Gaza : les civils restent menacés malgré l'appel de l'Onu à Israël d'empêcher un "génocide"
La Cour internationale de justice de l'Onu a enjoint Israël à prendre des mesures afin d'empêcher tout acte éventuel de "génocide" à Gaza. L'état hébreu y a vu une accusation "scandaleuse". Plusieurs pays émettent désormais leurs préoccupations concernant le sort des civils, alors qu'Israël a lancé un assaut militaire d'ampleur sur l'enclave palestinienne depuis l'attaque du Hamas, le 7 octobre.
Le sort des civils à Gaza reste ce samedi 27 janvier au coeur de vives préoccupations au lendemain d'une décision de la plus haute juridiction de l'ONU appelant Israël à empêcher tout acte éventuel de "génocide" dans le territoire palestinien.
Et ces inquiétudes se focalisent sur Khan Younès, principale ville du sud du territoire assiégé qui est le théâtre ces derniers jours de combats acharnés entre l'armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien Hamas. Ces affrontements, doublés de raids aériens israéliens, ont poussé des milliers de personnes à quitter la ville et ont réduit a minima la capacité des deux principaux hôpitaux locaux, Nasser et al-Amal.
Dans la nuit, des témoins ont fait état de frappes violentes sur place et le Croissant-Rouge palestinien a dit avoir reçu des morts et traité des blessés à l'hôpital al-Amal.
Saisie par l'Afrique du Sud, la Cour internationale de Justice (CIJ) a appelé vendredi Israël à empêcher tout acte éventuel de "génocide" à Gaza, une accusation jugée "scandaleuse" par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Israël, qui contrôle l'entrée de l'aide internationale dans ce territoire assiégé, doit prendre "des mesures immédiates" pour permettre l'accès à l'aide à Gaza, a déclaré la CIJ, qui ne dispose d'aucun levier pour imposer ses décisions.
Or le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira mercredi pour se pencher sur cette décision, à la demande de l'Algérie qui cherche à lui "donner un effet exécutoire".
La Cour, qui siège à La Haye, n'a cependant pas appelé à un cessez-le-feu à Gaza, où l'armée israélienne mène une offensive militaire en représailles à l'attaque sans précédent menée contre Israël le 7 octobre par le Hamas.
1 140 tués en Israël, 26 083 à Gaza
L'attaque du Hamas a entraîné la mort d'environ 1 140 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.
Quelque 250 personnes ont été enlevées pendant cette attaque et emmenées à Gaza, dont une centaine libérées fin novembre durant une trêve en échange de prisonniers palestiniens.
En réponse, Israël a juré "d'anéantir" le Hamas et lancé une vaste opération militaire ayant fait 26.083 morts, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon le ministère de la Santé du mouvement.
"Compatir"
L'Union européenne a demandé l'application "immédiate" de cette décision, qualifiée de "sans fondement" par Washington, principal allié d'Israël, tandis que la France a souligné que le crime de génocide nécessitait "l'établissement d'une intention".
Le Brésil a également demandé le "respect total et immédiat" de la décision, par la voix de son ministère des Affaires étrangères.
La décision a été saluée par la Turquie, l'Iran, l'Espagne et le Qatar, médiateur qui accueille la direction du Hamas. L'Arabie saoudite a elle demandé à ce qu'Israël "rende des comptes" pour ses "violations" du droit international.
"C'est la première fois que le monde dit à Israël qu'il dépasse les bornes. Ce qu'Israël nous a fait à Gaza pendant quatre mois ne s'est jamais produit dans l'histoire
"C'est la première fois que le monde dit à Israël qu'il dépasse les bornes. Ce qu'Israël nous a fait à Gaza pendant quatre mois ne s'est jamais produit dans l'histoire", a réagi Maha Yasin, une Palestinienne âgée de 42 ans
"Au moins, j'ai l'impression que le monde a commencé à compatir avec nous", a ajouté cette femme qui fait partie des 1,7 millions de Palestiniens déplacés, selon des estimations de l'ONU, par les raids et les combats.
Réunion à Paris
Si Israël rejette la décision de la CIJ, et s'oppose à la démarche de l'Afrique du Sud devant ce tribunal, il participe à des discussions visant à mettre une "pause" à son opération en échange de la libération des otages.
Le patron de la CIA, le service de renseignement américain, va rencontrer "dans les tout prochains jours à Paris" ses homologues israélien et égyptien, ainsi que le Premier ministre qatari, pour tenter de conclure un accord de trêve entre Israël et le Hamas, a indiqué vendredi à l'AFP une source sécuritaire.
Le président américain Joe Biden a discuté avec l'émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al-Thani, des "derniers événements en Israël et à Gaza, y compris des efforts de libération des otages enlevés par le Hamas", a annoncé vendredi la Maison Blanche, tout en laissant entendre qu'aucune annonce "imminente" n'était à prévoir.
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