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dimanche 9 juin 2024

Rue89 avec L'OBS - Mais qu’ont-ils tous avec leur compost ? - Dimanche 8 juin 2024

 


Dimanche 9 juin 2024

Mais qu’ont-ils tous avec leur compost ? Cela ne vous a sans doute pas échappé : les gens des villes adorent parler de leur lombricomposteur ou des bacs collectifs qu’ils nourrissent de leurs déchets végétaux. Ils s’exclament : « Mon compost sent bon ! » Observent : « Les vers se reproduisent à vitesse grand V… » Ou s’enquièrent, intéressés : « Vous n’auriez pas besoin de thé de vers pour vos jardinières ? » (Note pour les non-pratiquants : ce jus issu de la décomposition de matière organique, inodore, est un fertilisant puissant.)

Un copain s’étonnait, l’autre jour, de la manière dont un voisin, à un apéro pour faire connaissance, s’est mis sans détour à parler de son compost. Devenu « maître-composteur », après une courte formation, le trentenaire qui aurait pu figurer dans le roman « Humus », vouait une passion aux lombrics. La discussion n’a pas assoupi l’assemblée, bien au contraire : quand un convive a fait la moue, le maître-composteur a défendu les siens avec ardeur. En partant, il leur a lancé : « Et passez voir mon compost ! »

En ville, le compost n’est pas qu’une nouvelle mondanité. Comme les chiens ou les bébés dans l’espace public, il crée du lien. Une collègue, intarissable sur son compost collectif installé dans une cour d’immeuble, me racontait comment elle en a coopté un autre, en lui présentant la « charmante » vieille dame anglaise à la tête de la confrérie. Deux fois par an, ce petit monde se réunit pour répartir le fruit de leur labeur : des litres d’engrais naturel.

Détrompez-vous : tel un lombric dans un lit d’épluchures fraîches, cet engouement me réjouit. Grâce à un site spécialisé, sorte de Bon Coin du ver, j’en ai d’ailleurs adopté une poignée. M’est-il arrivé de soulever le couvercle de notre lombricomposteur pour faire les présentations ? Affirmatif.

Si je me réjouis de ne plus voir partir des tonnes de déchets verts à la poubelle, je m’interroge : cet enthousiasme est-il une manière pour ceux qui vivent dans du béton de renouer avec le vivant ? D’étouffer leur éco-anxiété ? Est-ce un nouveau signe de distinction sociale ? Loin des grandes villes, je constate que les pratiquants s’épanchent rarement. Oui, ils jettent leurs épluchures dans un silo au fond du jardin, et alors ?

Mon histoire avec les vers s’est mal terminée : une nuée de drosophiles, la mouche du fruit, est venue leur tenir compagnie un été. Impossible de les déloger. Un voisin s’en est plaint. Cela crée du lien, on vous dit !

Emilie Brouze

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temoignagesrue89@gmail.com

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