| HADRIEN MATHOUX RÉDACTEUR EN CHEF POLITIQUE Chambardement à la vitesse de la lumière Pesons soigneusement nos mots : l'actualité politique turbine à une vitesse tellement hallucinante que les constats courent le risque très élevé de se périmer en une poignée de secondes. Alors qu'acteurs et commentateurs se préparaient doucement à plonger dans la torpeur de l'été après les élections européennes, la dissolution décidée par le président Macron a plongé tout le pays dans une frénésie qui ne prendra fin qu'au mois d'août… au mieux !
Reprenons dans l'ordre pour y voir clair. Le paysage se recompose devant nous à toute allure, parce que les partis ont trois jours pour régler les questions qu'ils devaient résoudre en trois ans, parce qu'il faut vite investir des candidats dans les 577 circonscriptions législatives, et parce que la nécessité de sauver le plus de sièges, voire de conquérir le pouvoir, pousse mécaniquement les forces à s'unir dans un mode de scrutin majoritaire qui encourage les alliances.
À gauche, les désaccords qu'on disait mortels sur l'Ukraine, l'Europe, la laïcité et l'antisémitisme ont été relégués au douzième plan, face à un double mouvement : mystique unitaire historique d'un côté, intérêts de boutique persistants de l'autre. Nous voilà face à un « nouveau Front populaire ». À droite, les choses sont plus floues, mais le Rassemblement national semble décidé à lâcher du lest sur sa dimension populaire et sociale afin de mieux attirer des fractions de Reconquête et Les Républicains, deux partis qui implosent.
Et au centre ? La majorité présidentielle semble tétanisée, prise de court par la décision du chef de l'État. Les macronistes avaient tant érigé le président en héros surhumain qu'ils en ont oublié de penser. À l'heure où ils réalisent que leur champion est faillible, la peur les saisit. Mais il reste encore plusieurs semaines pour renverser la fatalité. À l'allure où changent les choses, c'est une éternité. Twitter @hadrienmathoux
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire