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dimanche 29 janvier 2023

La lettre de Patrick Le Hyaric du 28.01.2023

 


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La Lettre du 28 janvier 2023
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Bonjour à chacune et chacun d’entre vous,

Battre le projet de régression Macron-Borne-Cioti

Le rejet de la contre-réforme des retraites a encore pris de l’ampleur depuis la journée d’action unitaire du jeudi 19 janvier. De plusieurs sources, on sait que dans les palais gouvernementaux on a été surpris par l’importance des mobilisations. On a pris acte, de fait, que la « communication » gouvernementale ne passe pas. Ils ont donc changer de fusil d’épaule. Hier leur contreréforme était « juste et équitable ». Elle est simplement devenue « nécessaire ».

Tout simplement parce qu’en masse nos concitoyens refusent une régression sociale de plus. Ils considèrent le projet du gouvernement et de la droite totalement injuste et inefficace.

Il n’y a que les milieux d’affaires et leur porte-voix, dans les journaux tels Le Figaro et Les Échos, et les chaînes d’informations continues telles C-News et BFM, qui soutiennent ce coup de poignard social. En fait, cela ne fait pas grand monde.

C’est la France qui travaille dur, celle qui trime, celle qui fait tourner le pays, celle qui produit réellement les richesses, qui dit NON avec force à une nouvelle régression sociale, même camouflée derrière le mot « réforme ».

Toutes celles et ceux qui sont descendus dans la rue étaient soutenus par les bien plus nombreux millions de citoyens qui n’ont pas pu faire grève ou manifester.
Toutes celles et ceux, que quelques jours auparavant le président de la République exhortait à refuser « l’irresponsabilité ».

Les ouvriers, les cadres, les habitants des banlieues ou des campagnes, les soignants, les enseignants, les pompiers, les artisans, les policiers qui se retrouvent ensemble refusent une « contre-réforme », injuste et injustifiée au moment même où les détenteurs de hauts revenus financiers battent tous les records, sans cotiser un seul centime aux caisses de protection sociale.

Voilà les authentiques « irresponsables ».Il convient de noter la puissance de la protestation dans les villes sous –préfectures, ainsi que le ralliement des retraités au mouvement.

Depuis des mois, chaque enquête d’opinion montre qu’une large majorité de nos concitoyens refuse ce coup de poignard. Et, les parlementaires macronistes, comme ceux de la droite des « Républicains », devraient se souvenir qu’ils n’ont totalisé que 37% des voix au premier tour des élections législatives et 16% des inscrits. Il semble d’ailleurs qu’ils sentent le vent du boulet passer, puisque de plus de dissensions se font entendre dans leurs rangs.

De nombreux candidats du parti présidentiel ont d’ailleurs été battus parce qu’ils défendaient le recul de l’âge légal de départ en retraite, alors que le président de la République avait reconnu, au soir du 12 avril 2022, qu’il était « pleinement conscient que (son élection) ne vaudra pas soutien du projet (qu’il) porte… ». Il avait ajouté, « et je le respecte. »

Or, aujourd’hui, il ne respecte pas sa parole. Il la renie même. Ainsi, il déclarait en direct, le 25 avril 2019, que « tant qu’on n’a pas réglé le problème du chômage dans notre pays, franchement ça serait assez hypocrite de décaler l’âge légal » de départ à la retraite. Il insistait même : « quand aujourd’hui on est peu qualifié, quand on vit dans une région en difficulté industrielle, quand on est soi-même en difficulté, qu’on a une carrière fracturée, bon courage déjà pour arriver à 62 ans ».

Pourquoi renier à ce point cet argumentaire, sinon pour mieux servir les ogres de la finance.

Pour faire accepter l’inacceptable, quelques ministres seulement sont autorisés à se démener sur les plateaux de télévision pour répéter mensonges et balivernes. « Nous devons convaincre » répète-t-il en cœur. On dirait bien que les trente-cinq autres ministres ne sont pas eux-mêmes convaincus puisque l’Élysée leur interdit de s’exprimer durant les prochaines semaines.

Mais convaincre de quoi au juste ? Le ministre chargé des relations avec le Parlement a admis que les femmes seraient parmi les premières sacrifiées de cette opération.
Sûr qu’il ne sera pas autorisé à l’ouvrir de sitôt dans un média. Le pouvoir est nu. Il n’a aucun argument crédible. Il organise donc une guerre sociale éclair ouvrant la voie à une vie encore plus dure après 60 ans et pousse à la retraite par capitalisation.

C’est ce qui se chuchote timidement dans la presse des milieux d’affaires. C’est le sens de la communication médiatique en début de semaine incitant les travailleurs à souscrire des plans d’épargne retraite, sous les babines alléchées des compagnies de banques-assurances.

L’argument du financement est faux puisque même M. Pierre-Louis Bras, président du Conseil d’orientation des retraites (COR), auditionné il y a quelques jours par une commission parlementaire, a expliqué que « les dépenses de retraite ne dérapent pas, elles sont relativement maîtrisées… Dans la plupart des hypothèses, elles diminuent plutôt à terme. »

Pourquoi alors une telle précipitation ? Le président du Conseil d’orientation des retraites rappelle régulièrement que le choix du gouvernement est lié au « programme de stabilité» qu’il a communiqué à la Commission de Bruxelles. Dans ce document, le pouvoir s’engage à diminuer les dépenses publiques. Ce serait donc pour respecter cet engagement, répondant lui-même aux exigences des traités européens, que le pouvoir engage une épreuve de force contre le peuple et pour complaire aux marchés financiers.

Quand ils disent « réduction dépenses publiques » il faut entendre « coupe sombre dans les dépenses sociales ». Car, de l’argent, ils en trouvent énormément pour exonérer de cotisations sociales une partie du capital. Et surtout de l'argent, ils vont en trouver pour augmenter d’un tiers le budget militaire.

L’argument du refus « du blocage du pays » prépare le terrain d’un coup de force gouvernemental.

Inscrire une contre-réforme d’une telle importance dans un additif au projet rectificatif de financement de la sécurité sociale est une manœuvre inqualifiable dans un pays qui se prétend démocratique.

Elle permet au gouvernement d’utiliser un article méconnu de la Constitution, le 47-1 qui indique que « si le Parlement ne s’est pas prononcé dans un délai de cinquante jours, les dispositions du projet peuvent être mises en œuvre par ordonnance ». De nombreux juristes posent déjà la question de la constitutionnalité d’une telle opération.
Ce poussiéreux article 47-1 est le summum de la caricature de l’autoritarisme de la cinquième République. L’État bourgeois s’est doté des outils pour sécuriser sa classe afin de se débarrasser de la République sociale.

Et l’argument du « blocage » du pays est à contrario la démonstration que ce ne sont pas les tenants du capital qui font fonctionner le pays, mais bien les travailleuses et travailleurs. Ceux-là mêmes que ce capital exploite, domine et aliène. Pourquoi donc leur refuser leur souveraineté sur leur travail et la production. S’ils l’étaient ce n’est pas la retraite à 64 ou 67 ans qui serait en débat, mais le retour à 60 ans et 55 ans pour celles et ceux qui exercent des travaux pénibles avec 37, 5 années de cotisations. Les progrès de la productivité du travail le permettent largement. Au-delà l’enjeu des retraites pose les grandes questions du sens, du contenu, de l’utilité du travail et de ses conditions d’exercice et sa maîtrise par les travailleuses et travailleurs elles et eux-mêmes. Mener campagne comme le fait pouvoir sur le « blocage » n’est pas un signe de force. Il est l’aveu qu’aucun progrès social n’a été obtenu sans une puissante et déterminée mobilisation de masse.

Ici, le mot d’ordre convergeant est simple. Non. Non à la retraite à 64 ans, voire 67 ans pour certaines et certains.

Le bras de fer en cours est bien une preuve de la lutte entre la classe des possédants, des puissances financières et les travailleurs et les générations à venir. Le pouvoir va jouer sur le pourrissement, sur la lassitude, la division. Autant de pièges dans lesquels il ne faut pas tomber. Raison de plus pour amplifier encore les mobilisations. Pour la première fois depuis longtemps le pouvoir peut être battu. Cela se fait dans une multitude de discussions autour de soi, dans des réunions, des débats, des marches le soir dans les villes et les villages, des tracts et des prises de parole en préparation de la grande journée unitaire du 31 mars prochain. Il est possible d’empêcher ce coup de force.
 
 
L’engrenage guerrier

Nous entrons dans une nouvelle période. Il y a eu les livraisons à l’Ukraine de la part de l’OTAN, d’armes dites « défensives ». Puis des systèmes de défense anti-aérienne, puis de l’artillerie tractée, puis des matériels de transport de troupes blindées. Voici que les pays de l’OTAN sous commandement américain passent à la livraison de chars. Sachant qu’il faut au moins 3 à 4 mois pour former les différents corps de métier manœuvrant ces chars de plus en plus sophistiqués, et que la livraison elle-même prendra au moins 6 mois, les calculs des chancelleries et des États-majors sont une guerre qui va durer encore longtemps. C’est aussi sans doute le calcul de l’armée russe et de l’entourage de M. Poutine. Nous ne sommes donc ni dans la désescalade ni dans un processus de recherche d’un cessez-le-feu.

Mieux, après avoir obtenu ces chars Léopard 2 de la part du gouvernement allemand, couverts par une livraison de chars américains (M1 Abrams), voici que le président ukrainien réclame des avions de combat. Pourquoi faire ? Un avion de combat n’est pas une arme « défensive ». L’étape suivante risque d’être la demande de livraisons de missiles à longue portée ? Dans quel but ? Frapper le territoire russe au motif d’obliger le Kremlin à négocier ? C’est folie !

C’est un sur-engrenage aux conséquences immaîtrisables par aucun pays du monde. Malheureusement déjà, les Pays-Bas ont fait savoir qu’ils étaient prêts à franchir le cap. Il existe aux États-Unis dans les sphères du pouvoir et des services une réflexion sur la livraison de missiles de longue portée.

Et, une indiscrétion de l’entourage du pouvoir français me permet de savoir qu’on n'exclut pas la fourniture de bombes à sous-munition interdites par le droit international. Jusqu’où cela ira-t-il ?

Je me permets d’ajouter une réflexion. La livraison des chars est-elle liée à la destruction des chars ukrainiens par l’armée russe ? Dans ce cas, tous les propagandistes de la guerre nous racontent des histoires sur les « difficultés » de l’armée russe qui provoque dans l’est de l’Ukraine une véritable boucherie en reconquérant des positions stratégiques comme le relèvent plusieurs observateurs sérieux, non imbibés de cette propagande crachée à longueur de journée sur les antennes de télévision.

Ce sont les enfants, les femmes, les hommes qui souffrent et qui meurent en Ukraine. Entretenir la guerre revient à faire perdurer ces souffrances et ces destructions. Ce sont toujours les peuples les victimes des guerres, pas les possédants, pas les pouvoirs. De jeunes Russes servent aussi de chair à canon dans une aventure qu’ils n’ont pas réclamée. Ni eux, ni leurs familles. Et le peuple russe est tenu d’une main de fer afin d’étouffer les voix de la paix. Les populations ukrainiennes de l’Est sont prises dans un déluge de fer et de feu avec ses deuils, ses drames, ses viols, ses corps à jamais blessés, ses destructions, pendant que les firmes capitalistes occidentales de la reconstruction, de l’armement, du numérique, de l’agro-alimentaire, de l’énergie, tapies dans l’ombre des malheurs se régalent. Leurs profits explosent au rythme des bombardements russes sur les populations ukrainiennes. Leurs mandataires politiques à Washington, Berlin, Paris ou Bruxelles reconfigurent le capitalisme pour lui donner un nouveau souffle.

Chaque bombe qui explose leur donne ce temps. Il faut en finir avec la guerre. Et pour y parvenir, il faut le dire, l’affirmer, le crier. Les peuples doivent le dire haut et fort.

Demain on leur demandera de nouveaux sacrifices pour payer la guerre comme au Danemark ou le gouvernement envisage déjà de supprimer une journée de congé pour payer les efforts de guerre. Des personnalités d’horizons divers réclament un cessez-le-feu et demandent d‘utiliser tous les moyens pour l’atteindre.

Dans un intéressant article dans Le Figaro, ce mardi 24 janvier, Renaud Girard, spécialiste des questions diplomatiques de ce journal, montre le rôle positif que pourrait jouer la Chine et conclut ainsi son texte : « la médiation chinoise a l’avantage d’offrir au président russe une voie qui lui sauve la face ; faire des concessions pour arranger l’ami médiateur chinois n’aurait rien voir dans le narratif russe, à céder en rase campagne face à l’Ukraine. Pour convaincre la Chine d’agir, la France et l’Allemagne, unies, devraient peser de tout leur poids ».

Voilà une piste à saisir, un acte à tenter en lien avec le secrétaire général de l’ONU bien trop absent à mon goût. Il est urgent, il est impératif pour la civilisation de parler de paix. De porter la paix et la sécurité humaine et environnementale.
 
 
En écho de la Conférence mondiale pour la biodiversité qui s’est tenue il y a quelques semaines à Montréal, la revue La TERRE prend une initiative originale en partenariat avec des jeunes étudiants en Agronomie : Roch et Boniface. Elle publie l’intégralité de leur tour de France en 17 étapes au cours duquel ils ont rencontré maraichers, éleveurs, naturalistes, forestiers, paysans, aquaculteurs, paysagistes, océanographes qui chacune et chacun à leur façon travaillent, produisent en préservant, en améliorant les milieux naturels. Avec ce numéro Hors-série de LA TERRE, il est possible de revivre cette épopée instructive.

On y montre comment on peut protéger la nature tout en l’intégrant à des activités productives. On y montre comment on peut élever des moutons tout en entretenant la nature ; comment on améliore la biodiversité autour de ses cultures afin de les protéger contre les maladies. On y comprend la biodynamie chez les vignerons, ou l’élevage bovin de façon éthique et durable. Bref, on y parle des relations nouvelles à construire entre l’Homme et la nature.

La Terre a demandé à une douzaine de personnalités de donner leur opinion sur ce travail et ces expériences et sur l’importance qu’ils accordent à la préservation de la nature. Ainsi on pourra lire des textes ou des entretiens avec Yann Arthus Bertrand, photographe et réalisateur, Thierry Marx, chef cuisinier, Alain Bougrain-Dubourg président de la Ligue de Protection des Oiseaux, Philippe Mauguin président de l’Institut National de la Recherche Agronomique et Environnemental, et ceux de plusieurs scientifiques du CNRS ou de l’Académie d’Agriculture.

Nous vous proposons de participer sans attendre à la production et à la popularisation de ce Hors-série exceptionnel.
 
 
Je vous souhaite de bonnes discussions et de bonnes mobilisations pour les retraites et la vie des générations futures.

Très amicalement,
Patrick Le Hyaric
 
 
 
 
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