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samedi 12 octobre 2024

LSDJ (La Sélection du Jour) - International : Relations France-Israël, une alliance contrariée

 



La Sélection Du Jour
12 Octobre 2024 - N°2292

International

Relations France-Israël, une alliance contrariée

Photo : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu salue le président français Emmanuel Macron avant une réunion à Jérusalem le 24 octobre 2023. (Christophe Ena / POOL / AFP)
La récente déclaration d'Emmanuel Macron sur la vente d'armes à Israël a fortement déplu au Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Si une tension grandit entre les deux pays alliés, elle n'est nullement un fait nouveau. Retour sur l'historique des relations diplomatiques fluctuantes entre les deux États.

Pendant un entretien chez France Inter, le 5 octobre, à l'occasion du Sommet de la francophonie, Emmanuel Macron appelle à « cesser » les livraisons d'armes à Israël. Cette déclaration radicale du président français provoque l'ire du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, qui rappelle : « Israël combat les forces de la barbarie dirigées par l'Iran. Tous les pays civilisés devraient se tenir fermement aux côtés d'Israël. Pourtant, poursui-t-il, le président Macron et d'autres dirigeants occidentaux appellent maintenant à des embargos sur les armes contre Israël. Ils devraient avoir honte. » Emmanuel Macron rétorque que la France « est l'amie indéfectible d'Israël » et déplore les mots « excessifs » de Benyamin Netanyahou.

Dès le déclenchement de la guerre à Gaza après les massacres du 7 octobre, Emmanuel Macron appelait Israël à la retenue dans sa réponse au Hamas, ainsi qu'à la conclusion d'un cessez-le-feu... sans résultat. Début 2024, avec le prolongement de la guerre, des partis de gauche exigent l'interruption des ventes d'armes françaises à Israël. Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, précise alors que la France ne livre que des composants d'armes à l'État hébreux : « [Ces matériels ne sont] jamais des armements constitués, toujours des composants, qui peuvent être fournis à des industries israéliennes qui ensuite vendent à des pays tiers » martelait-il alors. Les seuls composants français utilisés par Tsahal sont destinés au Dôme de fer, qui protège Israël contre les roquettes et les missiles du Hamas, du Hezbollah et de l'Iran. Selon les données du Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), les Américains et les Allemands ont fourni 80 % de ses armes conventionnelles à Israël de 2014 à 2023.

Les relations entre la France et Israël ont connu des hauts et des bas depuis la création de l'État hébreux, officiellement proclamé le 14 mai 1948. À l'époque, la France est le premier État à reconnaître Israël. Les rapports entre les deux pays sont amicaux, voire chaleureux sous la IVe République, puis au début du premier mandat du général de Gaulle sous la Ve. En 1961, ce dernier reçoit le Premier ministre David Ben Gourion et déclare qu'envers Israël, « nous ressentons de l'admiration, de l'affection et de la confiance. » Mais cette relation se fragilise pendant la guerre des Six jours, en juillet-août 1967, lorsque de Gaulle appelle à instaurer un embargo sur les armes au Moyen-Orient : la mesure est destinée à Israël, à qui la France fournit des armes. La même année, la tension culmine entre les deux États lors d'une conférence de presse du général de Gaulle, le 27 novembre 1967. Il y affirme que lors de la fondation de l'État d'Israël, « certains [...] redoutaient que les Juifs, jusqu'alors dispersés, mais qui étaient restés ce qu'ils avaient été de tout temps, c'est-à-dire un peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur, n'en viennent, une fois rassemblés dans le site de leur ancienne grandeur, à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu'ils formaient depuis dix-neuf siècles. » La polémique est telle que le président français écrit un mot d'excuse au grand rabbin de France et à Ben Gourion.

Sous Georges Pompidou puis Valéry Giscard d'Estaing, la politique française en faveur des États arabes et la création d'un État palestinien se renforce, et avec elle, les tensions avec Israël. En 1971, la France reconnaît l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) comme principal interlocuteur à l'ONU sur la question palestinienne. Elle accueille même le premier bureau de l'OLP à l'étranger en 1972. Trois ans plus tard, en 1975, un nouvel épisode entache la relation franco-israélienne. Après la signature de l'accord franco-irakien, dans lequel la France s'engage à construire un réacteur nucléaire à Osirak, les Israéliens, craignant que l'Irak n'accède à l'arme nucléaire, détruisent le site nucléaire en construction, en 1981.

L'année suivante, François Mitterrand effectue la première visite d'un président français en Israël dans un climat de concorde, malgré l'incident de l'année précédente. Sans surprise, le soutien qu'il apporte à la solution à deux États dans son discours devant la Knesset, déplaît à son auditoire. Les rapports sont malgré tout apaisés. Son successeur Jacques Chirac se rend en Israël en 1996, un an après avoir reconnu les responsabilités de l'État français dans la rafle du Vel d'Hiv, où il a rencontré le jeune nouveau Premier ministre, Benyamin Netanyahou. Cette visite laisse un goût amer au président français, qui s'indigne d'avoir été empêché de rencontrer les populations palestiniennes de Jérusalem-est. Les années suivantes sont plus prometteuses que cette visite ne pouvait le présager. En 2002, la France instaure une coopération culturelle et économique avec Israël, encouragée par le ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin. Ce dernier effectue son premier voyage hors d'Europe en Israël en mai 2003, alors que sa sensibilité est jugée pro-arabe. Depuis ce reset, les relations France-Israël sont restées stables, malgré l'insistance répétée de Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron pour une solution à deux États.

Max George

France-Israël : une relation à deux vitesses

>>> Lire l'article sur le centre Thucydide
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