Nos enfants voyageront-ils comme nous ? Née dans les années 1980, j’ai toujours adoré prendre l’avion. J’aime tout : arpenter les boutiques en duty free et le hall d’embarquement, coller mon nez au hublot comme les gosses pour regarder le toit des maisons s’éloigner, siffler un mini-Coca de 15 cl et même manger un poulet-riz réchauffé en barquette sur une tablette.
Est-ce parce que j’ai passé mon enfance non loin d’un grand aéroport international ? Le lieu me fascinait tellement que j’y ai effectué mon stage de troisième avec la mère d’une amie qui travaillait pour la compagnie américaine TWA. J’ai grandi en guettant le bruit du décollage du Concorde chaque jour à 11 heures tapantes. Lorsque j’ai commencé à travailler, l’une de mes grandes joies a été de m’offrir, enfin, mon premier vol transatlantique pour aller à New York. Il était alors de bon ton d’épingler sur un planisphère sur le site Copains d’avant (l’ancêtre de Facebook, pour les plus jeunes) les pays que l’on avait visités. Et un collègue m’a avoué récemment qu’il avait affiché, plus jeune, une telle carte dans ses toilettes.
Le concept de « flygskam » (la honte de prendre l’avion à cause de son impact environnemental) n’existait pas. Le principal obstacle aux voyages aériens était financier. Mais voilà, depuis la fin des années 2010 et le débat grandissant autour de la quantité de CO2 relâchée par ce moyen de transport, il est devenu compliqué d’embarquer le cœur léger dans un gros-porteur pour se rendre à l’autre bout du monde, de surcroît pour des loisirs. Puis les enfants sont arrivés, le Covid a mis la planète à l’arrêt, et ma conquête du monde par le ciel a pris du plomb dans l’aile.
Qu’en sera-t-il pour les adultes de demain ? Rêveront-ils à leur tour de « cocher » tous les pays du globe ? Ou trouveront-ils d’autres moyens de s’émerveiller ? Récemment, lors d’un séjour en Alsace, nous nous sommes rendus en Allemagne (par voie terrestre) pour une courte escapade. Quelle ne fut pas la joie de mon fils de 7 ans de traverser « en direct » une frontière : « Il y a le drapeau allemand ! Tout est écrit dans une autre langue sur les panneaux ! » L’exotisme ne passe peut-être pas que par les airs.
Bérénice Rocfort-Giovanni
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