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dimanche 31 août 2025

Rue89 avec L'OBS - Les mégafeux sont-ils notre nouvelle crise du Covid ? Dimanche 31 août 2025

 


Dimanche 31 août 2025

Les mégafeux sont-ils notre nouvelle crise du Covid ? Alors que je me trouvais avec ma famille dans une station balnéaire de l’Aude au moment où l’immense incendie du 5 août a éclaté, j’ai assisté à une scène frappante. Au lendemain du début du sinistre, deux imposants Canadair jaunes ont longé le rivage, volant bas en direction des flammes, dans le massif des Corbières, à quelques dizaines de kilomètres de là.

D’un bond, toute la plage s’est levée pour les applaudir, dans un élan de solidarité presque pavlovien. A croire que nous n’avons jamais oublié nos réflexes acquis pendant la pandémie, lorsque nous honorions chaque soir à 20 heures le dévouement des soignants.

Spectateurs impuissants du désastre, nous, vacanciers, ne pouvions que lire l’angoisse sur le visage des locaux, déjà éprouvés par deux précédents feux début juillet. Le patron du bar face mer où nous avions nos habitudes a gardé les traits tirés des jours durant, pendu au téléphone pour prendre des nouvelles de ses proches vivant près de Ribaute, l’épicentre du sinistre.

Cette tension, nous y avons été plongés dès notre arrivée dans la région fin juillet. La voiture chargée de serviettes de plage, masques de plongée, tente Quechua, chips et biscuits en tout genre, nous avons été déroutés de l’autoroute vers les villages environnants, à cause d’un incendie apparu dans la commune de Sigean.

A touche-touche avec les autres véhicules, nous avons alors découvert un paysage de désolation : terre pelée, arbres roussis, maisons carbonisées… Les vestiges d’un premier brasier survenu trois semaines plus tôt.

« Ça recommence », a soupiré une dame, dans l’impossibilité de rentrer chez elle à Roquefort-des-Corbières, à 15 kilomètres de là à peine, alors que nous étions échoués dans un café en bordure de départementale avec d’autres estivants. Pendant ce temps, les camions de pompiers nous frôlaient à toute allure, les cendres recouvraient les menthes à l’eau des enfants et l’arrêt intempestif des feux de signalisation, faute de courant, semait la pagaille au niveau du carrefour à proximité. Un décor digne de « Walking Dead », non sans rappeler l’ambiance apocalyptique qui a baigné les confinements de 2020-2021. Comme si la crise était devenue un état perpétuel.

Bérénice Rocfort-Giovanni

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« Je suis infirmière depuis vingt-cinq ans, j’ai 49 ans et me suis mariée il y a vingt ans. Je vis toujours avec mon époux. Il est ingénieur spécialisé dans le traitement de l’eau. Je l’ai rencontré lors d’une mission de Médecins sans Frontières en Afrique. Je suis bretonne, il m’a fait découvrir le centre de la France où nous avons acheté une maison. Nous avons trois enfants. Mes parents sont ensemble depuis cinquante ans. Ils ne sont pas parfaits mais ils ne se sont jamais manqué de respect. Chacun a sa place dans le couple. Alors, quand j’ai rencontré mes beaux-parents pour la première fois lors d’un déjeuner, j’ai eu un choc. Mon beau-père était odieux avec ma belle-mère. Elle a déposé un plat succulent sur la table et lui, il lui a balancé : “Qu’est-ce que c’est que cette merde ?”

Elle, c’est Cendrillon. Elle est parfaite, jolie, bosseuse, elle cuisine très bien, sa maison est nickel. Mon beau-père, retraité, vient d’un milieu aisé. Il travaillait dans le secteur bancaire, il lui a vendu du rêve quand elle avait 20 ans. Il est le troisième garçon d’une fratrie de quatre enfants et n’a jamais su trouver sa place. Sa sœur est née peu de temps après lui. Comme ses parents voulaient une fille, il n’existait plus. Parce qu’il n’a jamais été valorisé pendant son enfance, il a toujours nourri une forme d’amertume, de frustration qu’il reporte sur les autres. Il passe son temps à les critiquer. Au départ, les deux premières années pourtant, il m’a traitée comme la fille qu’il n’avait pas – il est père de deux garçons. Quand j’ai eu mon fils, les remarques ont commencé entre deux portes : “Eh bien, tu ne fais pas envie…”

On a ensuite vécu dix ans en Afrique de l’Ouest. A cette époque, on ne se voyait que l’été, ce qui limitait ses dérapages. A notre retour, les relations se sont envenimées. Notre maison est à quelques kilomètres de chez eux. Ils vivent dans la ville où je travaille. Parfois, je leur donnais mon fils cadet à garder la nuit. Mais souvent, il ne voulait pas s’occuper des enfants, et notamment de mon deuxième fils, que nous avons adopté en Afrique et qui était “speed”. Mais au lieu de me le dire clairement, il faisait porter le chapeau à ma belle-mère. Son mari, c’est son boulet. Elle fait des marathons pour s’échapper de la maison. Il est très isolé socialement. Il est aussi hypocondriaque. Tout l’inquiète : son dos, son cul, son pénis… Il est persuadé d’avoir une tumeur à la thyroïde alors il passe régulièrement des examens qui ne montrent rien. Sa femme doit le conduire d’un spécialiste à l’autre.

On a commencé à faire des travaux avec mon mari dans notre maison. Rien n’allait jamais à ses yeux et il me tenait pour responsable. Les remarques étaient continuelles. Un jour, alors qu’il déjeunait chez nous et que la maison était propre, rangée, il n’a rien trouvé d’autre à dire que : “La vitre de l’insert de la cheminée est sale.”

« Ton fric, tu peux te le garder »

Ça a craqué à l’automne 2024, toujours au sujet des travaux : “Tu fais n’importe quoi, comme d’habitude. Vous n’aurez pas un sou de plus” – il nous avait aidés financièrement pour la rénovation. C’est le “comme d’habitude” qui a été le détonateur. Enfin, il disait le fond de sa pensée. A Noël, je l’ai ignoré. Ça l’a rendu dingue car il a une très haute opinion de lui-même. Après ça, il a proposé à mon mari de lui donner 10 000 euros, une manière de maintenir l’emprise sur nous.

Au printemps, mes parents sont venus nous rendre visite. Mes beaux-parents les ont invités avec nous à déjeuner. Mon beau-père n’arrêtait pas de fayoter devant eux. Il était tout gentil avec moi, ne me lâchait plus, je sentais physiquement sa présence auprès de moi.

Peu de temps après, j’ai fait un cauchemar : il était collé à moi, gluant. Je me suis réveillée en pleurant et je lui ai envoyé un message confus : “Ton fric, tu peux te le garder. Etre patriarche, ça se mérite. Pour moi, tu ne représentes rien.” Là encore, il a envoyé sa femme parler pour lui. Elle a appelé mon mari et mes parents : “Hélène pète les plombs, elle doit se soigner”, comme si j’étais une enfant. En ce qui me concerne, c’est fini, je ne veux plus le voir. C’est mon corps qui a parlé. J’ai supporté cette situation pendant vingt ans mais là, je n’en peux plus.

J’aime bien les autres membres de sa famille, ça me peine de ne plus les voir. Mon mari me soutient. Ce n’est pas pour rien qu’il est parti de longues années à l’étranger. Je n’empêche pas mes enfants de rendre visite à leur grand-père mais je les ai prévenus : “Ne le prenez pas en exemple.” Je remarque que dans le milieu rural où nous vivons, même parmi mes jeunes collègues, il y a beaucoup de violence patriarcale. La jeune fille doit se mettre au pas. Plusieurs infirmières avec qui je travaille sont des femmes d’éleveurs. Elles doivent aider leur mari à s’occuper des bêtes après avoir fini leur propre journée de travail. Heureusement que la parole se libère de plus en plus face à ces abus. »

*Le prénom a été modifié.

temoignagesrue89@gmail.com

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