait grimper jusqu'à 10.000 morts parce que nous n'avons pas encore reçu d'informations en provenance des villages isolés", a expliqué Sushil Koirala.
Des glissements de terrain consécutifs au séisme ont tué des centaines de personnes à Sindhupalchowk, au nord-est de la capitale.
Les Nations unies ont déclaré que 8 millions de personnes étaient affectées par la catastrophe et que 1,4 million de personnes avaient besoin d'une aide alimentaire.
Sur le mont Everest, tous les alpinistes bloqués à plus de 6.000 mètres d'altitude par les avalanches déclenchées par le séisme ont pu être hélitreuillés vers le camp de base sud, où au moins 18 personnes, dont quatre étrangers, ont trouvé la mort ce week-end.
L'aide internationale a commencé à arriver dans le petit pays himalayen de 28 millions d'habitants, l'un des plus pauvres d'Asie, mais les répliques du séisme, les dégâts infligés aux infrastructures et le manque de moyens financiers ralentissent le déploiement des secours.
À MAINS NUES
A Katmandou, la capitale, des proches des victimes aidés par des groupes de jeunes gens fouillent les gravats à mains nues.
"Attendre de l'aide est plus douloureux que le faire nous-mêmes", dit Pradi Subba, qui cherche les corps de son frère et de sa belle-soeur dans les décombres de la tour Dharahara.
"La seule machine ici, ce sont nos mains", déclare un jeune de 27 ans qui retire briques et blocs de parpaing avec un masque sur le visage pour atténuer la puanteur des cadavres en décomposition. "Il n'y a personne du gouvernement ou de l'armée pour nous aider."
L'effondrement de cette tour historique du XIXe siècle a fait de nombreuses victimes, dont on ignore encore le nombre exact.
Ailleurs dans la ville, sur la place Durbar, des jeunes gens déblaient les ruines d'un ancien temple à l'aide de pioches, de pelles ou à la main devant quelques policiers qui les regardent sans intervenir.
Selon le directeur général de la National Disaster Response Force (NDRF) indienne, l'une des premières organisations étrangères arrivées pour participer aux secours, il faudra du temps pour retrouver des survivants et les corps des victimes, peut-être plusieurs semaines. Les gros engins sont inadaptés aux rues étroites de Katmandou, a dit O.P. Singh.
Pour la troisième nuit consécutive, nombre d'habitants ont dû dormir dehors, leurs maisons ayant été soit rasées soit fragilisées par les secousses, qui continuent de semer la panique.
A Katmandou comme ailleurs, des milliers de personnes dorment à même les trottoirs, les rues et les parcs, pour bon nombre sous des tentes de fortune.
DES HÔPITAUX DÉBORDÉS
Les hôpitaux sont débordés, et l'eau potable, la nourriture et l'électricité sont des denrées rares.
Des vendeurs de fruits ont toutefois refait leur apparition dans les rues de la capitale où les bus ont repris du service.
L'aide tarde à atteindre les habitants les plus vulnérables, certains critiquent ouvertement l'inaction de leur gouvernement qui reconnaît être débordé par l'ampleur de la catastrophe.
"Le gouvernement a besoin de tentes, de médicaments supplémentaires. Les gens dorment dehors, sous la pluie", a déclaré le Premier ministre Sushil Koirala alors que de fortes pluies ont commencé à s'abattre mardi sur Katmandou.
"Il y a plus de 7.000 blessés. Leur traitement et leur rééducation vont constituer un grand défi."
C'est dans les zones rurales reculées que la situation est la pire. Les axes routiers sont coupés par des glissements de terrain et nombre de localités, privées d'eau et d'électricité, doivent faire sans aucune aide extérieure.
Après l'Inde et la Chine, premiers pays mobilisés pour venir en aide à Katmandou, les Etats-Unis ont annoncé qu'ils débloquaient neuf millions de dollars de plus au titre de l'aide au Népal, portant à 10 millions le montant total de leur aide.
Deux avions de transport C-17 de l'US Air Force, transportant des secouristes et du matériel, ont pris la direction du Népal. L'Australie envoie elle aussi un C-17 pour livrer des produits de première nécessité. L'avion entreprendra en outre l'évacuation des quelque 1.150 Australiens qui se trouvaient au Népal le jour du séisme.
La France déplore deux morts, a annoncé lundi Laurent Fabius. Selon le ministre des Affaires étrangères, ce couple de touristes a péri dans un éboulement à Katmandou. La France est par ailleurs sans nouvelle de 676 personnes, a-t-il ajouté.
(Eric Faye, Jean-Stéphane Brosse et Guy Kerivel pour le service français)
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