Pourquoi les ventes de Rafale au Qatar sont bonnes pour les finances de l'Etat (et peuvent aider dans la lutte contre le terrorisme)
Publication: Mis à jour:
RAFALE - Il y a toujours un côté très cocardier dans la célébration médiatique de chaque vente de Rafale. On peut s'en émouvoir - ce sont des armes de guerre après tout - mais c'est en réalité très logique. En effet, chaque contribuable est directement concerné par les succès de Dassault Aviation.
Le Rafale est un programme déjà ancien, qui a coûté près de 45 milliards d'euros à l'Etat. Les premières ébauches remontent 1976. A l'époque, chaque armée utilise un chasseur différent. La feuille de route révolutionnaire du Rafale est de concevoir un seul appareil adapté à toutes les missions. Reconnaissance, interception, attaque au sol, etc. Le premier prototype vol en 1986, et sa mise en service intervient en 2001.
Mais il faudra attendre près de 15 ans pour qu'il s'en vende enfin à l'étranger. A la décharge de Dassault, c'est un secteur très disputé avec des débouchés limités. Les gros pays (Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, Chine...) possèdent leur propre programme, et les petits pays n'ont pas les moyens de se les offrir.
Heureusement pour Dassault, l'Etat s'est engagé à lui garantir une production minimale de 220 avions. Sa chaîne d'assemblage de Bordeaux Mérignac a en effet besoin de produire au moins 11 avions par an pour être rentable. A l'heure actuelle, l'armée française a déjà passé commande pour 180 machines, dont 137 ont été livrées.
C'est à partir de là que les commandes de l'Egypte, de l'Inde et du Qatar vont soulager nos finances. Dans la loi de programmation militaire de 2014-2019, l'Etat a réduit ses commandes à 26 Rafale pour faire des économies. Tout en garantissant toujours 11 appareils par an à Dassault.
L'armée chiffre à plus de 15 milliards d'euros l'apport des contrats de ventes d'armes à l'export en 2015. #Rafale
En clair, la loi de finance a parié sur le fait que les exportations allaient prendre le relais. Comme chaque Rafale coûte près de 100 millions d'euros, quarante avions de moins sur les comptes de l'armée représentent une économie de 4 milliards d'euros. En additionnant, les commandes passées par les trois premiers clients du Rafale, Dassault cumule désormais entre 74 et 88 commandes. Soit près du double nécessaire pour valider le budget de l'armée 2014-2019.
Cette marge de manoeuvre n'est pas un luxe. Dans le cadre de la vente des Rafale à l'Egypte, Dassault a conscience que son client n'aura peut-être pas les moyens d'honorer la totalité de sa commande de 5 milliards d'euros portant sur 24 chasseurs. "On a clairement adapté la structure de l'offre à la capacité financière du client", observe Loïc Tribot La Spière, délégué général du CEPS, un think thank spécialisé dans la défense, dans une interview à l'Expansion. Résultat, encore une fois, l'Etat français a accepté de jouer les bons samaritains en apportant sa garantie sur la moitié environ du montant du contrat.
Bref, l'armée peut respirer. Elle va réussir à boucler son budget 2014-2019 comme prévu l'an dernier. D'autant qu'avec un peu de chance, les négociations sur le Rafale vont aussi aboutir avec la Belgique et la Malaisie.
Cette nouvelle tombe à pic, car entre temps François Hollande a prévu de nouvelles dépenses. Le 29 avril, il a annoncé plus de moyens mis à disposition de la lutte contre le terrorisme en France. En premier lieu, il a pérennisé l'opération Sentinelle, déclenchée sur le sol français courant janvier. "7000 soldats seront mobilisés", a précisé le chef de l'Etat. Alors qu'il évoquait jusqu'à maintenant un maintien de l'opération jusqu'à l'été, cette déclaration laisse penser qu'elle sera prolongée. Ensuite, alors que 34.000 postes devaient être supprimés d'ici à 2019, 18.500 seront finalement préservés.
Rallonge budgétaire pour La Défense : 600 millions en 2016, 700 millions en 2017, 1 milliard en 2018 et 1,5 milliard en 2019. Au total, 3,8
Ces décisions impliquent pour 2015 une "sanctuarisation" du budget de la Défense. Soit 31,4 milliards d'euros, sans que l'on sache encore comment il sera bouclé. Il manque en effet 2 milliards d'euros qui devaient provenir de la vente de fréquences à des opérateurs privés mais qui n'arriveront pas tout de suite dans les caisses de l'Etat.
Même si les contrats Dassault n'apportent rien directement dans les caisses de l'Armée, ils lèvent une incertitude dans la quête de ces nouveaux milliards dont elle a besoin pour protéger la France.
Lire aussi :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire