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vendredi 28 juin 2019

La Tribune des Travailleurs - le fil des informations - jeudi 6 juin 2019



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6 juin 2019 – Plus de 80 services d’urgences sont en grève. Une manifestation est prévue ce jeudi à Paris sous les fenêtres du ministère de la Santé.

Comme s’il ne s’était rien passé

Par Daniel Gluckstein —
Retour au 26 mai dans la soirée. Macron et son parti « en marche » viennent de recueillir 10 % des suffrages des électeurs inscrits. Le Premier ministre se déclare « à pied d’œuvre pour poursuivre le projet du président et de la majorité ».
90 % rejettent la politique du gouvernement et celui-ci déclare : je continue. Comme s’il ne s’était rien passé…
Selon Les Échos (3 juin), le budget 2020 en préparation prévoit de s’attaquer :
– aux HLM, dont le financement sera ponctionné de plus de 300 millions d’euros ;
– aux aides personnalisées au logement (APL), diminuées de 1 milliard par an ;
– aux chômeurs, qui perdront un milliard ou plus puisque « le grand gisement d’économies proviendra de la réforme de l’assurance chômage » selon une source gouvernementale ;
– aux futurs retraités, floués de 500 millions dès 2020 en conséquence de l’allongement de la durée de cotisation prévu par la loi Touraine de 2014, à quoi s’ajouterait dès 2020 un système de décote « pour inciter à partir plus tard » (Macron), mesure transitoire de la réforme Delevoye* ;
– aux services publics, qui devraient perdre au moins 10 000 postes l’an prochain… 
Qu’on ne vienne pas nous parler de démocratie ! La démocratie, c’est le pouvoir de la majorité. Or chaque mesure annoncée frappe la majorité, celle qui n’a que sa force de travail pour vivre, et au cœur de cette majorité : la classe ouvrière. Chaque mesure annoncée protège la minorité, la classe capitaliste, ses investissements, ses crédits d’impôts, ses dividendes réalisés sur la base des destructions d’emplois (comme General Electric-Alstom).
Si la démocratie a un sens, c’est de satisfaire aux besoins vitaux de la majorité.
Si la démocratie a un sens, c’est de bloquer les plans anti-ouvriers de Monsieur 10 %, et de retirer les réformes de la santé, de la fonction publique, de l’école, du lycée, du baccalauréat (et Parcoursup), et celle des retraites. Car toutes ont un même contenu de classe anti-ouvrier. Si la démocratie a un sens, elle impose, sans attendre 2022, de chasser Macron et le régime antidémocratique de la Ve République* qui permet à Monsieur 10 % de pourrir la vie de 90 % de la population. 
Cela suppose d’en finir avec la division et la dispersion.
Isolées les unes des autres dans des actions distinctes et à des jours distincts, parfois morcelées par secteurs professionnels et même par catégories dans un même secteur, les grèves qui s’étendent dans tout le pays sont-elles vouées à se perdre dans ce morcellement ? Ne faut-il pas au contraire qu’elles se rassemblent en un fleuve unique contre le gouvernement ? Elles auront alors la puissance nécessaire pour le balayer et ouvrir la voie à une autre politique et un autre gouvernement respectueux de la volonté majoritaire. 
Oui, la grève générale ouvrière aura la capacité d’ouvrir une telle perspective. Aider à bâtir le front unique scellant l’unité des travailleurs et des organisations et construire un parti ouvrier au service de cette cause : tels sont les objectifs des militants du Parti ouvrier indépendant démocratique et du meeting du 15 juin à Montreuil. 

5 juin 2019 – Aux Etats-Unis, le gouvernement de Trump a annoncé, sous la pression des militants anti-IVG, qu’il mettait fin au financement public de toute recherche médicale dans les centres fédéraux sur les tissus prélevés sur des fœtus avortés. Ceux-ci sont utilisés pour développer de nouveaux traitements contre le VIH, le virus qui cause le sida ainsi que pour la recherche contre la maladie d’Alzheimer, les blessures de la moelle épinière et des maladies ophtalmiques.


5 juin 2019 – Le conseil d’administration de Renault n’a pas pris de décision sur le projet de fusion Fiat Chrysler et Renault, à la demande du gouvernement français qui souhaite un report de la décision, le ministre de l’Economie Le Maire voulant d’abord s’en entretenir avec son homologue japonais.


4 juin 2019 -120 000 personnes ont manifesté à Prague pour exiger la démission du richissime Premier ministre tchèque, Andrej Babis, soupçonné de fraudes. Depuis la fin avril, les manifestations sont régulières ; elles visent également la ministre de la Justice, soupçonnée de vouloir freiner les poursuites judiciaires à l’encontre du chef de gouvernement.



La Constituante

La Tribune des Travailleurs, 5 juin 2019
Les représentants du peuple. Élus sur un mandat, celui des revendications et aspirations. Révocables, s’ils ne le respectent pas. À ce titre, souverains car délégués du peuple souverain et responsables devant lui. Une telle assemblée, voilà ce qu’impose le désastre provoqué par des décennies de gouvernements illégitimes, soumis aux classes dirigeantes.

Partout, un mot d’ordre

né du mouvement du peuple travailleur

En Algérie, en France, au Brésil, au Soudan et dans beaucoup d’autres pays à travers le monde, le combat pour l’Assemblée constituante est plus que jamais d’actualité. En Algérie, son élection a vocation à être l’aboutissement du formidable mouvement populaire qui a commencé à démanteler un régime honni. En France, la multiplication des grèves et l’approfondissement de la crise politique qu’elle génère mettent à l’ordre du jour la nécessité de la grève générale qui seule pourra permettre d’en finir avec Macron et ses contre-réformes, de balayer les institutions antidémocratiques de la Ve République et donc de poser concrètement la question de l’Assemblée constituante et d’avancer la perspective du gouvernement ouvrier.


Ni instance de transition

ni gouvernement de techniciens

Mais, pour mener à bien ce combat, il est primordial de préciser ce qu’est une Assemblée constituante et plus encore ce qu’elle n’est pas.

Son rôle ne peut se borner à discuter et à adopter une nouvelle Constitution en laissant une “instance de transition”, souvent auto- proclamée et censée représenter la “société civile”, ou un “gouvernement de techniciens” désigné par ceux qui ont dû abandonner le pouvoir, gérer les “affaires courantes”, autrement dit continuer à appliquer la politique de ces derniers.

Entre le moment où les anciennes institutions ne fonctionnent plus et celui où les nouvelles entrent en vigueur, l’Assemblée constituante, si elle veut prendre les mesures répondant aux aspirations et aux revendications de ceux qui l’ont élue, ne peut être que souveraine et donc détenir tous les pouvoirs, et cela dans tous les domaines.

Elle seule en a la légitimité, à condition toutefois d’être réellement représentative du peuple travailleur dont le combat a débouché sur sa convocation.

Elle doit par conséquent être composée intégralement de représentants élus à la proportionnelle intégrale, mandatés et donc révocables. Aucune “personnalité qualifiée”, aucun soi-disant “expert” ni aucune personne tirée au sort sous prétexte de démocratie “directe” ou “participative”, n’ayant donc de comptes à rendre qu’à elle-même, ne peut être habilitée en tant que telle à y siéger.

Une référence dans toutes les têtes,

la Révolution française de 1789

La première Assemblée constituante fut proclamée en juillet 1789 au début de la Révolution française. La crise de l’Ancien Régime, crise à la fois économique, sociale, financière et politique, avait contraint le roi à convoquer les états généraux réunissant les députés des deux « ordres » privilégiés, la noblesse et le clergé, moins de 6 % de la population, et ceux du tiers état. Ces derniers étaient issus de la bourgeoisie, mais, comme en témoigne le contenu des cahiers de doléances des assemblées qui les avaient mandatés, toutes les composantes du tiers, et en particulier la paysannerie, partageaient leur exigence d’en finir avec l’Ancien Régime et d’imposer l’égalité civile et l’abolition des privilèges.

En mai 1789, à l’ouverture des états généraux, les députés du tiers état refusèrent de siéger et de voter séparément des représentants des deux autres ordres, engageant ainsi avec le pouvoir royal un bras de fer qui devait durer deux mois. Considérant qu’ils représentaient l’immense majorité de la population, ils se constituèrent le 15 juin en « Assemblée nationale » avec quelques députés du clergé. Le 27, le roi céda et invita les députés des ordres privilégiés à les rejoindre. « Les représentants de la nation » affirmèrent alors leur intention de doter le pays de nouvelles institutions. Le 9 juillet, ils proclamèrent l’Assemblée nationale constituante.


Mesures immédiates

La riposte populaire au « complot aristocratique », en particulier la prise de la Bastille le 14 juillet, et les révoltes paysannes obligèrent la nouvelle assemblée à prendre un certain nombre de mesures immédiates pour tenter de reprendre la situation en main ; ce fut en particulier le vote du principe de l’abolition des privilèges dans la nuit du 4 août et, le 26, l’adoption de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Mais la Constitution qu’ils élaborèrent et qui fut votée le 3 septembre 1791 était sur bien des points en contradiction avec les principes démocratiques énoncés dans cette Déclaration. Ainsi, en adoptant un système électoral censitaire, elle privait du droit de vote non seulement les femmes mais aussi « les citoyens passifs ». Seuls en bénéficiaient les « citoyens actifs », payant une contribution directe égale à la valeur de trois journées de travail. Certaines couches de la petite et de la moyenne bourgeoisie et les classes populaires, principalement à Paris, voulurent résoudre cette contradiction et entreprirent de « poursuivre la révolution dans un sens plus égalitaire »*. Le 10 août 1792, une insurrection renversa la royauté, ce qui rendit indispensable l’élection d’une assemblée chargée d’élaborer une nouvelle constitution.

Suffrage universel

Elle fut élue au suffrage universel masculin et prit le nom de Convention. Elle proclama la République le 21 septembre. La Convention « représentait seule la nation, détenait seule le pouvoir », mais elle était aussi soumise à la pression de la Commune de Paris qui l’obligea à plusieurs reprises à prendre des mesures destinées à défendre et à approfondir la Révolution.

Elle adopta le 24 juin 1793 la Constitution dite de l’an I, dont la Déclaration des droits proclamait les droits au travail, à l’assistance et à l’instruction. Elle déclarait licite la résistance à l’oppression et reconnaissait même le droit à l’insurrection si le gouvernement violait « les droits du peuple ». Elle établissait la prépondérance de la représentation nationale, une assemblée élue pour un an au suffrage universel masculin, sur le pouvoir exécutif qui lui était subordonné. Cette Constitution, qui consacrait le droit de propriété en prévoyant toutefois des possibilités de mise en cause dans certaines circonstances, fut la plus démocratique à ce jour que la France ait connue, fut ratifiée par un référendum ; mais, l’invasion des troupes étrangères et les révoltes intérieures nécessitant des mesures de « salut public », son application fut renvoyée à la paix. La Convention prit cependant un certain nombre de mesures en conformité avec cette Constitution. Ainsi elle abolit l’esclavage, en phase avec la révolte libératrice des esclaves de Saint-Domingue. Elle abolit de même tous les droits féodaux, sans indemnité ni rachat, contrairement à ce qu’avait prévu la première Constituante. La réaction thermidorienne qui suivit la chute de Robespierre en juillet 1794 permit à la Convention, épurée de ses éléments les plus révolutionnaires, d’abroger cette Constitution et d’adopter celle de l’an III (1795), dont la Déclaration des droits marquait un net recul en matière de démocratie et de droits sociaux, y compris par rapport à celle de 1789. Ainsi, la distinction « citoyens actifs- citoyens passifs » fut rétablie. C’est que ces assemblées, au cours même de la Révolution, se sont heurtées aux résistances de forces sociales et politiques réactionnaires. Chaque fois, c’est l’action des classes populaires qui leur permit ou leur imposa de répondre, au moins en partie et pour un temps, aux aspirations de ceux qui les avaient élues.
Dossier réalisé par Loïc Le Bars 
* Albert Soboul, Histoire de la Révolution française, tome 1, Idées-Gallimard, p. 318.
Dans le projet de programme d’action politique du POID

Qu’est-ce que l’Assemblée constituante ? C’est l’Assemblée des délégués élus, mandatés et révocables par les travailleurs et le peuple, à la proportionnelle intégrale de tous les partis en présence. C’est l’Assemblée qui prend entre ses mains tous les pouvoirs, et pour commencer, le pouvoir d’abroger les contre-réformes des gouvernements précédents et d’abolir les institutions existantes.

Une authentique Assemblée constituante, représentative du peuple travailleur, décidera sans aucun doute d’affecter les milliards des budgets d’armement aux besoins de la population et de retirer les troupes françaises de tous les territoires sur lesquels elles interviennent.

Une Assemblée constituante, authentiquement soucieuse des intérêts du peuple travailleur, décidera de ne plus se soumettre aux diktats des banques et de l’Union européenne et de prendre les mesures d’urgence qu’appelle la situation. Ainsi, elle ouvrira la voie à un authentique gouvernement de la classe ouvrière et de la démocratie, un gouvernement des travailleurs, un gouvernement ouvrier.

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