Emmanuel Macron a pour lui d’être plutôt prévisible. Fragilisé par la dissolution, délégitimé par les urnes, conspué pour son coup de force antidémocratique, le chef de l’État, une nouvelle fois, s’extirpe d’une situation nationale chaotique – qu’il a lui-même créée – pour tenter, depuis l’étranger, de rester sous le feu des projecteurs.
Direction Rabat, donc, où le président, flanqué de quelques ministres, d’une flopée de chefs d’entreprise et d’une poignée de personnalités, entame une visite officielle de trois jours, reçu en grande pompe par un Mohammed VI aux petits soins.
Un déplacement placé sous le signe de l’entente recouvrée après des mois de tensions diplomatiques alimentées, entre autres, par l’invraisemblable opération d’espionnage à grande échelle ourdie par onze États, dont le royaume chérifien. Elle visait des centaines de journalistes, dont une de nos consœurs de l’Humanité, et des responsables politiques, parmi lesquels Emmanuel Macron, au moyen du logiciel Pegasus, édité par une société israélienne.
Derrière les mises en scène et l’apparat, le dégel des relations entre la France et le Maroc répond aux intérêts économico-stratégiques de deux États en perte d’influence dans la région. En reconnaissant, au mépris du droit international, la « souveraineté du Maroc » sur le Sahara occidental occupé, Emmanuel Macron a fait le premier pas.
Le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, entériné maintes fois par l’ONU, réaffirmé il y a quelques jours par la Cour de justice de l’Union européenne, qui a invalidé définitivement deux accords commerciaux avec Rabat précisément parce qu’ils contrevenaient au respect de ce droit, vaut bien d’être piétiné pour quelques juteux contrats.
Certes, la France est un soutien historique du royaume dans sa lutte contre le Front Polisario, mais le pas symbolique n’avait jusqu’alors jamais été franchi. L’appât du gain et des parts de marché a rebattu les cartes. Emmanuel Macron, VRP du libéralisme tricolore en habits de président, est en voyage d’affaires.
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