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lundi 10 juillet 2017

L’opposition turque se mobilise massivement

L’opposition turque se mobilise massivement

Le leader de l’oppposition turque Kemal Kiliçdaroglu, à Istanbul, le 8 juillet 2017.
Le leader de l’oppposition turque Kemal Kiliçdaroglu, à Istanbul, le 8 juillet 2017.OSMAN ORSAL / REUTERS
« Nous briserons les murs de la peur », a déclaré hier à la foule Kemal Kiliçdaroglu, le chef du Parti républicain du peuple (CHP), au terme de jours de marche. La foule s’étalait sur une grande esplanade en bord de mer, près de la prison de Maltepe, un quartier d’Istanbul, où est incarcéré Enis Berberoglu, un député CHP condamné à vingt-cinq ans de prison pour avoir fourni au journal d’opposition Cumhurriyet des informations confidentielles. Kemal Kiliçdaroglu, qui a parcouru près de 450 kilomètres sans insigne partisan et avec « Justice » comme seul mot d’ordre, a rallié une foule croissante tout au long de sa marche, attirant des milliers d’opposants au président Recep Tayyip Erdogan. Cette initiative, sans précédent en Turquie, est la plus grande manifestation de l’opposition depuis le mouvement contestataire de 2013. Selon le CHP, plus de deux millions de personnes étaient réunies dimanche soir, mais ces chiffres ne pouvaient être vérifiés dans l’immédiat. D’habitude, seul le président Erdogan parvient à rallier de telles foules à ses meetings.
L’opposition en Turquie dénonce une dérive autoritaire du chef de l’Etat, notamment depuis le feu vert donné par référendum en avril à un renforcement de ses pouvoirs et depuis les purges effectuées après la tentative de putsch il y a un an : environ 50 000 personnes ont été arrêtées et plus de 100 000 limogées ou suspendues de leurs fonctions. La police turque a encore arrêté, mercredi, huit militants des droits de l’homme, dont la directrice d’Amnesty International Turquie. Condamnant vigoureusement la tentative de putsch faite le 15 juillet dernier par des militaires factieux, M. Kiliçdaroglu a tout autant critiqué les purges opérées dans le cadre de l’état d’urgence instauré dans la foulée, qu’il qualifie de« coup d’Etat civil ». Le gouvernement a considéré cette marche avec mépris. Le premier ministre Binali Yildirim a même estimé vendredi qu’elle commençait à « devenir ennuyeuse »« Cela doit prendre fin après le rassemblement », a-t-il dit. Le président Erdogan, quant à lui, qui s’est entretenu dimanche avec le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson à Istanbul, a accusé M. Kiliçdaroglu de se ranger du côté des « terroristes »et l’a même mis en garde contre une possible convocation judiciaire. Les autorités n’ont pas empêché la marche et ont déployé chaque jour les forces de l’ordre nécessaires à sa sécurité. Dimanche, quelque 15 000 policiers ont été mobilisés pour encadrer le rassemblement de Maltepe. Les soutiens de M. Kiliçdaroglu ont comparé cette initiative à la célèbre « marche du sel » de Gandhi en 1930 contre le pouvoir britannique en Inde. « Nous avons écrit une légende »« vous avez écrit l’histoire », a répété à plusieurs reprises M. Kiliçdaroglu.

Source Le Monde.fr

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