| HADRIEN MATHOUX RÉDACTEUR EN CHEF POLITIQUE Comptes d'apothicaire Vous ne pouvez pas les avoir ratés. Depuis des jours, ils s'accumulent inlassablement dans les colonnes des journaux, dans les conversations au zinc, dans le cloaque des réseaux sociaux. Ce sont les sondages : bénédiction pour le commentateur politique, qui trouve dans les « rollings » une matière quotidienne sur laquelle disserter ; cauchemar du républicain, qui voit la démocratie éclairée en laquelle il aspire se noyer en conjectures et théorèmes douteux.
Si les études d'opinion ont scandé le rythme de la campagne des européennes — admettons que les sondeurs ne se sont pas vraiment trompés, même si le résultat d'arrivée est fortement corrélé au récit installé par la publication de leurs travaux —, l'exercice se révèle bien plus ardu pour les législatives.
En effet, au contraire du tour unique à l'échelle nationale que proposait le vote du 9 juin, ces élections provoquées par la dissolution de l'Assemblée consistent en fait en 577 batailles, dans tous les coins de France, qui auront lieu sur deux tours. À chaque circonscription son contexte : ses alliances, sa culture politique, ses élus implantés localement, ses rivalités notabiliaires. Nulle ne ressemble à une autre.
On peut donc l'écrire hardiment : n'écoutez pas les sondages. Les pourcentages de voix à l'échelle nationale ne signifient que peu de choses, car faire 80% dans une circonscription dès le 30 juin rapporte autant de sièges (un seul) qu'arracher un second tour à trois voix près. Les projections en sièges sont tout aussi hasardeuses : pour obtenir des échantillons raisonnablement représentatifs dans toutes les circonscriptions, il faudrait un panel de 250 000 sondés, au moins. Voilà toute la magie du scrutin majoritaire à deux tours, et de la division du territoire national en 577 circonscriptions. Twitter @hadrienmathoux
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