Dois-je venir chercher mon fils à « l’heure des parents » ? Lors de mon congé maternité, mon fils aîné, me sachant plus disponible, m’a fait découvrir cette expression hautement culpabilisante inventée par l’école. Pour ceux qui l’ignorent, l’heure des parents, c’est 16h30, soit la fin de la classe. Est-ce à dire que lorsque j’allais le récupérer à 18 heures au centre de loisirs, je n’étais pas un parent ? Il y a pire. Le passionnant sociologue François de Singly, grand spécialiste de la famille et de l’éducation, et une non moins passionnante collègue, m’expliquaient récemment qu’on a longtemps parlé de « l’heure des mamans » pour qualifier ce moment de la journée. Et pour cause. Sous un radieux soleil de juin (vous aussi, vous avez oublié cette sensation dans votre passoire thermique bloquée à 19 degrés ?), j’ai pu constater qu’à 99 %, les parents massés devant la grille de l’école à 16h30 étaient….des mères. Bien sûr, il y avait sûrement dans le lot des femmes dont les horaires décalés leur permettaient de finir plus tôt leur journée de travail. Mais les statistiques disent tout autre chose. Quand un enfant naît, ce sont dans leur écrasante majorité les femmes qui adaptent leur activité professionnelle à la vie de famille. A elles les temps partiels, les congés parentaux et les pauses dans la carrière. Ainsi, nous apprend l’Insee, 7% des hommes inactifs le sont pour des raisons familiales, contre 54% des femmes inactives, et ce, depuis des années. Un état de fait tellement ancré dans les mentalités qu’un tiers de la population (27% des femmes et 40 % des hommes) déclare qu’il est normal que les femmes s’arrêtent de travailler pour s’occuper de leurs enfants (des chiffres en augmentation de six points par rapport à l’an passé), selon une étude glaçante du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes. Qu’importe si elles payeront cher ce dévouement au moment de la retraite, comme nous le rappellent les débats autour de la réforme voulue par Emmanuel Macron. J’ai, depuis, repris le chemin du travail et mon fils, celui du centre de loisirs. Tout sentiment de culpabilité m’est ôté quand il m’engueule parce que je suis venue « trop tôt » et qu’il n’a « pas pu finir ses avions en papier ». | 
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