Terre aride et anarchique, le Sahel peine toujours à intégrer le circuit de l'économie mondialisée. Pourtant, le trafic de drogue l'y plonge de façon alternative. Il relie désormais les narcos vénézuéliens et les djihadistes de l'Azawad (Mali), les producteurs chinois et la jeunesse désœuvrée du Sénégal, les trafiquants du Niger et l'insouciant fêtard des métropoles européennes. Ce commerce fleurit d'autant plus que, dans les territoires les plus enclavés, il n'existe pas d'alternative en matière de revenus. Lieu historique de transit et de trafics, le Sahel renferme aujourd'hui quelques-unes des principales artères de la route mondiale des drogues. 35 % de la cocaïne parvenant en Europe aurait traversé la bande sahélo-saharienne. La poudre blanche, en provenance d'Amérique du Sud (Colombie, Venezuela, Brésil, Pérou, Bolivie), débarque dans les ports du golfe de Guinée et ceux du Sénégal, ou atterrit sur des pistes de fortune via des jets privés. Des îles peu accessibles de l'archipel des Bijagós (Guinée-Bissau) sont encore une destination privilégiée par les « narcos » pour déposer et stocker la marchandise, à l'écart des contrôles. Autre moyen de transport : les semi-submersibles. Le contrôle croissant des autorités américaines dans les Caraïbes a poussé les trafiquants sud-américains vers l'Afrique de l'Ouest, qu'ils rallient en empruntant « l'autoroute 10 » (ils suivent le 10e parallèle nord). Les narcos vénézuéliens et colombiens n'hésitent pas à se rendre sur place pour y soudoyer des autorités locales, ou s'y installer afin de relayer leurs partenaires outre-Atlantique. La drogue circule ensuite vers le Maghreb et l'Europe par des bateaux de pêche ou des routes terrestres de l'intérieur, dissimulée, parfois dans des boules d'attiéké ou dans l'estomac de « mules » : ces individus qui avalent des balles cellophane avant de passer les frontières. Un pays est privilégié pour le transit : la Mauritanie. Plusieurs tronçons de la piste de l'ancien Paris-Dakar ont été goudronnés, jusqu'à la Méditerranée. La N1 relie désormais Nouakchott, la capitale, à Atar, au nord, puis rejoint le Maroc par Aïd Ben Tili ou l'Algérie par Tindouf. Les stupéfiants sont ensuite acheminés vers les ports algériens et marocains. Le Sénégal et la Guinée alimentent des routes qui traversent les principales villes du Mali : Kayes, Bamako, Tombouctou et Gao. Elles franchissent ensuite la frontière algérienne par Bordj B… Martin Dousse |
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