Bonjour à chacune et chacun d’entre vous,
Battre le projet de régression Macron-Borne-Cioti
Le rejet de la contre-réforme des retraites a encore pris de l’ampleur depuis la journée d’action unitaire du jeudi 19 janvier. De plusieurs sources, on sait que dans les palais gouvernementaux on a été surpris par l’importance des mobilisations. On a pris acte, de fait, que la « communication » gouvernementale ne passe pas. Ils ont donc changer de fusil d’épaule. Hier leur contreréforme était « juste et équitable ». Elle est simplement devenue « nécessaire ». Tout simplement parce qu’en masse nos concitoyens refusent une régression sociale de plus. Ils considèrent le projet du gouvernement et de la droite totalement injuste et inefficace.
Il n’y a que les milieux d’affaires et leur porte-voix, dans les journaux tels Le Figaro et Les Échos, et les chaînes d’informations continues telles C-News et BFM, qui soutiennent ce coup de poignard social. En fait, cela ne fait pas grand monde.
C’est la France qui travaille dur, celle qui trime, celle qui fait tourner le pays, celle qui produit réellement les richesses, qui dit NON avec force à une nouvelle régression sociale, même camouflée derrière le mot « réforme ».
Toutes celles et ceux qui sont descendus dans la rue étaient soutenus par les bien plus nombreux millions de citoyens qui n’ont pas pu faire grève ou manifester. Toutes celles et ceux, que quelques jours auparavant le président de la République exhortait à refuser « l’irresponsabilité ».
Les ouvriers, les cadres, les habitants des banlieues ou des campagnes, les soignants, les enseignants, les pompiers, les artisans, les policiers qui se retrouvent ensemble refusent une « contre-réforme », injuste et injustifiée au moment même où les détenteurs de hauts revenus financiers battent tous les records, sans cotiser un seul centime aux caisses de protection sociale.
Voilà les authentiques « irresponsables ».Il convient de noter la puissance de la protestation dans les villes sous –préfectures, ainsi que le ralliement des retraités au mouvement.
Depuis des mois, chaque enquête d’opinion montre qu’une large majorité de nos concitoyens refuse ce coup de poignard. Et, les parlementaires macronistes, comme ceux de la droite des « Républicains », devraient se souvenir qu’ils n’ont totalisé que 37% des voix au premier tour des élections législatives et 16% des inscrits. Il semble d’ailleurs qu’ils sentent le vent du boulet passer, puisque de plus de dissensions se font entendre dans leurs rangs.
De nombreux candidats du parti présidentiel ont d’ailleurs été battus parce qu’ils défendaient le recul de l’âge légal de départ en retraite, alors que le président de la République avait reconnu, au soir du 12 avril 2022, qu’il était « pleinement conscient que (son élection) ne vaudra pas soutien du projet (qu’il) porte… ». Il avait ajouté, « et je le respecte. »
Or, aujourd’hui, il ne respecte pas sa parole. Il la renie même. Ainsi, il déclarait en direct, le 25 avril 2019, que « tant qu’on n’a pas réglé le problème du chômage dans notre pays, franchement ça serait assez hypocrite de décaler l’âge légal » de départ à la retraite. Il insistait même : « quand aujourd’hui on est peu qualifié, quand on vit dans une région en difficulté industrielle, quand on est soi-même en difficulté, qu’on a une carrière fracturée, bon courage déjà pour arriver à 62 ans ».
Pourquoi renier à ce point cet argumentaire, sinon pour mieux servir les ogres de la finance.
Pour faire accepter l’inacceptable, quelques ministres seulement sont autorisés à se démener sur les plateaux de télévision pour répéter mensonges et balivernes. « Nous devons convaincre » répète-t-il en cœur. On dirait bien que les trente-cinq autres ministres ne sont pas eux-mêmes convaincus puisque l’Élysée leur interdit de s’exprimer durant les prochaines semaines.
Mais convaincre de quoi au juste ? Le ministre chargé des relations avec le Parlement a admis que les femmes seraient parmi les premières sacrifiées de cette opération. Sûr qu’il ne sera pas autorisé à l’ouvrir de sitôt dans un média. Le pouvoir est nu. Il n’a aucun argument crédible. Il organise donc une guerre sociale éclair ouvrant la voie à une vie encore plus dure après 60 ans et pousse à la retraite par capitalisation.
C’est ce qui se chuchote timidement dans la presse des milieux d’affaires. C’est le sens de la communication médiatique en début de semaine incitant les travailleurs à souscrire des plans d’épargne retraite, sous les babines alléchées des compagnies de banques-assurances.
L’argument du financement est faux puisque même M. Pierre-Louis Bras, président du Conseil d’orientation des retraites (COR), auditionné il y a quelques jours par une commission parlementaire, a expliqué que « les dépenses de retraite ne dérapent pas, elles sont relativement maîtrisées… Dans la plupart des hypothèses, elles diminuent plutôt à terme. »
Pourquoi alors une telle précipitation ? Le président du Conseil d’orientation des retraites rappelle régulièrement que le choix du gouvernement est lié au « programme de stabilité» qu’il a communiqué à la Commission de Bruxelles. Dans ce document, le pouvoir s’engage à diminuer les dépenses publiques. Ce serait donc pour respecter cet engagement, répondant lui-même aux exigences des traités européens, que le pouvoir engage une épreuve de force contre le peuple et pour complaire aux marchés financiers.
Quand ils disent « réduction dépenses publiques » il faut entendre « coupe sombre dans les dépenses sociales ». Car, de l’argent, ils en trouvent énormément pour exonérer de cotisations sociales une partie du capital. Et surtout de l'argent, ils vont en trouver pour augmenter d’un tiers le budget militaire.
L’argument du refus « du blocage du pays » prépare le terrain d’un coup de force gouvernemental.
Inscrire une contre-réforme d’une telle importance dans un additif au projet rectificatif de financement de la sécurité sociale est une manœuvre inqualifiable dans un pays qui se prétend démocratique.
Elle permet au gouvernement d’utiliser un article méconnu de la Constitution, le 47-1 qui indique que « si le Parlement ne s’est pas prononcé dans un délai de cinquante jours, les dispositions du projet peuvent être mises en œuvre par ordonnance ». De nombreux juristes posent déjà la question de la constitutionnalité d’une telle opération. Ce poussiéreux article 47-1 est le summum de la caricature de l’autoritarisme de la cinquième République. L’État bourgeois s’est doté des outils pour sécuriser sa classe afin de se débarrasser de la République sociale.
Et l’argument du « blocage » du pays est à contrario la démonstration que ce ne sont pas les tenants du capital qui font fonctionner le pays, mais bien les travailleuses et travailleurs. Ceux-là mêmes que ce capital exploite, domine et aliène. Pourquoi donc leur refuser leur souveraineté sur leur travail et la production. S’ils l’étaient ce n’est pas la retraite à 64 ou 67 ans qui serait en débat, mais le retour à 60 ans et 55 ans pour celles et ceux qui exercent des travaux pénibles avec 37, 5 années de cotisations. Les progrès de la productivité du travail le permettent largement. Au-delà l’enjeu des retraites pose les grandes questions du sens, du contenu, de l’utilité du travail et de ses conditions d’exercice et sa maîtrise par les travailleuses et travailleurs elles et eux-mêmes. Mener campagne comme le fait pouvoir sur le « blocage » n’est pas un signe de force. Il est l’aveu qu’aucun progrès social n’a été obtenu sans une puissante et déterminée mobilisation de masse.
Ici, le mot d’ordre convergeant est simple. Non. Non à la retraite à 64 ans, voire 67 ans pour certaines et certains.
Le bras de fer en cours est bien une preuve de la lutte entre la classe des possédants, des puissances financières et les travailleurs et les générations à venir. Le pouvoir va jouer sur le pourrissement, sur la lassitude, la division. Autant de pièges dans lesquels il ne faut pas tomber. Raison de plus pour amplifier encore les mobilisations. Pour la première fois depuis longtemps le pouvoir peut être battu. Cela se fait dans une multitude de discussions autour de soi, dans des réunions, des débats, des marches le soir dans les villes et les villages, des tracts et des prises de parole en préparation de la grande journée unitaire du 31 mars prochain. Il est possible d’empêcher ce coup de force.
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