HISTOIRE et MEMOIRE
"Elle n'est pas morte !" est une chanson d'Eugène Pottier ( l'auteur de L'Internationale ), écrite en mai 1886, et mise en musique sur l'air de « T'en fais pas Nicolas » de Victor Parizot .
Elle fut écrite en souvenir de la glorieuse Commune de Paris :
Aux Survivants de la semaine sanglante.
On l’a tuée à coups d’chassepot,
À coups de mitrailleuse,
Et roulée avec son drapeau
Dans la terre argileuse
Et la tourbe des bourreaux gras
Se croyait la plus forte.
Tout ça n’empêch’pas,
Nicolas,
Qu’la Commune n’est pas morte !
Comme faucheurs rasant un pré,
Comme on abat des pommes,
Les Versaillais ont massacré
Pour le moins cent mille hommes.
Et ces cent mille assassinats
Voyez c’que ça rapporte.
Tout ça n’empêch’pas,
Nicolas,
Qu’la Commune n’est pas morte !
On a bien fusillé Varlin.
Flourens, Duval, Millière,
Ferré, Rigault, Tony Moilin,
Gavé le cimetière.
On croyait lui couper les bras
Et lui vider l’aorte.
Tout ça n’empêch’pas,
Nicolas,
Qu’la Commune n’est pas morte !
Ils ont fait acte de bandits,
Comptant sur le silence,
Ach’vé les blessés dans leurs lits,
Dans leurs lits d’ambulance.
Et le sang, inondant les draps,
Ruisselait sous la porte.
Tout ça n’empêch’pas,
Nicolas,
Qu’la Commune n’est pas morte !
Les journalistes policiers,
Marchands de calomnies,
Ont répandu sur nos charniers
Leurs flots d’ignominies.
Les Maxim’Ducamp, les Dumas,
Ont vomi leur eau-forte.
Tout ça n’empêch’pas,
Nicolas,
Qu’la Commune n’est pas morte !
C’est la hache de Damoclès,
Qui plane sur leurs têtes.
À l’enterrement de Vallès
Ils en étaient tout bêtes.
Fait est qu’on était un fier tas
À lui servir d’escorte !
C’qui vous prouve en tout cas,
Nicolas,
Qu’la Commune n’est pas morte !
Bref, tout ça prouve aux combattants
Qu’Marianne a la peau brune,
Du chien dans l’ventre et qu’il est temps
D’crier : vive la Commune !
Et ça prouve à tous les Judas
Qu’si ça marche de la sorte,
Ils sentiront dans peu,
Nom de Dieu !
Qu’la Commune n’est pas morte !
Paris, mai 1886.
Le 27 mai 1871, les derniers combats se déroulent au cimetière du Père-Lachaise, où 200 communards se sont retranchés.
À court de munitions, ces derniers se défendent à l'arme blanche mais sont vaincus par les versaillais qui achèvent les blessés et fusillent les derniers survivants contre le mur de l'enceinte, devenu depuis le mur des Fédérés.
Durant plusieurs heures, les communards résistent au point que les combats se seraient parfois terminés au corps à corps et à l’arme blanche, entre les tombes, non loin des sépultures de Nodier, Balzac et Souvestre.
Cent quarante-sept communards faits prisonniers sont fusillés contre le mur est de l’enceinte du cimetière. Dans les heures et les jours qui suivent, les corps de milliers d’autres fédérés tombés lors des combats de rue dans les quartiers environnants sont ensevelis à leurs côtés, dans une fosse commune.
En leur mémoire, une section de cette muraille est appelée le « mur des Fédérés"
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